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Maroc: case prison pour les violeurs qui épouseront leur victime

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Le parlement marocain a adopté, mercredi 22 janvier, un amendement du code pénal qui ne permet plus à l’auteur d’un viol d’échapper à la prison s’il épouse sa victime. Il aura fallu attendre deux ans après la terrible affaire « Amina Al-Filali » pour que les députés marocains procèdent à la suppression de cette loi controversée.

Suicide d’Amina Al-Filali, mariée de force à son agresseur

Le 10 mars 2012, le suicide de la jeune Amina Al-Filali, contrainte d’épouser l’homme qui l’avait violée, avait suscité une vive émotion au Maroc. L’agresseur de la jeune fille de 16 ans avait pu échapper à la prison en vertu de l’article 475 du code pénal, qui stipulait :

« Quiconque, sans violences, menaces ou fraudes, enlève ou détourne, ou tente d’enlever ou de détourner, un mineur de moins de dix-huit ans, est puni de l’emprisonnement d’un à cinq ans et d’une amende de 200 à 500 dirhams. Lorsqu’une mineure nubile [en âge de se marier] ainsi enlevée ou détournée a épousé son ravisseur, celui-ci ne peut être poursuivi que sur la plainte des personnes ayant qualité pour demander l’annulation du mariage et ne peut être condamné qu’après que cette annulation du mariage a été prononcée ».

Mobilisation pour l’abrogation de la loi

Devant le tollé qu’avait provoqué cette affaire, l’ONG Avaaz avait lancé une pétition en ligne pour réclamer la suppression de l’article 475 du code pénal marocain légalisant  cette pratique : « Il faut que le viol soit puni en tant que crime, et non en tant que préambule au mariage » expliquait le texte. La mobilisation sur les réseaux sociaux était également de taille : « Nous sommes tous Amina Al Filali », dénonçaient par exemple les auteurs d’une pétition mise en ligne sur Facebook.

« Une mesure positive »

Les organisations de défense des droits humains ont salué cette avancée tout en précisant qu’il restait beaucoup de progrès à faire en matière de droit des femmes. « Ce vote est une mesure positive, mais le Maroc doit encore mettre en place une stratégie exhaustive de protection des femmes et des filles de la violence, avec la contribution des groupes de défense des droits des femmes, qui ont été exclus du processus jusqu’à présent » a déclaré Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

Comme le rapporte Le Monde, la ministre de la famille marocaine Bassima Hakkaoui a rappelé que six millions de femmes  étaient victimes de violences, dont 50%  dans le cadre conjugal.

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