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Comment vont voter les villes touchées fortement par la désindustrialisation?

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Les fermetures d’usines font-elles le lit de l’opposition, du Front national ou de l’abstention ? Si Marine Le Pen espère fédérer autour d’elle, rien n’indique que le vote FN soit plébiscité dans les villes fortement touchées par la désindustrialisation. « Une partie des ouvriers risque de partir vers l’abstention, une autre vers l’extrême gauche, et une très grosse partie va nous rejoindre », car « le vote FN ne dérange plus, hormis quelques permanences syndicales sectaires », a estimé Fabien Engelmann, ancien délégué CGT et candidat du Front national Hayange (Moselle).

Et d’ajouter : « Il y a une telle déception ici. Sarkozy n’a pas tenu ses promesses à Gandrange. Et maintenant Hollande n’a pas tenu les siennes à Florange, et fait une politique ultralibérale comme la droite ». Cette théorie va-t-elle s’appliquer dans les villes les plus touchées par les fermetures d’usines ? A Gandrange par exemple, le FN a obtenu 28,2% des suffrages à l’élection présidentielle de 2012, soit 3,4 points de plus que sur l’ensemble de la Moselle et 12 de plus qu’en 2007.

Une dizaine de listes FN en Moselle

Le FN s’apprête à présenter une dizaine de listes en Moselle. Mais s’il débarque en Lorraine c’est « pour se nourrir du malheur, on est dans la démagogie du parti d’extrême », selon le député-maire PS de Forbach, Laurent Kalinowski, qui brigue un deuxième mandat. « C’est aujourd’hui un vrai problème », reconnaît-il. Sa ville est, en effet, convoitée par le très médiatique Florian Philippot.

Et ce n’est pas un hasard, si le FN a choisi cette région pour taper un grand coup : en Lorraine, plus de 50 000 emplois industriels ont été détruits entre 2000 et 2011, soit 28% du total des emplois du secteur dans la région. Ce qui n’empêche pas le PS de rester confiant : « Franchement, je ne pense pas que la fermeture des hauts-fourneaux et de la filière liquide du site d’ArcelorMittal joue en ma défaveur, même si une élection n’est jamais gagnée d’avance », a estimé le maire socialiste sortant de Florange, Philippe Tarillon, qui sait que le FN ne sera pas présent dans sa ville.

Bataille à Aulnay-sous-Bois

Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), a été confrontée à la fermeture de l’usine PSA Peugeot-Citroën, qui comptait 3000 salariés en juillet 2012. Dans une ville de 80 000 habitants une fermeture de cette ampleur ne peut laisser personne indifférent. Candidat à sa réélection, Gérard Ségura, le maire PS, a soutenu jusqu’au bout la résistance des salariés contre la direction de PSA. Mais la fermeture de l’usine a été vécue pour de nombreux salariés comme une trahison du maire et de l’Etat. Vont-ils le lui faire payer ?

Amiens : Goodyear au cœur des préoccupations

Le sort des salariés de l’usine Goodyear d’Amiens-Nord est là encore l’un des enjeux des municipales avec la question du reclassement, de l’accompagnement des salariés et de leurs familles, sans parler de la reconversion d’une partie du site et son financement. Un protocole d’accord entre les salariés de Goodyear et la direction de l’usine d’Amiens nord a été signé début janvier mais pour Thierry Bonté, le candidat socialiste à la mairie d’Amiens, « il ne faut pas afficher de satisfaction par rapport à un accord qui consiste à supprimer des centaines d’emplois. »

Cette ville pourrait même basculer à droite : l’UMP et l’UDI seront unis pour faire barrage au maire sortant PS, Gilles Demailly, vainqueur en 2008 de cette ville qui votait au centre depuis 1989.

Poissy : l’avenir de PSA dans le viseur

La gauche pourrait perdre aussi Poissy (Yvelines), dirigée par le PS depuis 2008. La politique industrielle du gouvernement alimente les débats et les ouvriers et l’entreprise PSA Peugeot Citroën sont en attendent de propositions fortes pour sauver leur usine. Fin janvier, la nouvelle de la suppression de 684 postes sur le site local de PSA n’était pas passée inaperçue. A Poissy, l’entreprise emploie 6 000 salariés à la production, 10 000 avec le pôle tertiaire. Ils étaient 27 000 en 1977.

« Les salariés de PSA ne représentent pas plus de 3 % des actifs qui vivent à Poissy », se rassure le maire socialiste sortant, Frédérik Bernard. « Si l’entreprise s’en va, la ville récupère du foncier et j’ai des contacts avec des grands groupes prêts à venir s’installer ». Pas sûr que ce discours plaise aux ouvriers et l’entreprise PSA Peugeot Citroën.

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