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Amal El-Haj, une femme à la tête du gouvernement en Libye?

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Le 5 novembre dernier, les habitants de Tripoli célèbrent la chute du régime de Khadafi. (Crédit : Shutterstock)

Activiste politique, Amal El-Haj a lancé son nom au Congrès général libyen et a proposé, le 9 janvier dernier et à la surprise générale, sa candidature au poste de Premier ministre pour succéder à Ali Zeidan. Alors que les électeurs libyen étaient appelés à voter, jeudi 20 février, les 60 membres de leur Assemblée constituante, Amal El-Haj a voulu montrer que malgré le peu de places réservées aux femmes sur la scène politique libyenne, celles-ci étaient néanmoins volontaires.

De l’ambition et de l’espoir

La démarche d’Amal El-Haj n’est pas simple. En effet, le Congrès général libyen a décidé de ne pas accepter les candidatures qui ne seraient pas soutenues par un parti politique. Une manière détournée de classer l’affaire sans suite. D’avance le Congrès pouvait se douter qu’aucune formation politique n’accepterait de prendre une femme comme chef de file.

Pourtant, Amal El-Haj a décidé de ne pas abandonner et depuis, une pétition circule pour recueillir un maximum de signatures en faveur du maintien de la candidature de la seule femme partante pour devenir Premier ministre.

Bien que ses chances soient quasiment nulles, Amal El-Haj a de l’ambition en politique. « Ma politique ce sera ‘l’espoir après la douleur’ », déclarait-elle récemment au Libya Herald. Son prénom, « Amal », signifie en effet « espoir ». Dans cette ligne, elle a fait de la sécurité un des enjeux principaux de son programme au pouvoir.

Cette question est en effet au cœur de toutes les préoccupations en Libye depuis la fin de la révolution. Mais si elle était choisie pour diriger le gouvernement, Amal El-Haj a également affirmé vouloir se pencher plus sérieusement sur les questions économiques et de citoyenneté.

S’imaginant déjà au pouvoir, Amal El-Haj n’a pas exclu de s’entourer de personnalités déjà présentes au gouvernement. « Il y a des hommes et des femmes de grande qualité dans le gouvernement actuel », a-t-elle déclaré. « Je n’exclus pas la possibilité de m’en entourer dans mon administration ».

Libyens et Libyennes la soutiennent

« J’ai la détermination, l’ambition et la capacité, avec le soutien du Congrès général libyen, de travailler efficacement », exprimait cette candidate de 45 ans, alors qu’elle venait d’annoncer sa candidature.

Pour cette grande admiratrice de Margaret Thatcher, d’Indira Gandhi et de Saïda Aïcha, l’épouse du prophète Mahomet, tous les espoirs sont permis et c’est d’ailleurs le Premier ministre en place qui lui a insufflé la volonté de se présenter devant la nation. « La principale raison pour laquelle j’ai annoncé ma candidature, a-t-elle ainsi expliqué au Libya Herald, est que le Premier ministre a affirmé que si quelqu’un se sentait appelé et qualifié, il ou elle, pourrait tout à fait soumettre sa candidature au Congrès ».

La nouvelle de sa candidature a bien entendu soulevé de nombreux commentaires sur les réseaux sociaux. De sa propre déclaration, Amal Al-Taher El-Haj aurait reçu de nombreux messages de soutien, en provenance de femmes mais surtout d’hommes.

Alors qu’elle n’avait pas encore commencé à imaginer son équipe de campagne, cette candidate atypique recevait déjà de nombreuses candidatures spontanées et volontaires pour l’entourer.

De nombreux projets en tête

Ses chances de succès sont bien entendu infimes. Mais finalement, le combat de cette femme va bien plus loin que cette simple candidature. « J’ai au moins brisé un mur. J’ai montré aux Libyennes qu’elles pouvaient convoiter les plus hauts postes, qu’elles devaient essayer ! », a-t-elle ainsi déclaré, selon des propos rapportés par TV5 Monde.

« Indira Gandhi s’est présentée à la première élection en Inde et a perdu. Elle a gagné la seconde fois. Je trouve toujours un chemin par lequel je peux passer. Je n’abandonne pas parce que c’est fermé. Non, c’est fermé, donc trouvons un autre moyen », a-t-elle encore déclaré.

Outre sa candidature au poste de Premier ministre, cette ancienne professionnelle des ressources humaines s’occupe également d’un centre éducatif pour enfants. Après l’élection du Congrès général libyen, en 2012, elle a également participé au dialogue national pour la réconciliation entre Libyens et travaille en parallèle à la défense du droit des femmes.

Fin 2013, elle a également entamé un combat pour instaurer un système de quotas à l’Assemblée constituante. « On demandait 35% de représentation féminine. Finalement, on en a eu 10%. C’est déjà ça, puisqu’au départ il n’y avait pas de quota. Mais lorsqu’ils l’ont annoncé, j’ai pleuré ! On avait tellement travaillé », n’hésite-t-elle pas à avouer.

Désormais, Amal El-Haj compte se concentrer sur un nouveau projet, celui de la création d’un conseil des femmes qui viserait à la défense de la condition féminine. Dans la tête de cette ambitieuse, ce conseil pourrait même à terme devenir un ministère. « Je travaille énormément sur ce projet. D’ailleurs, j’y ai passé toute la nuit dernière. Mon chat, Harley, me prend pour une folle. Je me couche et puis j’ai une nouvelle idée, alors je me lève pour l’écrire », expliquait-elle, le 6 février dernier, à TV5 Monde.

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