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«French-bashing» ou la francophobie ordinaire de la presse anglo-saxonne

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Les articles sur la « chute de la France » sont devenus monnaie courante dans la presse anglo-saxonne. « Malheureux comme un Français » écrivait par exemple le Daily Telegraph en mars 2013, quelques mois après la Une de The Economist qui représentait la France comme une bombe prête à exploser au « cœur de l’Europe ».

Un an plus tôt, l’hebdomadaire britannique avait détourné le célèbre tableau « Le déjeuner sur l’herbe » de Manet avec les portraits de François Hollande et Nicolas Sarkozy en titrant : « La France dans le déni, L’élection la plus frivole des pays occidentaux ». C’est aujourd’hui au tour du magazine américain Newsweek de se livrer à l’exercice décidément très à la mode du dénigrement de la France plus communément appelé le « France-bashing ».  

« The Fall of France »

Le 3 janvier dernier, la journaliste Janine di Giovanni a publié un article dans le magazine américain sur « l’effondrement de la France » («The Fall of France»). Installée à Paris depuis 10 ans, la journaliste y dénonce la taxe à 75%  de François Hollande, le prix élevé du lait, les couches gratuites, et les prestations sociales.

Ancienne reporter de guerre pour The Times, la journaliste débute son papier en comparant la politique de la France de François Hollande avec celle de Louis XIV qui, en persécutant les Huguenots avec la révocation de l’édit de Nantes, a fait fuir 700 000 Français. « Depuis l’arrivée au pouvoir de François Hollande, en 2012, l’impôt sur le revenu et les contributions sociales ont atteint des sommets. Le taux supérieur s’élève à 75 %, et un grand nombre de gens paient 70 % » écrit-elle, avant d’ajouter : « Ceux qui créent la croissance économique – les chefs d’entreprises, les innovateurs, les penseurs créatifs, et les cadres supérieurs – sont tous en train de quitter la France pour développer leurs talents ailleurs ».

Elle fustige également le manque d’esprit entrepreneurial des Français allant jusqu’à affirmer dans l’article : « Le problème avec le français, c’est qu’il n’existe pas de mot pour ‘entrepreneur’ ».

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Un article truffé d’erreurs et de clichés

Parfaite illustration du « France bashing », l’article de Janine di Giovanni a suscité de vives réactions des internautes, qui dénoncent un article truffé d’erreurs et de clichés: « Ce que The Economist fait avec talent et pertinence Newsweek le fait avec lourdeur et approximation » lance par exemple le journaliste Enguerand Renault sur Twitter.  « Newsweek ou la France vue du 6e arrondissement », titrait également Slate.fr, le 6 janvier dernier.

« Que d’inepties dans cet article consacré à démolir la France », a de son côté estimé Anne Sinclair, la directrice éditoriale du Huffington Post. « Il émane pourtant d’une journaliste réputée, paraît-il, pour la qualité de ses reportages de guerre au Proche-Orient, mais elle a dû confondre Paris et Beyrouth après un réveillon trop imbibé de Dom Pérignon rosé ou de Château Margaux » ajoute-t-elle.

Le blog des « décodeurs du monde » a relevé les « mille et une erreurs » et les approximations de l’article : du prix du demi-litre de lait aux régimes spéciaux de retraite en passant par les couches gratuites, et le nombre de demandeurs d’emploi en France, les auteurs repassent tous les exemples et arguments de la journaliste en revue, estimant que le « nombre incroyable d’erreurs factuelles » enlève « une bonne part de la crédibilité de ce réquisitoire ».

Newsweek continue dans sa lancée

Malgré la déferlante de critiques qu’a suscité l’article sur les réseaux, Newsweek n’a pas hésité à en remettre une couche en publiant un nouvel article, lundi 6 janvier, intitulé « Le déclin de la France : comment la nation du coq est devenue une autruche », dans lequel le journaliste Leah McGrath Goodman estime que l’Hexagone a un problème avec la liberté d’expression, « surtout quand on en vient à parler des réformes économiques » que la Commission européenne exige désormais de la France,  qui « dépeint une nation dans le déni ».

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