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Le pacte de responsabilité, unique chance de sortie de crise de la France?

26.02.2014 par La Rédaction

La France court à sa perte en refusant de se réformer en profondeur. Voilà le constat sans appel de Nicolas Baverez, dans son dernier livre, « Lettres béninoises » (Albin Michel – janvier 2014). Selon lui, si le pacte de responsabilité, voulu par François Hollande, venait à échouer, la France se dirigerait vers une crise économique très grave. Entretien.

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La France se dirigerait-elle vers une crise économique très grave ? (Crédits : shutterstock.com)

Dans son dernier livre, Lettres béninoises (Albin Michel –  janvier 2014) Nicolas Baverez décrit une France bloquée par les grèves, anesthésiée par un gouvernement qui est dans un déni total, menacée de ne plus payer ses fonctionnaires et décidée à refuser tout changement qui apparait. Voici donc ce qui pourrait arriver en 2040 si la France refusait de se réformer. Explications de l’auteur.

JOL Press : Quels sont aujourd’hui les principaux handicaps qui paralysent l’économie française ?

Nicolas Baverez : La France est en train de passer du déclin relatif au déclin absolu : aujourd’hui la population a augmenté – et c’est très heureux – de 1,5 millions d’habitants depuis 2008 et le PIB a légèrement diminué : en résulte une importante diminution de la richesse par habitant. La France souffre aussi d’un problème de désindustrialisation (-16% depuis 2008), un problème de diminution du nombre d’emplois et un problème majeur de discrimination et d’exclusion des jeunes – 190 jeunes sortent chaque année du système scolaire sans savoir ni lire, ni écrire ni compter.

Nous avons donc à faire face à un problème économique : le modèle français est un modèle étatiste, assez protectionniste, coupé des sources de la croissance mondiale. Notre modèle est fondé uniquement sur la consommation, elle-même financée par les transferts sociaux qui viennent de la dette publique. A ce problème économique, s’est greffé un problème politique avec la montée du populisme, le discrédit croissant des dirigeants et des institutions et un problème international avec le déclassement de la France en Europe puisque c’est désormais l’Allemagne qui assure seule le leadership de la zone euro et de l’Europe continentale.

La France continue néanmoins à vouloir faire fonction de gendarme en Afrique mais elle le fait avec beaucoup de risques compte-tenu de cette surexposition stratégique qui contraste avec ses moyens économiques et financiers qui sont de plus en plus limités. Il nous faut donc essayer de faire bouger ce modèle économique fondé sur la dette publique, ce modèle étatiste et corporatiste et cette société de défiance qui s’est installée et qui bloque aujourd’hui notre développement.

JOL Press : Si ce modèle ne change pas, à quel futur faut-il s’attendre ?

Nicolas Baverez : C’est là tout le propos de mon livre. Si la France continue à refuser de s’adapter à la mondialisation, au monde de l’après Guerre froide, à la grande Europe et aux disciplines apportées par la zone euro, son déclassement va s’accélérer. Elle est encore aujourd’hui la cinquième puissance mondiale, elle sera au 8e rang en 2020, au 15e rang en 2030 et entre le 20e et le 30e rang en 2040 si elle n’arrive pas à se réformer.

[image:2,s]Pour autant la France a tous les atouts qui lui permettraient d’être alaise et performante dans le XXIe siècle : elle a une excellente démographie, elle a du capital, de la main d’œuvre qualifiée, des universités, des talents qu’on s’arrache un peu à l’extérieur, elle a des infrastructures, des services publiques encore opérants, une culture, une civilisation, un mode de vie, une gastronomie, un paysage, un climat…

La France a tous les atouts pour réussir. Mais pour cela, il faut qu’elle accepte de transformer son modèle économique, à l’instar un certain nombre d’autres pays : le Canada et la Suède, dans les années 90, l’Allemagne dans les années 2000, ou plus récemment l’Espagne sous la contrainte de la crise.

