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Le sort des clandestins en Grèce, point de passage vers l’Europe

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Frappée de plein fouet par la crise économique, la Grèce doit faire face à un autre dossier de poids : l’afflux de milliers de migrants entrés de manière illégale sur le territoire. Alors que les pays voisins procèdent au renforcement de leurs frontières, la Grèce, porte d’entrée vers l’Union européenne, est devenue un « Etat-tampon », où 80% des clandestins sont entrés dans l’espoir de rejoindre le Vieux continent.

« Le rêve européen »

Selon Global Post, quelque 6.500 migrants seraient actuellement placés dans des centres de détention en Grèce.

La Cour européenne des droits de l’homme ainsi que le Comité européen pour la prévention de la torture et des peines – organe du Conseil d’Europe – ont dénoncé les conditions catastrophiques dans ces centres jugés « inhumains ».  

Le 21 janvier 2011, la Grèce a d’ailleurs été condamnée par la Cour européenne des droits de l’homme pour traitements dégradants estimant que  « les conditions de vie et de détention des demandeurs d’asile en Grèce [n’étaient] pas compatibles avec la Convention européenne des droits de l’homme ».

Mauvais traitements

Dans ces centres, les détenus n’ont pas d’accès direct aux soins médicaux : « Ici, nous devons être mourants pour avoir le droit d’être ausculté par un médecin. Un de mes amis est mort parce qu’il n’a pas été soigné » confie l’un des prisonniers à Global Post.

Les migrants arrêtés sont victimes de violences. Fouilles abusives, garde à vue prolongées, mauvais traitements… une fois arrivés sur le territoire grec, ils doivent faire face à la répression policière. C’est ce qu’a pointé l’ONG Human Right Watch dans un rapport  de 51 pages, intitulé « Unwelcome Guests: Greek Police Abuses of Migrants in Athens », publié en juin 2013.

 

Une clôture barbelée anti-clandestin

Pour lutter contre cette immigration clandestine, la Grèce a fait construire  en 2012, une clôture barbelée de 12,5 km  le long de sa frontière avec la Turquie. Près de 2 000 gardes-frontières ont été déployés autour ce mur haut de 3 mètres, doté de 25 caméras thermiques pour dissuader les clandestins. Coût total du chantier: 3 millions d’euros.

Grève de la faim et « bouches cousues »

Pour se faire entendre par les autorités et demander le statut de réfugié, certains migrants n’ont parfois plus d’autres moyens que d’entamer des grèves de la faim ou de se coudre les lèvres avec du fil médical, pour attirer l’attention des médias et du gouvernement.

En 2010, un groupe de demandeurs d’asile iraniens, persécutés dans leur pays en raison de leurs opinions politiques, avait organisé un sit-in dans le centre d’Athènes.

C’est ce qu’aborde le réalisateur Kaveh Bakhtiari dans son documentaire « L’Escale ». Pendant un an, il a suivi caméra à l’épaule le quotidien : Hamid, Mohsen, Rassoul, Kamran,  Farshad, un groupe d’immigrés iraniens bloqués à Athènes, chez « Amir »,  dans l’attente de papiers et d’un passeur pour pouvoir rejoindre d’autres pays européens. « Cette grève était une prise de risque énorme :le gréviste filmé dans le documentaire est encore en danger en Grèce. Il s’est fait agresser plus tard hors caméra. Maintenant il essaie désespérément de trouver refuge ailleurs en Europe. Des actions similaires furent entreprises par d’autres demandeurs d’asile. Mais ils se sont tout simplement fait tabasser. Car il n’y avait pas ma caméra pour « les protéger « … »  explique le documentariste à JOL Press.

« Les conditions de vie des migrants sont déplorables en Grèce.  Des ONG comme Médecins du Monde et d’autres associations tentent de faire de leur mieux. Mais vu la situation économique de la Grèce toutes les conditions sont réunies pour que des groupuscules néo-nazis comme l’Aube Dorée passe à l’acte. Les migrants se cachent. Le parti politique d’extrême droite qui avait des représentants au parlement a depuis été interdit, poursuit Kaveh Bakhtiari. Mais le problème aujourd’hui, c’est qu’un pourcentage trop élevé des policiers sont des  sympathisants… Le parti n’est donc interdit que sur le papier ».

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