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Dans les pas des reporters qui ont couvert les Printemps arabes

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JOL Press : Comment avez-vous eu l’idée de faire un documentaire sur les reporters ?

 

Amine Boukhris : J’étais cameraman en freelance pour des agences de presse. L’envie de réaliser ce film m’est venue à la mort du photojournaliste Lucas Dolega, le 17 janvier 2011 à Tunis, alors qu’il couvrait la « Révolution du Jasmin ».  J’ai croisé Lucas Dolega à l’Hotel Africa, à Tunis le 13 janvier avant le départ de Ben Ali. Nous avons travaillé ensemble, pendant la révolution comme avec la majorité de mes amis, fraîchement diplômés en cinéma. Nous étions parmi les manifestants, et nous nous sommes attelés à filmer la réalité des évènements. Ensuite, tout s’est enchainé: après la Tunisie, je me suis rendu en Égypte, en Libye, à la frontière entre la Turquie et la Syrie, puis en Syrie pour suivre le travail des reporters.

JOL Press : Qu’est-ce qui vous a frappé dans vos rencontres avec les journalistes ?

 

Amine Boukhris :  Je me suis intéressé à la dimension humaine dans le travail du reporter. Les cinq reporters que je filme ont tous une manière différente d’appréhender leur métier. Le reporter palestinien veut par exemple changer de métier : troquer le film de guerre pour les reportages de mode, contrairement à Ahmed Bahhadou, qui dit dans le film : « Même si je perds un jour mes deux jambes, mes deux bras, je continuerais à faire mon métier : ce n’est pas une balle qui me tue, mais de perdre mon métier ».

JOL Press : Quels sont les principaux obstacles auxquels vous avez été confronté pendant le tournage ?

 

Amine Boukhris : Il très difficile de s’approcher et de filmer un reporter qui est habitué à être derrière et non devant une caméra. Autre difficulté de taille: la prise de contact avec les journalistes. J’ai par exemple eu du mal à approcher le journaliste palestinien Iyed, en reportage en Egypte, puis en Libye. J’étais toujours en train de le chercher ! J’ai ainsi été amené à demander au journaliste belge Ahmed Bahhadou de filmer à ma place le reporter algérien Nassim Boumzar.

En procédant de cette manière, j’ai pu récupérer des rush dévoilant des images fortes : montrant à la fois la peur du reporter et le danger auquel il est constamment confronté.

JOL Press : C’est donc un film non seulement « sur » mais  aussi « avec » les reporters ?
 

Amine Boukhris : En effet, ce film est un documentaire « sur » et « avec » les reporters car ils ont aussi été mes caméramen pendant le tournage. Ce film montre le périlleux métier qu’ils exercent : filmer et photographier la vérité au péril de leur vie, comme ce fût le cas pour mon ami Rémi Ochlik, photographe de guerre décédé en Syrie avec la journaliste américaine, spécialiste du monde arabe, Mary Colvin. Rémi apparaît d’ailleurs dans film. Il m’a beaucoup aidé pour définir la ligne dramatique du film, mais aussi lorsque je suis venu à Paris pour la première fois.
 

JOL Press : Comment a été accueilli votre film en Tunisie ?
 

Amine Boukhris : J’ai eu l’honneur de voir mon film War Reporter diffusé à l’ouverture du Festival des Rencontres des réalisateurs tunisiens. La salle du Colisée – la plus prestigieuse salle et la plus grande en Tunisie – était complète pour cette projection. J’ai été touché par l’accueil qu’a réservé le public au documentaire.  Pendant la projection du film, je n’ai pas voulu regarder l’écran mais plutôt la réaction du public : concentré du début à la fin.

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