Le chinois Dongfeng détient désormais 14% du capital de Peugeot Citroën. Ailleurs en France comme en Europe, les Chinois investissent et prennent des parts de marché, jusqu’à alarmer certains observateurs qui peuvent voir une menace dans les ambitions de Pékin. Ces ambitions sont pourtant à relativiser. Les investissements chinois ne représentent encore que moins de 1% de l’ensemble des investissements étrangers en Europe.
A l’occasion de la présentation de ses résultats financiers, le groupe PSA Peugeot Citroën a officialisé l’arrivée du Chinois Dongfeng et de l’Etat au sein de son capital. (Crédit Shutterstock)
En entrant dans le capital de PSA, numéro un français de l’automobile, le Chinois Dongfeng tourne une page de l’histoire du groupe familial. « Depuis 1810, la famille Peugeot présidait aux destinées du groupe […] A l’occasion de la présentation des résultats 2013 du groupe, la famille a officialisé la perte de son rôle de premier actionnaire de PSA Peugeot Citroën en annonçant l’arrivée à son capital d’un montant global de 3 milliards d’euros », notait Le Figaro, mercredi 19 février.
La Chine est-elle une menace ?
Désormais, l’Etat français, tout comme la famille Peugeot et son nouveau partenaire chinois seront tous actionnaires à hauteur de 14%. Une prise de participation qui braque également les projecteurs sur les ambitions chinoises pour le vieux continent.
La stratégie d’investissements de Pékin en France et en Europe est en question depuis l’annonce de cette nouvelle. « Les marques et les technologies européennes sont de plus en plus convoitées par les Chinois », estimait ainsi le site Atlantico au lendemain de l’annonce. « Pourquoi les marques et les technologies du Vieux continent sont-elles si convoitées par les Chinois ? », s’interrogeait encore le site.
La Chine est-elle alors vraiment à l’affut de tous les investissements possibles en Europe ? Les avis semblent partagés entre ceux qui voient chez les Chinois une menace pour les entreprises françaises et ceux qui préfèrent se fier aux chiffres actuels.
Une vague chinoise à mettre en perspective
« Il est vrai que Pékin conduit, depuis la fin des années 1990, une politique encourageant les grandes entreprises d’Etat à sortir des frontières du pays », estime pour sa part Alice Ekman, chercheur en charge de la Chine à l’Institut français des relations internationales (Ifri). Cependant, « il faut relativiser l’ampleur des investissements chinois en France » qui « demeurent à un niveau faible ». « La Chine n’est que le 8ème investisseur étranger en France, loin derrière les Etats-Unis et l’Allemagne ».
Même constat en Europe, où si les Chinois sont bien présents, leur participation à la vie économique des pays reste à mettre en perspective.
« Les investissements chinois sont en augmentation sur le continent européen, mais ils représentent encore aujourd’hui moins de 1% de l’ensemble des investissements étrangers en Europe », explique encore cette spécialiste. « On est loin d’une vague chinoise déferlant sur le continent… »
Une politique économique nationale
La stratégie d’attaque chinoise est finement calculée et la participation au capital de PSA en est le révélateur.
Des entreprises chinoises « qui investissent en France avec une réelle stratégie de développement sur le marché français », il faut différencier « celles qui investissent dans des entreprises françaises en développement sur le marché chinois. La logique n’est pas la même », explique Alice Ekman.
« Dongfeng entre au capital de PSA dans un contexte de baisse des ventes en Europe mais aussi de stratégie de développement sur le marché chinois. En investissant dans des marques étrangères, certains groupes chinois espèrent renforcer leur position sur le marché national. Les groupes français ont quant à eux besoin de capitaux et de partenaires locaux pour leur développement en Chine », analyse Alice Ekman.
L’Europe de l’est attire les Chinois
Si la vague chinoise n’est pas déferlante sur la France où dans les autres pays d’Europe occidentale, celle-ci pourrait néanmoins se faire plus agressive en Europe de l’est où les entrepreneurs chinois trouvent de nombreux avantages qui n’existent plus en France et chez ses voisins.
« On assiste désormais à une diversification de la localisation des investissements chinois sur le continent européen, avec une augmentation des investissements en Europe de l’Est », note Alice Ekman. « Au-delà des destinations traditionnelles (Grande-Bretagne, France, Allemagne), les entreprises chinoises explorent de nouveaux marchés, où le coût de la main d’œuvre est moins élevé ».