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Mode: «Paris n’est plus la seule ville à briller»

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JOL Press : Quel est l’objectif d’une Fashion Week ?
 

Jean-Jacques Picart: Les Semaines de la Mode sont le rassemblement mondial de tous les Professionnels de la mode – Acheteurs de Grands Magasins et de Boutiques multimarques, journalistes et photographes, blogueurs, les représentants des diverses Fédérations et Salons professionnels, les divers experts et spécialistes du secteur sans oublier les acteurs de toute la filière que sont les fabricants de tissus, les industriels.

JOL Press : La haute couture comme le prêt-à-porter contribue-t-elle au rayonnement d’un pays ?
 

Jean-Jacques Picart: La Mode est à la fois une activité commerciale mais aussi une expression culturelle.A ce titre la Mode est le reflet de l’énergie, de la
créativité, et de l’exception (quand elle existe !) d’un pays. Plus la Semaine de la Mode d’un pays est incontournable et plus le rayonnement de ce pays est grand.

JOL Press: Jean-Baptiste Colbert fut le premier à le souligner au XVIIe siècle: « La mode est pour la France ce que les mines d’or du Pérou sont pour l’Espagne ». Paris, haut lieu de l’élégance, est-elle encore la capitale de la mode ? 
 

Jean-Jacques Picart: Paris est encore la Capitale de la Mode mais elle n’est plus la seule ville à briller .Même si Paris détient encore le leadership des Semaines de la Mode on sent bien que l’intérêt pour les Semaines de la Mode à Milan NewYork  et Londres grandit ..Il y a de plus en plus de collections intéressantes à voir dans ces pays ! Et les équipes des différents acteurs de la planète Mode sont de plus en plus  obligés de se partager leur présence à ces Semaines.

JOL Press : De plus en plus de Fashion week se développent dans le monde: à quoi servent-elles ?

Jean-Jacques Picart: Tokyo, Barcelone, Madrid, Rio ont leur Fashion Week. Elles ont pour but de promouvoir la créativité des Createurs et des industriels de
leur pays respectif et de développer l’exportation de leurs collections.

JOL Press : En 2012, Global Language Monitor, organisme américain spécialisé dans l’analyse des médias, a dévoilé, le classement des 55 villes les plus médiatiques dans le secteur de la mode. Londres arrive en première position, suivie de New York, puis Barcelone. Paris ne décroche que la quatrième place. Comment cela s’explique-t-il ?
 

Jean-Jacques Picart: Je suis surpris de ce palmarès qui doit se baser sur des critères différents des miens ( fréquentation, chiffre d’affaires généré ?)… Pour
moi une Fashion Week est intéressante quand pendant une Semaine et presqu’une centaine de défilés, la créativité, l’émotion, la surprise, l’excitation et l’adrénaline sont au rendez-vousŠ.Si on parle de Mode et c’est ce que je fais, les idées nouvelles , les sources d’inspiration fraîches, les envies, le désir de changement (donc de consommation) se doivent d’être fortement ressenties . Et c’est à  Paris qu on peut ressentir tout çà très fortement. Une Fashion Week c’est une sorte de Bal des Vampires où les Professsionnels viennent se ressourcer pour les 6 prochains mois. De ce point de vue là  Paris reste une véritable orgie !

JOL Press: La haute couture française connaît-elle un déclin comme activité économique ? Combien de clientes rassemble-t-elle environ aujourd’hui ?
 

Jean-Jacques Picart: La Haute Couture ,pure et dure, est une activité qui devient de plus en plus difficile à maintenir d’un point de vue commercial car c’est une
activité qui coûte très cher et seules 2 ou 3 très grandes Maisons (Dior, Chanel, Jean Paul Gaultier, Elie Saab) sont encore capable de garantir l’exception de leurs prestations. La Haute Couture est le grand luxe des Maisons de luxe.Le chiffre des clientes de Haute Couture est très variable selon les Maison et les saisons mais on peut estimer à quelques centaines les privilégiées qui achètent de la Haute Couture. Ne pas oublier cependant que la Haute Couture, exception culturelle française ,est une formidable machine à créer du buzz et des articles dans la presse du monde entier ainsi que sur le web.Toute cette médiatisation booste les ventes des produits dérivés que sont les accessoires ,le prêt-à-porter et les parfums. Ce qui est un moyen indirect de rentabiliser l’activité Haute-Couture.

JOL Press : Le film “Yves Saint Laurent” de Jalil Lespert est sorti récemment sur les écrans. Quelle a été son influence dans le monde de la mode ? Portons nous aujourd’hui du « Yves Saint Laurent » sans le savoir ?
 

Jean-Jacques Picart: Yves Saint Laurent a eu une influence quasi politique et mondiale sur l’évolution et l’allure des femmes du monde entier.Pour moi toute femme qui porte un tailleur pantalon avec féminité est une femme Saint laurent.

JOL Press : Quelle est la différence entre la haute couture et prêt à porter ?
 

Jean-Jacques Picart: Cette différence est très simple : une robe de haute-couture a été créée et cousue pour une femme en particulier (la cliente qui a commandé cette robe). Une robe de prêt-à-porter a été conçue et fabriquée pour un maximum de femmes partageant le même goût et les même critères en matière d’habillement. On peut aussi rajouter qu’une robe de Haute-Couture est cousue à la main et une robe de prêt-à-porter est fabriquée par des
machines industrielles.

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