En Floride, les chances de réinsertion des délinquants sexuels remis en liberté sont minces. Alors qu’une loi leur interdit de s’installer à moins de 300 mètres d’une école, d’un parc ou d’une aire de jeux, le « Miracle Village », les accueille depuis 2009 pour leur donner une seconde chance.
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Indésirables et traqués en Floride, les délinquants sexuels remis en liberté, se voient dans l’obligation de se réfugier dans un petit village baptisé « Miracle Village », « Le village des Miracles » en français.
Deuxième chance
Perdu au milieu des marécages, cet endroit a été fondé en 2009 par Richard Witherow, à la tête d’une organisation chrétienne évangélique, Matthew 25 Ministries, et auteur d’un livre dans lequel il aborde la difficile réinsertion d’ex-prédateurs sexuels dans l’Etat de la Floride.
Avec l’aide de son bras droit, Pat Powers, il se charge à l’époque de trouver un espace où les anciens prisonniers exclus dans le reste de l’Etat, pourraient se regrouper. C’est à l’intérieur d’anciennes petites maisons utilisées par les multinationales du sucre pour loger les travailleurs saisonniers, qu’ils élisent domicile.
Depuis la mort du fondateur, c’est Pat Powers qui a repris le flambeau, en tant que directeur général de l’institution. Lui-même ancien délinquant sexuel, il a passé 12 ans derrière les barreaux pour attouchement sexuel sur un enfant de moins de 16 ans. Chaque semaine, il propose des séances de thérapie aux délinquants sexuels.
« Fichés »
En Floride, un service de localisation précis a été mis au point par les autorités pour répertorier les prédateurs sexuels.
En un simple clic, les internautes américains peuvent ainsi avoir accès à un registre public de délinquants sexuels en liberté, vivant à proximité de leur domicile, ainsi qu’une liste de ceux inscrits à l’université. Nom, prénom, photo, délit… les informations de quelque 40 000 délinquants sexuels sont exposées sur internet : une manière de « protéger les familles » arguent les autorités.
« Les citoyens peuvent également s’abonner à un système d’alerte pour recevoir les notifications concernant les délinquants en Floride. Les e-mails sont envoyés quand un délinquant sexuel / prédateur se déplace à une certaine distance à partir d’un emplacement spécifié fixé par le citoyen, mais aussi lorsqu’un délinquant sexuel se déplace n’importe où dans l’état de Floride » précise le site internet.
Réputée pour sa législation très stricte concernant les déliquants sexuels, la Floride a été le premier Etat américain à mettre au point cette base de données à la fin des années 90.
Reclus sous un pont
Dans cet Etat du sud des Etats-Unis, tout déliquant sexuel, une fois sorti de prison, se voit dans l’interdiction de vivre à moins de 300 mètres d’une école, d’un arrêt de bus, d’un parc ou d’une aire de jeux pour enfants.
En 2005, Ron Book, lobbyiste milliardaire a durci la législation dans le comté de Miami-Dade – le plus peuplé de la Floride – en élargissant le périmètre à 750 mètres, rendant l’insertion des délinquants quasiment impossible.
Dans l’incapacité de trouver un logement une fois libérés, les délinquants s’étaient alors regroupés dans un campement – sans eau, ni électricité – situé sous un pont à Miami : le « Julia Tuttle Causeway ». Surnommé Bookville par les résidents, il s’agissait de l’unique endroit où les délinquants sexuels étaient tolérés entre 2006 et 2010.