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La France et l’Allemagne ont le désir de faire converger leurs politiques

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JOL Press : Comme chaque année, les ministres français et allemands se retrouvent à l’occasion du traditionnel Conseil des ministres franco-allemand. Quels sont les grands chantiers qui réunissent les deux pays en ce moment ?
 

Yann-Sven RittelmeyerAvec le contexte de crise qui est toujours présent et l’écart économique entre les deux Etats, il y aura une volonté de prendre des mesures pour favoriser une convergence économique et sociale. Ceci d’autant plus qu’il s’agit du premier Conseil des ministres franco-allemand depuis l’élection fédérale allemande et le retour des sociaux-démocrates au pouvoir.

Mais il y aura aussi une volonté de progresser dans des domaines d’intérêt stratégique pour les deux pays, comme l’énergie ou la politique étrangère. En matière énergétique, de grandes ambitions ont été affichées mais elles doivent encore être précisées.

A cela s’ajoute la question environnementale avec une volonté de préparer ensemble la conférence internationale sur le climat qui aura lieu à Paris en 2015. Pour ce qui est de la politique étrangère, la présence de personnalités favorables à davantage d’engagement pour l’Allemagne – tels que le ministre des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier et la ministre de la Défense Ursula von der Leyen – devrait conduire à plus de coopérations, notamment en Afrique.

JOL Press : Côté français comme côté allemand, les trois prochaines années ne seront pas ponctuées d’échéances électorales et les équipes en place devraient rester les mêmes. Pourrait-ce être le temps des grands travaux ?
 

Yann-Sven Rittelmeyer : Il s’agit sans aucun doute d’une période favorable à la coopération bilatérale, même si des élections européennes auront lieu fin mai et que diverses échéances locales et régionales sont prévues. Le temps a toujours été un élément indispensable pour une bonne coopération franco-allemande et cette perspective de plusieurs années de travail en commun constitue une réelle opportunité.

En outre, la coopération va être facilitée à la fois par le remplacement des libéraux par les sociaux-démocrates – au sein de la coalition au pouvoir en Allemagne – et par l’approfondissement des relations entre François Hollande et Angela Merkel.

JOL Press : Vous pensez donc que l’alliance gouvernementale entre les conservateurs d’Angela Merkel et les sociaux-démocrates de Sigmar Gabriel pourrait donner un nouvel élan aux relations franco-allemandes ?
 

Yann-Sven Rittelmeyer : La présence des sociaux-démocrates au sein de la coalition gouvernementale ne va guère modifier la politique économique allemande, mais elle peut par contre faciliter la relation bilatérale. Même si les conceptions économiques du SPD et du PS sont souvent assez éloignées, François Hollande a par le passé régulièrement travaillé avec le désormais vice-chancelier, Sigmar Gabriel. Si l’on ajoute à cela le fait que le président français a appris à connaître la chancelière, je pense que l’on peut être assez optimiste.

De plus, avec les sociaux-démocrates au sein de la coalition gouvernementale, l’agenda politique interne allemand se rapproche des préoccupations françaises – en témoigne l’adoption prévue d’un salaire minimum à l’échelle nationale.

JOL Press : Angela Merkel et Nicolas Sarkozy s’entendaient bien, et devraient d’ailleurs prochainement se rencontrer. L’état des relations entre la chancelière et François Hollande semble également s’améliorer…
 

Yann-Sven Rittelmeyer : Tout comme Nicolas Sarkozy et Angela Merkel à leurs débuts, François Hollande et Angela Merkel ont eu besoin de temps pour apprendre à se connaître. Si au moment de l’arrivée de François Hollande la relation était tendue et difficile, elle s’est améliorée au fil de l’année franco-allemande et de la célébration des 50 ans du traité de l’Elysée. Cette année, d’autres célébrations, notamment celles liées aux commémorations du Centenaire du début de la Première guerre mondiale, vont également permettre de développer l’histoire commune.

L’an dernier, la lutte contre le chômage des jeunes a constitué un thème commun derrière lequel les deux dirigeants pouvaient facilement s’unir, et cette année, d’autres défis communs les attendent. Par ailleurs, François Hollande et Angela Merkel sont tous les deux très marqués par la conscience de leur responsabilité commune envers l’Europe.

JOL Press : Dans la crise que traverse l’Union européenne, diriez-vous que la France et l’Allemagne font davantage bloc qu’auparavant ?
 

Yann-Sven Rittelmeyer : La France et l’Allemagne sont conscientes de la nécessité de surmonter leurs divergences que ce soit sur le plan économique, en matière de politique étrangère ou plus globalement, sur les questions relatives à l’intégration européenne.

Mais les deux Etats savent aussi que leurs compromis ne sont plus nécessairement suffisants et qu’ils doivent composer avec leurs partenaires européens. Les difficultés rencontrées par les pays du Sud de l’Europe ont souligné l’importance de prendre en compte leurs situations et de dialoguer avec ces derniers. Le Royaume-Uni constitue un autre cas de figure avec ses interrogations et revendications toujours plus fortes sur son appartenance à l’UE. Enfin, la Pologne n’a de cesse de s’affirmer comme un acteur européen majeur et un partenaire important du couple franco-allemand.

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