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Le Pape François veut convertir l’Église catholique au management honnête

« Pas d’argent, point de Suisse ». Le Pape François a engagé la réforme des finances du Vatican. Avec les conseils de KPMG et de McKinsey, il crée un ministère de l’Economie pour préparer et contrôler l’exécution du budget de l’organe central de l’Église catholique.

La crise mondiale n’a pas épargné l’Église catholique

La crise a multiplié les dépenses et diminue les recettes. En cette période où les croyants versent le denier du culte, l’Église a toujours eu un problème avec les riches. Les pauvres sont généralement plus généreux, ils sont certes plus nombreux. Mais pauvres. En période de crise, c’est pire. L’organisation économique et financière de l’Église catholique a toujours été assez opaque et décentralisée. Chaque diocèse, chaque congrégation, chaque couvent est autonome financièrement. Chaque entité doit couvrir ses dépenses, c’est-à-dire payer ses personnels, les religieux et les civils, les charges sociales correspondantes, l’entretien de ses bâtiments, etc., etc.

Pour couvrir ces dépenses courantes, ses recettes proviennent des fidèles qui donnent à la messe, ou qui font des dons et des donations au diocèse. Les recettes peuvent provenir aussi de la vente des services religieux particuliers, des obsèques, des mariages ou la vente de produits fabriqués par la communauté (du vin, des produits agricoles dans certains couvents) ou même des touristes qui font retraite. Cela étant, toutes les entités économiques ne sont pas équilibrées. Elles ont de plus en plus de mal à couvrir leur besoin.

Notamment leurs investissements. Mais le pape qui adore les expressions imagées a repris la vieille formule française, « les diocèses tirent souvent le diable par la queue ». Il ne l’a pas encore dit pas en chair place Saint-Pierre. Pour équilibrer tout cela, les diocèses organisent, des péréquations et des arbitrages entre les paroisses riches et les plus pauvres. Fait important : chaque unité économique verse un impôt à l’Église du pays en l’occurrence l’Église de France et l’Église de France verse a son tour un impôt au Vatican.

Mais la clef de répartition n’est pas claire, c’est le moins qu’on puisse dire. Alors le Vatican a en plus de cela ses ressources propres, les touristes, les donations, le patrimoine immobilier, et les actifs financiers et industriels accumulés depuis … 2000 ans, ou presque. Les chiffres sont très difficiles à établir. En gros, le Vatican aurait un budget de la taille de la Belgique. Mais le Vatican a été obligé de s’endetter pour couvrir ses besoins. La nouveau Pape a décidé d’y voir clair et maintenant de mettre de l’ordre dans tous ces comptes.

Cette réforme aura trois conséquences

L’audit avait été confié à KPMG et la réorganisation du management à McKinsey qui a en plus proposé des axes stratégiques. Cette réforme aura trois conséquences :

Un, la nomination d’un ministre de l’économie, du budget et de la prévision. Bref, il a un pouvoir total sur l’argent de l’Église. C’est un Australien, le cardinal George Pell qui a été nommé.

Deux, ce ministre de l’économie va présider une sorte de conseil d’administration composé de huit évêques et de sept civils. Il y aura des énarques, des diplômés de Harvard et des banquiers, ce conseil va établir des sortes de « business plan », C’est-à-dire des prévisionnels de dépenses et de recettes en fonction des objectifs stratégiques fixés par le Pape. Le Pape a dégagé un certain nombre de priorité en termes de lutte contre la pauvreté, en termes d’évangélisation et de représentation diplomatiques… Il faut financer tout cela.

Trois, ce ministre aura sous son autorité un contrôleur général. Sa mission sera avec l’aide de plusieurs cabinets conseils de surveiller toutes les activités économiques et financières du Vatican et de ses filiales. Ceci afin de lutter contre la corruption et le blanchiment. Sans contrôle, les associations de charité auraient servi à blanchir de l’argent sale. Le pape le sait…

Au cœur du scandale potentiel, l’institut des œuvres de religion, l’UOR, un État dans l’État, qui centralise les produits de quêtes dans le monde entier. Ça représente des milliards dont peu de gens savent la réalité et l’origine. Le pape veut éradiquer tout cela. Son objectif, « faire en sorte que la première multinationale de l’histoire humaine créée il y a 2000 ans par Jésus Christ et qui a tout inventé retrouve sa rigueur et son dynamisme de façon à lutter contre la concurrence parce que cette concurrence est de plus en plus dure ». Ce pape n’est pas comme les autres.

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