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Obamacare: l’accueil mitigé de la réforme de l’assurance maladie

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Entre soulagement et crainte d’une ingérence de l’État fédéral dans la vie privée, c’est un accueil en demi-teinte qui attendait la réforme chère à Barack Obama, entrée en vigueur ce 1er janvier après des mois de batailles politiques et de dysfonctionnements.

Un nombre de souscriptions difficile à atteindre

C’était l’une des plus importantes réformes de l’ère Obama. La « loi sur les soins abordables », ou « Obamacare », destinée à fournir une couverture maladie aux près de 50 millions d’Américains qui en étaient privés, est pleinement entrée en vigueur mercredi.

De nouvelles dispositions ont été adoptées comme l’obligation, pour les assureurs, de ne plus faire varier les primes d’assurance en fonction des antécédents médicaux ou du sexe des patients. Les soins préventifs – comme le dépistage du diabète ou du cancer, la contraception ou encore les vaccins – devront par ailleurs être entièrement remboursés.

Selon le gouvernement américain, plus de deux millions de personnes ont déjà souscrit à une couverture santé dans le cadre de cette réforme depuis le 1er octobre 2013. Un résultat encore loin des 3,3 millions de souscriptions attendues à ce jour par le gouvernement, qui s’est fixé un objectif de 7 millions de personnes inscrites d’ici au début du printemps. Objectif qui, selon les observateurs, sera difficile à atteindre, bien qu’envisageable.

Des débuts laborieux

Votée en 2010, l’Obamacare a connu de multiples rebondissements et a fait l’objet d’importantes batailles politiques. Réforme phare des démocrates, elle a été qualifiée de « fiasco » par les républicains, qui ont pointé du doigt le coût exorbitant de la réforme – environ 900 milliards de dollars sur dix ans – et les divers dysfonctionnements ayant entouré la mise en place de la loi.

En octobre, le lancement de l’Obamacare a en effet connu des débuts laborieux. Suite à des problèmes techniques et de gestion, le site internet de la réforme du système de santé, géré par le gouvernement dans 36 des 50 États américains, ne permettait toujours pas aux Américains de souscrire à une assurance près de trois semaines après son lancement.

Souscription obligatoire : une ingérence de l’État ?

L’un des points de discorde sur la réforme du système de santé est le caractère obligatoire de la loi. « Ce qui déplaît le plus aux républicains, c’est qu’on a obligé les Américains à s’assurer », explique Thomas Snégaroff, historien spécialiste des États-Unis, dans un entretien accordé à RFI. « Il y a quand même beaucoup d’Américains qui ne s’assuraient pas parce qu’ils ne voulaient pas le faire, pas uniquement parce qu’ils ne pouvaient pas le faire », précise-t-il.

« Là, tout le monde va être obligé de le faire. Si vous le ne le faites pas, vous avez une sanction pécuniaire [95 dollars en 2014, puis jusqu’à 695 dollars en 2016]. C’est vraiment ça le cœur du problème politique qu’a posé cette réforme, c’est la liberté, le choix individuel de s’assurer ou pas ».

Le gouvernement estime quant à lui que la souscription obligatoire permet que les primes payées par les personnes en bonne santé compensent les surcoûts liés aux assurés en mauvaise santé, et qui coûtent donc plus cher.

« L’Obamacare que nous méritons »

Dans une tribune publiée sur le New York Times intitulée « L’Obamacare que nous méritons », le célèbre producteur de documentaires Michael Moore, pourtant pro-parti démocrate, a pour sa part qualifié d’« horrible » la réforme de l’assurance maladie.

« Ce que nous appelons maintenant Obamacare a été conçu à la « Heritage Foundation », un think tank conservateur, né dans le Massachusetts par Mitt Romney, le gouverneur [et ancien candidat conservateur à la présidentielle en 2012] », écrit Michael Moore. Selon lui, Barack Obama s’est inspiré du « Romneycare, un programme conçu pour maintenir l’industrie de l’assurance privée intacte, et a juste amélioré certaines de ses dispositions ».

Même s’il reconnaît que l’entrée en vigueur de l’Obamacare est « mieux que rien », il appelle les Américains à se battre « pour ce qu’ils méritent : une couverture de santé universelle », c’est-à-dire pour tous les résidents aux États-Unis, un système qui devrait entrer en vigueur dans lÉtat du Vermont en 2017 et qui, selon le producteur américain, devrait servir dexemple à suivre.

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