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Les Américains, premiers investisseurs en France, restent méfiants

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Si la visite d’État du président français aux États-Unis, la première depuis 1996, est l’occasion pour François Hollande et Barack Obama d’aborder des sujets aussi divers que la sécurisation du Sahel, la question du nucléaire iranien, le conflit syrien ou encore les accords de libre-échange avec l’Union européenne, elle offre également à François Hollande la possibilité de redorer le blason de l’économie française, de moins en moins attractive pour les investisseurs américains.

François Hollande dans la Silicon Valley

Après son accueil à la Maison Blanche, François Hollande doit s’envoler mercredi en Californie, dans la Silicon Valley, où il doit rencontrer, avec une délégation d’entrepreneurs français, des chefs d’entreprises américains et faire la promotion des start-up françaises.

Après une rencontre avec le maire de San Francisco et le gouverneur de Californie, il rencontrera le patron de Google Eric Schmidt, la numéro deux de Facebook, Sheryl Sandberg, et le cofondateur de Twitter Jack Dorsey. Il inaugurera également le « US French Tech Hub », décrit comme « un accélérateur de start-up dont l’ambition est d’aider à l’internationalisation des jeunes pousses françaises » et une « vitrine de l’excellence et de l’innovation françaises ».

Les États-Unis en tête des investissements étrangers en France

L’enjeu est de taille pour le président français, qui a tout à gagner à rassurer les investisseurs américains. Car les États-Unis sont le premier pays d’origine des investissements étrangers créateurs d’emploi en France selon le rapport annuel 2012 publié par l’Agence française pour les investissements internationaux.

Avec 156 projets ayant généré 5 565 emplois, soit « 23% de l’ensemble des investissements étrangers créateurs d’emploi recensés en France », les investisseurs américains tiennent encore une belle part du marché français.

Selon le rapport, plus de 1 240 groupes américains, qui comptent environ 14 000 établissements et emploient 440 000 salariés, sont présents dans l’Hexagone, essentiellement dans la région Île-de-France qui accueille à elle seule un tiers des projets d’investissements américains en France. « Les entreprises américaines privilégient l’implantation de centres de décision (26%) et les activités de production (21%). La présence américaine dans le secteur des logiciels et prestations informatiques est forte avec 38% des investissements réalisés », note encore le rapport.

Baisse de moral des investisseurs américains

Les Américains tiennent également le haut du pavé en termes de stock d’investissements directs, avec un total de 93,7 milliards d’euros, soit environ un cinquième du stock total d’IDE en France. Mais le contexte économique français rebute de plus ou plus les investisseurs américains.

Selon une étude sur le moral des investisseurs américains en France, réalisée par la Chambre de commerce américaine en France (AmCham) et le cabinet de conseil Bain Company, publiée en octobre dernier, moins de 13% seulement des entreprises américaines ayant investi sur le territoire français ont une « perception positive » du pays.

Selon l’AmCham, cette « baisse du moral » est attribuée à une triple perception : un manque de lisibilité de l’agenda politique du gouvernement, une manque de prévisibilité des changements de législation et une complexité croissante de la législation fiscale et du travail, qui rend la lecture difficile pour les investisseurs étranger.

Un autre image de la France

Selon Thomas Snégaroff, directeur de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques et spécialiste des États-Unis, la visite de François Hollande visera donc à « rassurer les potentiels investisseurs américains, qui considèrent aujourd’hui que l’environnement économique français est instable, très bureaucratique, marqué par des taxations très élevées », comme la fameuse taxe à 75%.

« Il y a donc beaucoup de liens à retisser avec les États-Unis pour permettre la relance économique française », note le chercheur. « Le tournant libéral récemment opéré par François Hollande sert aussi à montrer qu’il n’est pas du tout hostile à l’entrepreneuriat et à la prise de risques, au contraire », ajoute-t-il.

Le président français espère ainsi donner une autre image de la France, loin des clichés relatés par les adeptes du french bashing comme Maurice Taylor, PDG du fabricant américain de pneus Titan International, candidat à la reprise dune partie des activités de l’usine française Goodyear d’Amiens, et qui affirmait l’année dernière que « les ouvriers français ne travaillent que trois heures par jour ».

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