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Roumains et Bulgares sont désormais libres de travailler dans l’UE

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Le 9 décembre, le vice-président du Front national, Florian Philippot, déclarait au micro de France Info que « dans moins de trois semaines », l’Europe allait « ouvrir totalement les frontières avec la Roumanie et la Bulgarie où sont encore 10 à 12 millions de Roms » – il y a en réalité 2,5 millions de Roms en Roumanie et entre 700 000 et 800 000 en Bulgarie, le chiffre de 12 millions s’appliquant au continent européen tout entier.

En septembre dernier, c’était Marine Le Pen qui agitait le chiffon rouge, déclarant qu’« à partir du 1er janvier prochain […], les Roms seront chez eux en France avec l’ouverture totale des frontières avec la Roumanie et la Bulgarie. Ils deviendront inexpulsables. Ces pompes aspirantes marcheront alors à plein régime avec des conséquences inédites ».

Pas encore d’intégration dans l’espace Schengen

Si la levée de certaines restrictions au 1er janvier 2014, sept ans après l’entrée de la Roumanie et de la Bulgarie dans l’Union européenne, permet aux ressortissants de ces deux pays de travailler désormais librement dans les pays membres de l’UE, ils étaient cependant déjà libres de circuler dans l’UE depuis leur adhésion.

Pour autant, cette levée des barrières concernant le marché du travail ne signifie pas une intégration de ces deux pays dans l’espace Schengen, dont le processus est encore loin d’aboutir. L’espace Schengen, qui permet la libre circulation des marchandises et des services, est encore fermé à la Roumanie et à la Bulgarie.

Il appartient en effet aux 26 pays membres de l’espace Schengen de donner leur accord à l’unanimité pour intégrer un nouvel État, s’ils considèrent que toutes les conditions préalables sont bien remplies.

Or, en mars dernier, on apprenait que les États membres de l’UE avaient de nouveau refusé l’accession des deux pays à cet espace de libre circulation. En cause : des problèmes de corruption de leurs institutions et surtout une incapacité à contrôler scrupuleusement les flux migratoires, malgré d’importants moyens consacrés mis en place pour remédier à ces phénomènes.

Levée de boucliers

L’annonce de la suppression des restrictions dites « transitoires » appliquées depuis l’adhésion des deux pays à l’Union européenne a cependant provoqué une levée de boucliers dans les pays européens, notamment au sein des partis d’extrême droite ou anti-européens.

Si la Commission européenne a rappelé en novembre dernier que « les personnes non actives venant d’autres États membres représentent une très faible part des bénéficiaires » d’indemnités sociales et que « l’incidence de ces demandes de prestations sur les budgets sociaux nationaux est insignifiante », les salariés roumains et bulgares ont été montrés du doigt.

Au Royaume-Uni, le parti anti-européen UKIP a notamment fait part de ses craintes de voir la progression d’un « tourisme social » qui permettrait aux ressortissants étrangers de profiter de l’État-Providence britannique. En Allemagne, l’ouverture du marché du travail aux Roumains et aux Bulgares inquiète les conservateurs bavarois (le CSU, l’Union chrétienne sociale) qui veut freiner l’immigration en provenance de ces pays, dont les ressortissants viendraient pour toucher des prestations sociales.

Des évolutions qualitatives plus que quantitatives

Selon Pascal Delwit, politologue à l’Université libre de Bruxelles, interrogé par Euronews, l’ouverture du marché du travail à la Roumanie et à la Bulgarie ne devrait cependant pas changer grand-chose de manière quantitative.

« En revanche, qualitativement, il peut y avoir un certain nombre d‘évolutions : d’abord, le retour de Roumains ou de Bulgares dans des espaces où ils étaient beaucoup moins présents – on songe par exemple à une partie de la communauté roumaine en Espagne », explique le politologue.

Plus généralement, cette ouverture du marché du travail offrira « la possibilité pour les Bulgares et les Roumains ayant un fort capital scolaire de s’installer plus facilement dans les États où il y avait encore des restrictions », ajoute M. Delwit, « et enfin, la réduction des situations de marché noir, car les Roumains et les Bulgares travaillaient parfois au noir dans les États où ces restrictions existaient ».

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