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En Islande aussi, on manifeste pour l’Europe

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Transmise en 2009 à la Commission européenne, la candidature d’adhésion de l’Islande à l’UE a été finalement enterrée. Vendredi 21 février, le gouvernement islandais, formé en avril 2013 par la coalition entre le Parti de l’Indépendance (droite) et le Parti du Progrès (centre-droit), deux partis eurosceptiques, s’est mis d’accord pour retirer cette candidature, sans même passer par un référendum qu’il avait pourtant promis à la population.

« Le gouvernement a rompu ses promesses »

C’est justement à cause de cette promesse non tenue que 3500 personnes ont manifesté lundi devant le Parlement à Reykjavik, la capitale islandaise. Une manifestation d’ampleur, dans un pays qui compte 320 000 habitants et qui n’avait pas connu de rassemblement contestataire de cette envergure depuis la crise financière en 2009.

« Le gouvernement a rompu toutes ses promesses », explique un manifestant au micro d’Euronews. « Je veux que les négociations d’adhésion continuent pour que l’on vote sur un accord pour devenir membre », ajoute une autre Islandaise venue manifester. « Nous devons obtenir le meilleur accord qui soit pour la nation. Et je pense qu’on peut y parvenir même si on n’est pas représenté par les personnes les plus idéales », estime-t-elle.

Les négociations suspendues depuis un an

La contestation de certains partis d’opposition, qui se plaignaient de ne pas avoir eu suffisamment de temps pour débattre de la question, a toutefois poussé le gouvernement islandais à reporter l’adoption du projet de loi qui prévoit le retrait définitif de la candidature islandaise à l’Union européenne. Ce projet est porté par le ministre des Affaires étrangères, Gunnar Bragi Sveinsson, qui a indiqué en assumer la responsabilité.

En mai 2013, la coalition au pouvoir avait décidé d’arrêter les négociations avec l’UE jusqu’à ce qu’un référendum soit organisé pour poursuivre ou non le processus d’adhésion lancé trois ans plus tôt par le gouvernement de centre-gauche. En septembre, le ministre des Affaires étrangères avait annoncé la suspension, pour toute la durée de la législature, des négociations d’adhésion.

Les quotas de pêche ne font pas mouche

L’annonce du gouvernement n’est donc pas surprenante à un stade où l’Islande, qui fait tout de même partie de l’espace Schengen, semble peu encline à poursuivre ses efforts pour intégrer l’Union européenne en crise. Plusieurs points de friction ont provoqué l’arrêt des négociations avec l’UE.

Et en premier lieu, l’adoption de quotas de pêche restreints voulus par l’UE, notamment sur les maquereaux et les harengs. Des quotas qui s’accommodent mal avec l’économie islandaise, qui s’appuie de plus en plus sur ce secteur pour vivre. Le poids économique de la pêche dans le PIB est en effet passé de 4,7% en 2008 à 7,1% en 2012, et 42% des exportations islandaises sont des produits de la pêche, selon La Tribune.

Sceptique sur l’euro

L’adoption de l’euro, que les Islandais voyaient comme « un havre de stabilité » en juillet 2009 lorsqu’ils présentaient leur dossier de candidature à l’Union européenne, semble maintenant loin de faire l’unanimité.

« L’Islande, avec un PIB d’une dizaine de milliards d’euros et 320 000 habitants, sera certaine de voir ses intérêts ignorés par la BCE. Or, les avantages de l’euro sont assez limités puisque les importations en provenance de la zone euro ne représentent que 27 % du total », rapporte encore La Tribune.

Si la majorité des électeurs islandais sont contre l’adhésion à l’Union européenne, certains défenseurs de l’intégration – essentiellement des sociaux-démocrates mais également une minorité issue des partis au pouvoir – considèrent cependant que l’euro pourrait contribuer, à terme, à stabiliser l’économie islandaise, qui s’est pourtant bien relevée de la crise.

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