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Argentine: quand YouTube sert à licencier des hauts fonctionnaires

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Alors que la devise argentine dégringole, faisant craindre un retour de la crise, douze ans après la grave crise économique et sociale survenue entre 1998 et 2002 en Argentine, tous les moyens semblent bons pour annoncer le licenciement massif de 170 fonctionnaires…

50% des fonctionnaires licenciés

Alberto Weretilneck, gouverneur de la province de Rio Negro, a ainsi choisi d’annoncer, sur le site de partage de vidéos YouTube, qu’il réduirait de 50% le nombre de fonctionnaires provinciaux. Et que ceux qui continueront dans leurs fonctions verraient leur salaire réduit de 15%.

Dans cette vidéo de six minutes postée mardi 28 janvier au soir sur YouTube, le gouverneur de cette région située en Patagonie explique, avec beaucoup de sérieux, assis à son bureau, que des mesures d’austérité sont nécessaires pour faire face à l’érosion des comptes publics et que la moitié des 340 fonctionnaires seront donc licenciés. La vidéo, vue plus de 35 000 fois sur YouTube a suscité une vive polémique dans le pays.

Le gouverneur avait « préparé » le terrain sur Facebook

Le gouverneur avait pourtant pris « soin » de préparer les fonctionnaires à cette mauvaise nouvelle en publiant sur Facebook une photo de lui en plein enregistrement de la vidéo, indiquant que « les mesures [qu’il communiquerait] quelques minutes avant midi répondent à un processus de réduction des coûts et du système des comptes provinciaux ».

Interrogé par Le Parisien, Me Gilles Bonlarron, avocat en droit du travail, commente ce licenciement : « Que des employés entendent parler de leur licenciement sur YouTube, c’est possible. Mais pas qu’il leur soit ainsi signifié. Le droit français de la rupture du contrat de travail à durée indéterminé par l’employeur est caractérisé par un formalisme extrême […] La seule information via YouTube serait considérée comme illégale, de surcroît vexatoire et de nature à causer un préjudice moral particulier indemnisable ».

Démissionner sur YouTube, c’est possible

Un salarié, par contre, peut démissionner en publiant une vidéo sur YouTube. Marina Shifrin, une productrice vidéo à Taipei (Taïwan), avait fait le buzz en 2013 en publiant une vidéo de démission où on la voit danser dans son bureau à 4 heures du matin sur une chanson de Kanye West, expliquant que pendant deux ans, elle a « sacrifié ses relations, son temps et son énergie à son travail ».

« Et tout ce qui importe à mon patron, c’est la quantité de vidéos et le nombre de vues. Donc je me suis dit que j’allais faire moi-même une vidéo, en me concentrant sur le contenu… Et aussi pour annoncer à mon patron que je démissionne ». Message reçu pour cette vidéo qui a été vue pas moins de 17 millions de fois.

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