Il n’y a aucune raison que la France ne parviennent pas à le faire. Pour cela, elle doit trouver une voie nationale dans ce monde du XXIe siècle et mettre en place une thérapie de choc pour arriver à refonder un pacte productif. Elle est là la clé : seule la production peut créer de l’emploi et des recettes fiscales durables qui permettront de diminuer la dette.

Pour cela, il faut améliorer le taux de marge des entreprises et diminuer les impôts et les charges ; il faut un pacte social fondé sur la sortie des 35 heures, la libéralisation du marché du travail et un contrat de travail qui soit moins hétérogène entre ceux qui sont complètement protégés et ceux qui sont complètement précarisés ; il faut un pacte citoyen  pour réintégrer les jeunes et les immigrés dans la société ; il faut un pacte budgétaire pour faire 100 milliards d’économie en cinq ans ; et enfin un pacte européen avec l’Allemagne pour avoir une gestion de l’euro plus favorable à la croissance et à l’emploi.

JOL Press : Fort de ce constat, considérez-vous que François Hollande ait pris la bonne direction ?

Nicolas Baverez : Sa conférence de presse du 14 janvier dernier correspond tout à fait à ce que je viens d’exposer puisqu’on retrouve bien ses principaux objectifs : l’amélioration du taux de marge des entreprises en baissant notamment les charges sur le travail, une plus grande flexibilité du marché du travail, la volonté de faire 50 milliards d’économie en trois ans et enfin le rapprochement avec l’Allemagne. Tout cela correspond parfaitement à ce qu’il faut faire. Le problème sera désormais pour François Hollande de mettre ses actes en accord avec ses paroles pour déboucher rapidement sur des mesures concrètes, à mobiliser un certain nombre de forces économiques et sociales derrière ce programme.

Si par malheur, ce pacte de responsabilité devait échouer, la France se dirigerait vers une crise économique très grave : la dette française serait attaquée par les marchés financiers, la crise de l’euro serait réactivée et cela discréditerait gravement la social-démocratie à gauche et les réformes libérale à droite. Dans mon livre, j’énumère justement ce risque de catastrophes qui attendent la France si nous ne parvenons pas à la réformer. Aujourd’hui, on ne peut pas dire que la France soit sur la bonne voie mais la trajectoire qui est tracée est la bonne, reste juste à se mettre sur cette trajectoire. Ce n’est pas encore fait.

JOL Press : Que peut faire, pour finir, la France dans la crise de la zone euro ?

Nicolas Baverez : L’euro a été créé par le traité de Maastricht avec des institutions qui n’étaient pas soutenables : on n’avait pas de gouvernement économique, pas de banque centrale qui soit un vrai préteur en dernier ressort pour les Etats et les banques quand ils vont mal, pas de solidarité financière, pas de contrôle budgétaire et pas de mobilité du capital et du travail. Des progrès ont été enregistrés mais le travail est loin d’être achevé : on a un début de gouvernement économique, une banque centrale qui marche beaucoup mieux grâce à Mario Draghi, un mécanisme de solidarité qui porte sur 950 milliards d’euros, un traité budgétaire, un début d’union bancaire qu’il faut finaliser et des jeunes qui circulent sous la pression du chômage dans cet espace européen.

La première chose que doit faire la France, avec l’Allemagne, c’est e consolider ces nouvelles institutions de l’euro et dès qu’on le pourra les ancrer dans un traité puisque ce qu’on fait là est très différent que ce qui était prévu par le droit européen. La seconde priorité serait que les différents Etats membres aient une politique coopérative. La France n’a pas encore de politique coopérative. C’est pourquoi elle doit mettre en place les réformes qui lui permettront de se moderniser et de se redévelopper ;  elle réduira ainsi, de manière drastique, les risques qui pèsent encore sur la pérennité de l’euro.

Propos recueillis par Marine Tertrais pour JOL Press

Ancien de l’ENA et de la Cour des Comptes, Nicolas Baverez a travaillé au cabinet de Philippe Seguin avant de devenir avocat d’affaire. Il est aussi chroniqueur au Point. Il s’est fait connaître avec son best-seller La France qui tombe (Perrin), suivi de plusieurs ouvrages dont Réveillez-vous chez Fayard.

La Rédaction


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