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Chômage et misère: un vent de colère souffle sur la Bosnie

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À Tuzla, ville industrielle du nord-est de la Bosnie-Herzégovine, dont la population est touchée à plus de 30% par le chômage, une manifestation de chômeurs a entraîné mercredi 5 février une vague de protestation dans tout le pays.

Contre la corruption

Jeudi, en soutien aux chômeurs de Tuzla qui entamaient leur second jour de protestation, quelques milliers de personnes sont descendues dans les rues des principales villes du pays : à Sarajevo, la capitale, à Zenica, Bihac ou encore Prijedor.

Les manifestants, qui protestent contre la misère sociale et l’économie gangrenée par la corruption, appellent également à la démission du gouvernement bosnien, accusé d’être corrompu et incapable de redresser l’économie du pays.

44% de chômeurs

Selon les chiffres officiels, le chômage touche près de 44% de la population active en Bosnie. Un chiffre vu un peu à la baisse par la Banque centrale qui estime de son côté que 27,5% de personnes sont véritablement au chômage en Bosnie : beaucoup de Bosniens sont en effet employés au noir. Mais avec un salaire mensuel moyen de 420 euros, la Bosnie, qui compte 3,8 millions d’habitants, est l’un des pays les plus pauvres d’Europe. Un habitant sur cinq vivrait en-dessous du seuil de pauvreté selon les statistiques officielles.

« Que les gens de toutes les villes, de tous les cantons se lèvent et se battent pour leurs droits, il est temps de dire à ce gouvernement corrompu que ça suffit », a déclaré jeudi aux médias bosniens Aldin Širanović, l’un des organisateurs des manifestations, tout en appelant les protestataires au calme, rapporte Le Courrier des Balkans. Mais à Tuzla, les protestataires s’en sont pris aux bâtiments du pouvoir cantonal, brûlant des drapeaux, et 130 personnes ont été blessées après de violents affrontements avec les forces de l’ordre.

La situation dégénère

Après trois jours consécutifs de manifestations – vendredi, des écoles et universités avaient fermé leurs portes par crainte des débordements  la situation pourrait encore dégénérer. Heurts avec la police, jets de pierres et cocktails Molotov… La violence des manifestations qui frappe cette ancienne république yougoslave est une première depuis la fin de la guerre de 1992-1995.

Vendredi, des manifestants sont entrés de force au siège du gouvernement cantonal à Tuzla, pillant les locaux. A Sarajevo, le siège de la présidence a été incendié.

Les récentes fermetures d’usines en faillite et la crainte de nouveaux plans de licenciements ont jeté de l’huile sur le feu, poussant la population à descendre dans les rues devant l’incapacité des usines à verser les salaires. Dans les médias nationaux, on parle déjà de « Printemps bosnien ».

2014, une année décisive pour l’avenir du pays ?

Accusé de corruption et de possession illégale d’armes l’année dernière, le président de la Fédération de Bosnie-Herzégovine, Živko Budimir, a été arrêté en avril 2013 puis libéré un mois plus tard. Selon le ministère français des Affaires étrangères, son cas est toujours en cours d’examen. Mais dans l’attente, il continue d’exercer ses fonctions. La crise politique et économique, qui dure depuis 2010, « prend une tournure telle qu’elle pourrait se prolonger », note le ministère.

A la grogne sociale pourrait s’ajouter une nouvelle instabilité politique cette année : « l’année 2014 s’annonce cruciale pour l’avenir de la Bosnie-Herzégovine. En octobre, plus de 3 millions de citoyens seront appelés aux urnes pour renouveler le Parlement. Après les résultats de 2010 qui avaient conduit à la plus grave crise politique de la jeune histoire du pays, le scrutin s’annonce à nouveau très indécis, et un nouveau blocage fort probable », ajoute de son côté Le Courrier des Balkans.

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