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«En Arabie Saoudite, les femmes sont considérées comme des mineurs»

17.02.2014 par La Rédaction

Rencontre avec la journaliste française Clarence Rodriguez, qui vit depuis 2005 à Riyad, en Arabie Saoudite. Elle vient de publier un livre, « Révolution sous le voile », qui dresse un constat sans concessions de la condition des femmes dans le Royaume wahhabite. Nourri des entretiens avec diverses femmes arabes, l’ouvrage montre l’absence totale d’existence des femmes dans la société saoudienne.

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JOL Press : Comment résumeriez-vous la vie et la condition des femmes en Arabie Saoudite ?
 

Clarence Rodriguez : Les femmes subissent des contraintes à tous les niveaux : tenue vestimentaire, permis de conduire… Elles vivent avec cette chape, ce poids des traditions et de la religion sur les épaules. Mais certaines veulent absolument s’en sortir, parce qu’elles voient les différences de traitement dans le reste du monde, via Internet et les réseaux sociaux.

La majorité de la population est conservatrice, et les femmes n’échappent pas à cette mouvance : elles ne connaissent pas forcément leurs droits, ne savent pas qu’elles peuvent aspirer à des réformes.

JOL Press : Ce désir d’émancipation que vous décrivez n’est donc pas présent partout ? Certaines femmes se sont-elles habituées à ces conditions, sans chercher autre chose ?
 

Clarence Rodriguez : Tout d’abord aucune d’entre elles ne le « manifeste ». Manifester n’existe pas en Arabie Saoudite.

Mais il est vrai que certaines, conservatrices, se complaisent dans leur état et ne se posent pas de questions. Elles se disent que de toute façon l’Islam les protège. Mais d’autres aspirent à exister en tant que femmes, et surtout en tant que citoyennes. Les femmes n’ont là-bas aucune existence légale, y compris les occidentales.

Elles sont inféodées à un mari, un père, ou même parfois un fils pour celles qui sont veuves. Imaginez une mère qui doit rendre des comptes à un fils qu’elle a mis au monde ! C’est très difficile à admettre.

JOL Press : Les occidentales vivant là-bas sont donc vues par les Saoudiens comme inféodées à leur mari, sans personnalité juridique ?
 

Clarence Rodriguez : Oui, nous sommes considérées comme des mineurs en quelque sorte. Nous n’avons aucune existence juridique. Je figure par exemple sur l’ « iqama » (NDLR : visa de travail) de mon époux, alors que je suis journaliste, et mère qui plus est. Le combat de ces femmes est de se débarrasser du tutorat, qui régule absolument tout, à commencer par la conduite d’une voiture ! Elles ne peuvent rien faire, elles ne sont pas libres de leurs actes. Ce sont pourtant des femmes qui ont fait des études, qui sont brillantissimes…

JOL Press : Des hommes se battent-ils aussi, en Arabie Saoudite, pour faire évoluer la condition féminine ?

Clarence Rodriguez : C’est une question très intéressante. En effet certains savent pertinemment que les femmes ont un rôle à jouer dans la société, qu’elles ont le droit d’exister. Ils sont évolués, ont voyagé, et se disent : « Nous sommes au XXIème siècle, l’Arabie Saoudite fait partie du G20 et est membre des Nations Unies ». Ils reconnaissent que leur société est sclérosée de l’intérieur. C’est grâce à ces hommes que les femmes pourront exister.

J’aimerais vous citer l’exemple de Saud al-Shamary, un avocat saoudien. Cet homme remarquable – qui a d’ailleurs fait ses études en France – me disait : « Si demain les femmes peuvent conduire, je file chez le concessionnaire acheter une voiture pour ma femme et ma fille ». Et il n’est pas le seul à militer pour les droits des femmes…

JOL Press : Ils militent néanmoins discrètement, ils ne le crient pas sur les toits…
 

Clarence Rodriguez : Nous devons faire attention avec nos jugements d’Occidentaux. Ils ne vont pas à la même vitesse que nous. L’Arabie Saoudite n’a que 82 ans ! Le Royaume a été fondé en 1932.

Quand je discutais avec Hoda (une femme qui figure dans mon livre), elle me disait : « Nous avons plus fait en 10 ans que durant les 70 années précédentes ».

Si je peux me permettre, les choses avancent à la vitesse d’un chameau au galop. Et c’est grâce au Roi Abdallah. Il est adulé, et sensible à la condition des femmes. Mais il ne peut prendre ses décisions seul. Il est obligé de composer avec le consensus religieux, les représentants du culte islamique. Ce sont eux qui freinent l’évolution. Le Roi lâche du lest au fur et à mesure.

Les femmes ne peuvent pas conduire du fait de la société conservatrice wahhabite. Cela ne fait que deux ans et demi que les femmes peuvent être caissières, vendre de la lingerie, ou voter aux élections municipales (NDLR : elles pourront voter au scrutin de 2015).

Elles commencent à devenir ingénieures, chercheuses. Surtout, elles sont maintenant avocates ! Elles peuvent ainsi défendre la cause féminine. C’est une vraie avancée. Par exemple, une femme souhaitant divorcer ne pouvait même pas être défendue par un homme devant une cour, car ceux-ci ne connaissent pas les droits des femmes – si ténus soient-ils.

Les femmes en Arabie Saoudite ne sont pas passives, elles avancent simplement sous leur voile – d’où le titre de mon livre, « Révolution sous le voile ».

JOL Press : Un livre comme le vôtre, sur ce sujet et écrit par une femme, sera-t-il accepté en Arabie Saoudite ?
 

Clarence Rodriguez : J’ai une séance de dédicace le 18 mars à l’ambassade. Cela va se savoir, comme pour le film Wadjda. Étant interdit, personne n’était supposé le voir. La réalité fut toute autre. De toute façon, mon livre n’est pas répréhensible en soi, il dresse juste un constat…

JOL Press : Quel fut pour vous la rencontre, ou le moment le plus marquant de votre expérience en Arabie Saoudite ?

Clarence Rodriguez : Ma rencontre avec cette femme, Madeha, devenue une amie. Elle est un peu le symbole de cette lutte. Elle n’a pas été gâtée par la vie, a eu une enfant handicapée… Je suis fière d’avoir aidé cette femme à survivre, et d’avoir aidé son association d’éducatrices spécialisées.

Plus personnellement, j’ai été marquée par notre arrestation, elle et moi, par la police, qui nous a laissées plusieurs heures au poste…

Propos recueillis par Romain de Lacoste pour JOL Press

————————-

Clarence Rodriguez est journaliste et vit à Riyad, en Arabie Saoudite. Elle est la première journaliste occidentale, femme de surcroît, à être accréditée dans le Royaume saoudien. Elle collabore avec les grands médias français. Elle est l’auteure du livre « Révolution sous le voile » (Éditions First, 2014). 

La Rédaction


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