Site icon La Revue Internationale

Quel a été le rôle diplomatique de la papauté dans l’histoire récente?

[image:1,l] Timbre du voyage de Jean-Paul II en Tanzanie (Crédit : Shutterstock).

L’action internationale du Saint Siège est originale, car elle s’estime dégagée non seulement des intérêts d’un Etat, mais aussi de ceux d’une religion particulière, estime le Quai d’Orsay. Elle représente la dignité de l’homme, valeur transcendante dont le respect est la norme fondamentale. Cette mission justifie, aux yeux du Saint Siège sa reconnaissance comme autorité morale souveraine indépendante des Etats, et donc le statut international singulier qui est le sien.

La diplomatie vaticane, qui utilise le français, est également originale par les instruments qu’elle met en œuvre : un appareil proprement diplomatique réduit (40 personnes à la deuxième section de la Secrétairerie d’Etat) mais qui dispose, à travers les évêques (4500 dans le monde) les églises et communautés locales, les congrégations religieuses ou à travers les ONG catholiques (Caritas) de relais d’information et d’action sans équivalent. Retour sur quelques exemples où la papauté a joué un rôle diplomatique majeur.

Jean-Paul II et la chute du mur

Selon Christophe Dickès, spécialiste de diplomatie pontificale, « le grand acte diplomatique du XXe siècle est sans nul doute l’intervention de Jean-Paul II dans la chute du mur de Berlin. Déjà l’élection d’un pape polonais constituait une sorte de signal ». Le pape Jean-Paul II se rendra, en effet, en Pologne très tôt, 1979, puis de nouveau en 1983 et en 1987. La ferveur populaire qu’il suscitait lors de ses visites et son soutien au syndicat Solidarnosc de Lech Walesa ont joué un rôle capital dans la chute du pouvoir communiste en Pologne (1989), qui sera le point de départ de la chute du bloc de l’est. « Rien de ce qui s’est passé en Europe de l’Est n’aurait été possible sans la présence de ce pape », dira Mikhaïl Gorbatchev.

Jean-Paul II dans le conflit du Beagle

Dans le conflit entre l’Argentine et le Chili à propos des îles Lennox, Nueva et Picton, qui faillit provoquer une guerre entre les deux pays en 1978, le pape Jean-Paul II avait avant cela joué le rôle du médiateur entre les deux pays. Le pape a en effet appelé, via les médias, à une médiation entre les deux pays, laquelle est acceptée par l’Argentine. Le conflit sera finalement réglé par le « traité de Paix et d’Armistice », signé le 29 novembre 1984 au Vatican.

Jean XXIII et la crise de Cuba

« Jean XXIII, qui va être canonisé en même temps que Jean-Paul II, a lui aussi joué un rôle majeur entre le Président John F. Kennedy et le Premier ministre Nikita Khrouchtchev pour éviter l’affrontement nucléaire », précise Christophe Dickès, auteur du Dictionnaire du Vatican et du Saint-Siège (Robert Laffont). Alors qu’en 1962, la crise des missiles de Cuba fait craindre une guerre nucléaire, le 25 octobre, le pape Jean XXIII exprime sa préoccupation pour la paix sur les ondes de Radio Vatican et souligne la responsabilité des dirigeants du monde à éviter une guerre qui aurait des conséquences désastreuses. Le lendemain, la Pravda reproduit l’appel à la paix lancé par Jean XXIII et Kroutchev accepte de retirer les missiles soviétiques de Cuba.

François au sujet des Malouines

Lors d’un entretien, en mars 2013, au Vatican avec le pape François, la présidente argentine, Cristina Kirchner, a demandé l’intervention de son compatriote dans le conflit qui oppose leur pays et la Grande-Bretagne au sujet des îles Malouines. Ces îles, situées à 400 km des côtes argentines et à 12 700 km de Londres, sont sous contrôle britannique depuis 1933, mais Buenos Aires les revendique toujours. En 1982, une guerre avait opposé les deux pays pendant 74 jours, faisant quelque 900 morts. Mais le pape n’est pas intervenu.

Quitter la version mobile