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Et si une bombe nucléaire explosait sur la ville de Lyon?

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Le bilan immédiat de l’explosion d’une bombe nucléaire sur Lyon serait d’environ 200 000 morts et autant de blessés graves. (Crédit : Shutterstock)

La ville mexicaine de Nayarit, au Mexique, accueille jeudi 13 février la Seconde conférence internationale sur l’impact humanitaire des armes nucléaires. 130 pays seront réunis pour aborder la question du désarmement nucléaire et à cette occasion, l’Observatoire des Armements et la Campagne internationale pour abolir l’arme nucléaire (Ican), ont entrepris d’alerter l’opinion publique en établissant un « cas pratique » de l’explosion d’une bombe nucléaire en France.

Un scénario pas si fiction

La ville de Lyon a été choisie comme cité témoin pour cette explosion fictive d’une bombe de 150 kilo-tonnes à 800 mètres d’altitude, « l’altitude de référence pour cette puissance de bombe », indique le rapport.

Tous les scénarios ont ensuite été envisagés. L’attaque terroriste, bien sûr, mais pas seulement. L’explosion d’une telle bombe peut également être le fruit d’une « erreur comme cela a été évité de justesse dans plusieurs cas que nous relatent des documents déclassifiés récemment », expliquent les auteurs du texte.

150 kilo-tonnes n’est pas non plus une valeur prise au hasard. En effet, une telle charge correspond à « la puissance explosive d’une des six bombes présentes dans la tête d’un des missiles M51 d’un sous-marin français ». Loin d’être un scénario fiction, les conséquences de l’explosion de cette bombe sur Lyon pourraient donc être bien réelles.

Au moment de l’explosion

Les auteurs le précisent, le scénario de l’explosion de cette bombe nucléaire dépendrait bien entendu de « l’heure, de la date et des conditions météorologiques ». Cependant une chose est sûre, les conséquences d’une telle catastrophe ne seraient pas seulement régionales ni nationales, mais bien mondiales.

Lorsqu’elle exploserait, cette bombe créerait « une boule de feu de quelques dizaines de millions de degrés ». En une seconde, cette boule de feu atteindrait la taille d’environ un kilomètre de diamètre. Sous cette boule « dont la surface est à 5 000 degrés […] tout ce qui est inflammable » serait « immédiatement vaporisé par la chaleur ».

Sur une zone de deux kilomètres, tout est incendié, la population entière a péri. Les seuls survivants sont « ceux qui étaient présents dans les souterrains comme le métro, mais leur retour à la surface leur est souvent fatal ».

Sur une zone de 3 km, les conséquences de l’émission « de neutrons et de rayons gamma » sont mortelles pour tous ceux qui n’ont pas déjà péri sous l’effet de l’onde de choc ou de l’incendie. Sur une zone de 10 km, « le taux de mortalité atteint environ 50% ».

Dans les heures qui suivent…

Les heures qui suivent voient ensuite la panique s’installer dans les zones sinistrées. A Lyon comme aux alentours, « le réseau électrique est partiellement détruit et disjoncte sur toute la région Rhône-Alpes ».

La mise en place d’opérations de secours serait quasiment impossible à mettre en œuvre. En effet, « les pompiers comme la police de la région lyonnaise ont perdu toute capacité d’intervention, les hôpitaux en centre-ville sont détruits ».

Compte tenu de la chaleur, les survivants tentent d’éviter les incendies en se jetant dans le Rhône et dans la Saône. Les communications sont coupées, les habitants ne peuvent contacter leurs proches et désormais, les seuls accès à l’information se feront par le biais des radios munies de batteries.

Dans la journée qui suit…

C’est seulement le lendemain que les premiers secours parviennent à établir le contact avec la zone sinistrée. Mais le temps a déjà passé et compte tenu des vents, le nuage s’est déjà dirigé vers la Suisse et « Genève est donc atteint en une journée ».

Encadrés par l’armée, l’aide se met difficilement en place. « Les pays européens proposent d’envoyer des secours mais leur coordination est impossible à organiser dans un délai court », explique le rapport. « Seuls des hélicoptères peuvent avoir accès aux zones sinistrées. Les armées suisses, allemandes et italiennes mettent leur matériel à disposition de la France ».

Au niveau politique, l’heure est également sombre. « Le Président de la République a pris les pleins pouvoirs en vertu de l’article 16 de la Constitution et les responsables de cette catastrophe sont recherchés. S’agit-il d’un accident lors d’un essai, s’agit-il d’un tir suite à une erreur, s’agit-il d’une agression d’un pays hostile ou d’un groupe terroriste. Toutes les questions sont posées mais, en l’absence de réponse, le pouvoir politique est totalement incapable de formuler une réaction », explique encore le texte.

Dans les années qui suivent…

Une fois passé le drame et la situation d’urgence, les conséquences sur le long terme, et notamment sur la santé des victimes, se feront ensuite sentir pendant plusieurs décennies.

Les victimes contaminées en « interne » subiront les graves effets d’une telle explosion. « Certaines retombées peuvent pénétrer dans l’appareil digestif ou les poumons et toute quantité de matière radioactive présente dans l’organisme, même très faible, peut entraîner des atteintes très importantes », explique le rapport.

Certains éléments radioactifs resteront « quasiment définitivement dans l’organisme » et provoqueront « des lésions osseuses » mais également des « anémies », « nécroses osseuses » et « cancers ».

« Il faut enfin considérer les effets génétiques qui vont affecter les générations futures. Les gonades et les ovaires soumis aux rayonnements radioactifs vont occasionner des mutations de gènes », explique enfin ce rapport.

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