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L’Union africaine échoue dans son projet d’intégration régionale

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Le nouveau drapeau de l’Union africaine. (Crédit : Shutterstock)

Les dirigeants de tous les Etats membres de l’Union africaine se retrouvent à Addis Abeba, jeudi 30 janvier, à l’occasion du 22ème sommet de l’organisation. Un sommet qui devra durer deux jours et qui conclue une réunion préliminaire durant laquelle le comité exécutif de l’Union africaine, composé de tous les ministres des Affaires étrangères, a établi un agenda des défis africains pour les cinquante prochaines années.

L’Union africaine nourrit des projets pour les cinquante prochaines années

C’est à horizon 2063 que se projettent aujourd’hui les Africains. L’agenda est ambitieux, tout comme les défis à relever durant ces cinquante prochaines années. A la veille de cette réunion au sommet, RFI s’est procuré le projet de résolution de l’organisation panafricaine et dresse un bilan de ces enjeux.

Le budget alloué au fonctionnement de l’Union africaine est bien entendu une des composantes essentielle de ce document et en 2014, près de 400 millions de dollars seront alloués à l’organisation et à ses missions.

C’est sur l’enjeu de la sécurité alimentaire, thème central de cette année 2014, que les ministres africains des Affaires étrangères se sont particulièrement arrêtés. En effet, selon les engagements pris par les Etats membres, 10% de chaque budget national doit être consacré à l’agriculture.

Enfin, le Conseil de paix de l’Union africaine accueille cette année de nouveaux membres. Ils sont dix : le Burundi, le Tchad, l’Ethiopie, la Tanzanie, la Libye, la Namibie, l’Afrique du Sud, la Gambie, la Guinée et le Niger a rejoindre le cercle tandis que la candidature de l’Angola comme membre non permanent du Conseil de sécurité a été décidée pour l’année 2016.

Des intérêts bien trop différents ?

L’Union africaine grandit et ses projets suivent. Un long chemin a été parcouru depuis 2002, année de sa création à Durban, en Afrique du Sud, en remplacement de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) qui tenait lieu jusqu’ici d’institution principale.

Aujourd’hui, l’Union africaine compte 53 Etats membres, tous réunis autour des objectifs que s’est fixée l’institution, à savoir la promotion de la démocratie, des droits de l’homme et du développement sur tout le continent.

Au-delà de ces ambitions, l’Union africaine est surtout le pivot de l’intégration régionale de tous les pays africains autour d’un projet économique et politique commun. Une mission des plus délicates dans un continent riche de nombreux pays, cultures et traditions différentes. Une mission qui, selon de nombreux observateurs, n’a pour le moment pas donné de résultats concrets.

« Les intérêts des différents pays africains semblent aujourd’hui encore très divergents », estime ainsi Youssef Halaoua pour le think tank Terangaweb. « Le contexte africain rend cette tâche complexe […] En effet, l’Afrique se compose de plus de 50 États ; parmi eux, une vingtaine compte moins de 10 millions d’habitants, et près d’une dizaine moins d’un million. D’un point de vue tout à fait pragmatique, dans un contient où les États ont récemment accédé à leur indépendance, il paraît très compliqué que ces derniers soient prêts à consentir des abandons de souveraineté au profit de l’intégration continentale », explique-t-il encore. « Par ailleurs, le paradoxe de l’Afrique est qu’il s’agit du continent qui compte le plus d’organisations régionales, sous-régionales, commerciales et sectorielles alors que dans le même temps l’intégration continentale en est encore à son stade embryonnaire ».

Une Afrique balkanisée

Une unité régionale difficile à établir sur un continent aussi vaste. Mais pour d’autres observateurs, le problème n’est pas tant à chercher chez les Africains que chez les leaders africains.

Cheikh Tidiane Gadio, ancien ministre sénégalais des Affaires étrangères, a ainsi récemment dénoncé l’incompétence des dirigeants africains à s’unir autour d’un même projet commun. Selon lui, « l’intégration économique précède l’Union africaine » et aujourd’hui, l’Afrique est divisée, du fait même de ses dirigeants.

« La première balkanisation de l’Afrique est venue de la première conférence de Berlin (novembre 1884); la deuxième division est venue des africains eux-mêmes », a ainsi expliqué l’ancien ministre lors d’une conférence.

Critiquant l’agenda voulu par l’Union africaine sur les cinquante prochaines années, ce dernier a déclaré : « Nous voulons l’unité ici et maintenant ». Un projet qui, selon lui, n’est pas partagé et donc impossible à mettre en œuvre.

Et pourtant, a encore rappelé Cheikh Tidiane Gadio, « notre continent dispose du tiers des richesses naturelles du monde ». Des richesses mal exploitées, « parce que nous avons laissé faire », estime-t-il.

Un constat qui fait dire à Youssef Halaoua qu’en dépit « des efforts pour tirer les leçons de ses échecs passés, l’UA ne semble pas aujourd’hui incarner l’Organisation de l’intégration continentale africaine ».

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