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Présidence de l’Union européenne: ce qui attend la Grèce

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Mercredi 1er janvier, la Grèce a repris les rênes de la présidence de l’Union européenne, succédant à la Lituanie. Pendant six mois, les pays membres de l’UE auront le regard tourné vers le pays qui souffre encore de la crise, malgré des perspectives économiques plutôt encourageantes.

« Un sens des responsabilités »

Dans un communiqué, le ministre des Affaires étrangères, Evangelos Venizelos, a déclaré que la Grèce prenait la présidence du Conseil de l’Union européenne « avec un fort sens de ses responsabilités envers ses partenaires européens et tous les citoyens européens ».

Il a ainsi rappelé que « les six prochains mois seront une étape importante non seulement pour la Grèce, sortant d’une crise supportée par le peuple grec à travers des sacrifices difficiles, mais aussi pour l’Union dans son ensemble en vue des élections européennes du mois de mai ».

Une présidence « très spartiate »

La présidence s’annonce « très spartiate », selon les dires du vice-ministre grec des Affaires étrangères, Dimitris Kourkoulas, qui a précisé que la Grèce serait raisonnable en matière de dépenses allouées aux événements liés à la présidence de l’UE.

Environ 50 millions d’euros seront ainsi déboursés pour l’organisation des réunions ministérielles et secondaires prévues pendant les six prochains mois.

À titre de comparaison, la France avait, en 2008, dépensé 170 millions d’euros pour accueillir ses invités européens pendant le semestre passé à la tête de la présidence européenne.

Priorités et échéances

La présidence européenne prendra effet le 8 janvier, lors de la première réunion qui se tiendra à Athènes, la capitale grecque, en présence des 28 commissaires européens. Quatorze réunions ministérielles sont prévues pour ce semestre.

Le Premier ministre grec, Antonis Samaras, ira ensuite à Strasbourg où siègent le Conseil de l’Europe et le Parlement européen, le 16 janvier. Il présentera devant les députés européens les grandes priorités de la présidence grecque, à savoir le retour de la croissance et de l’emploi, l’application de l’Union bancaire, et la mise en place d’une nouvelle politique migratoire et maritime.

Le semestre passé à la tête de l’Union européenne connaîtra un dernier temps fort : la tenue des élections européennes, du 22 au 25 mai, qui pourraient se solder par la montée en puissance des eurosceptiques aux quatre coins du continent européen.

Le bout du tunnel est encore loin

En récession depuis six ans, la Grèce est sous assistance financière depuis 2010, et a déjà obtenu une aide européenne de 240 milliards d’euros. Les plans de rigueur et les restrictions budgétaires imposés par la troïka – formée par le Fonds monétaire international (FMI), la Banque centrale européenne (BCE) et l’Union européenne (UE) – ont permis à la Grèce de remonter la pente, même si le pays souffre toujours de l’importance de sa dette publique qui atteignait, fin 2013, 322 milliards d’euros.

Malgré tout, la Grèce pourrait dégager dans les mois qui viennent un excédent primaire, c’est-à-dire un excédent budgétaire, et devrait pouvoir couvrir ses dépenses courantes pour l’année qui arrive.

Les restrictions imposées par les créanciers de la Grèce pèsent cependant très lourd dans le porte-monnaie des Grecs, qui souffrent encore dun taux de chômage de plus de 27% et qui ont vu passer leur salaire minimum de 700 à 480 euros depuis le début de la crise. Le bout du tunnel est encore loin.

Une présidence symbolique ?

Quant à savoir si la présidence l’Union européenne changera quelque chose pour la Grèce, rien n’est moins sûr. Pour Alexia Kefalas, correspondante en Grèce pour de nombreux médias, « une présidence de l’Union européenne ne change jamais grand-chose », confiait-elle à JOL Press en décembre.

« Ce qui peut changer, par contre, c’est le climat politique, notamment si le gouvernement tombe parce que la Grèce risque d’avoir des élections législatives anticipées pendant la présidence européenne », ajoutait-elle.

« C’est aussi assez symbolique de voir le deuxième pays le plus pauvre de l’Union européenne prendre en main la présidence », poursuivait-elle, s’interrogeant sur la capacité du Premier ministre, Antonis Samaras, « qui a pourtant fait preuve de beaucoup de volonté », à « tenir tête à l’Allemagne » pendant ces six prochains mois.

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