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«La Patrie reconnaissante»… Dans les secrets du Panthéon

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« Aux grands hommes la patrie reconnaissante ». Sur le fronton massif du Panthéon, en lettres d’or, les mots sont solennels et jouent sur la fibre patriotique. Soixante-et-onze tombeaux sont abrités sous le toit néoclassique. Soixante-neuf hommes et deux femmes. Pourquoi eux ?

A l’origine destiné à être une église en l’honneur de Sainte-Geneviève, sainte patronne de Paris, l’édifice fut immédiatement utilisé comme nécropole. Mémoire et honneurs y sont depuis rendus aux personnages ayant marqué l’Histoire de France.

Les sciences et les lettres enfin réunies

Les généraux d’Empire y sont nombreux (Beguinot, Garnier de Laboissière, Lannes…). Ils y côtoient le navigateur Bougainville, ou encore le premier architecte du Panthéon, Jacques-Germain Soufflot.

Un contingent d’hommes politiques repose également entre ces murs de pierre blanche. Sadi Carnot est le seul Président de la République (assassiné en 1894) à être panthéonisé. Léon Gambetta, Jean Jaurès ou Portalis (ministre des cultes sous Napoléon Ier et co-rédacteur du Code civil) dorment côte à côte, pour l’éternité.

Si le monde des vivants a tendance à opposer scientifiques et littéraires, ils sont ici en parfaite harmonie. Louis Braille, Pierre et Marie Curie, prix Nobel de physique, sont entourés de Zola, Hugo, Dumas et autres génies de la littérature française.

Comment y entrer ?

Aujourd’hui, le Président de la République décide seul de l’entrée d’un défunt au Panthéon. D’ailleurs, cette prérogative présidentielle n’est régie par aucun texte de loi. Elle relève de la coutume et de la tradition. En l’occurrence, si François Hollande décide du transfert des restes de ces personnes, nul ne peut en principe s’y opposer… hormis la famille et les descendants du défunt.

Ainsi, Nicolas Sarkozy a voulu, en 2008, accorder cet honneur à Albert Camus. Il n’en fut rien, puisque ses descendants refusèrent que l’on transférât ses restes. De la même manière, le poète martiniquais Aimé Césaire n’est pas inhumé sur la Place des grands hommes. Il est seulement cité, sur une plaque de marbre, à l’instar de centaines d’autres hommes et femmes. Aucun changement possible, puisque l’une des dernières volontés de l’écrivain était justement de demeurer sur ses terres créoles.

Quelle symbolique ?

Faire entrer une célébrité au Panthéon est, au-delà du geste d’hommage, éminemment symbolique. D’autant plus quand l’honneur est accordé à un homme politique, un idéologue ou un participant à une guerre. L’entrée de Jean Jaurès, en 1924, était une façon pour le Cartel des Gauches de marquer sa victoire aux élections législatives, tout en asseyant la carrière politique des Blum  et Herriot, dreyfusards influencés par Jaurès…

La dernière dépouille à avoir été transférée au Panthéon est celle d’Alexandre Dumas, en novembre 2002. Fraîchement réélu Président de la République, Jacques Chirac met tout le monde d’accord en honorant l’immense écrivain : « Avec ce geste, la République donnera toute sa place à l’un de ses enfants les plus turbulents et les plus talentueux, dont toute la vie fut au service de notre idéal républicain ».

Germaine Tillion, Geneviève Antonioz de Gaulle, Pierre Brossolette et Jean Zay vont donc rejoindre ce prestigieux cortège. Leurs dépouilles y côtoieront celles de véritables légendes, dont le prestige a traversé les frontières et se murmure jusqu’aux confins de l’univers. Ils vont rejoindre l’auteur du Comte de Monte-Cristo, dont Victor Hugo disait : « Le nom d’Alexandre Dumas est plus que français, il est européen ; il est plus qu’européen, il est universel ».

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