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Les dessinateurs saisissent leur crayon pour défendre le droit à l’IVG

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En Espagne, le projet de loi limitant considérablement le droit à l’avortement a franchi une première barrière au Congrès des députés, mercredi 12 février. Les membres de la Chambre basse du parlement ont rejeté, à bulletins secrets, une proposition du Parti socialiste espagnol (PSOE), qui réclamait « le retrait immédiat » du texte.

Le projet de loi présenté par le ministre de la justice Alberto Ruiz-Gallardón a provoqué un tollé sur la péninsule ibérique. La mobilisation ne faiblit pas: pétitions en ligne, manifestations massives aux quatre coins du pays, films, dessins… Les défenseurs de l’IVG multiplient les initiatives pour faire reculer le gouvernement. 

« L’image est un langage universel »

A Madrid, l’Association des Auteurs de Bandes Dessinées a par exemple développer le Tumblr « Wombastic » où les professionnels et les amateurs peuvent poster leur dessins contre la loi Gallardón.  

« L’idée est d’apporter notre soutien, par le graphisme, aux personnes mobilisées contre la loi sur l’avortement présentée par les conservateurs au pouvoir. Beaucoup de dessinatrices participent activement aux manifestations, mais nous croyons à la force et à l’impact des images :  nous pouvons faire évoluer les choses avec ces illustrations » explique à JOL Press Carla Berrocal, dessinatrice et membre de l’association. 

« Le pouvoir des images est beaucoup plus important que les mots. En un coup d’oeil, nous pouvons rendre mal à l’aise ou transmettre une idée forte. Sans oublier que l’image est un langage universel. Nous espérons que ces dessins aient un impact sur les gens et les sensibilisent pour un avortement libre et gratuit » poursuit-elle.

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« Une loi absurde »

Fustigeant une loi ramenant les femmes trente ans en arrière, Carla Berrocal accuse l’Etat de vouloir légiférer sur le corps des femmes contre leur gré. Pour elle, il est fondamental que les artistes soient aussi engagés dans ce combat : «  Le seul moyen que nous avons pour lutter, à part défiler dans la rue, est d’user de la satire et la critique dans nos travaux pour contrer cette loi absurde ».

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« Le train de la liberté »

Outre, l’Association des Auteurs de Bande Dessinée, 60 cinéastes espagnols regroupées au sein de l’association de Femmes Cinéastes et des Moyens Audiovisuels (CIMA) sont en train de tourner un film sur le « Train de la liberté », retraçant le périple des organisations féministes – depuis les Asturies jusqu’à leur arrivée Madrid le 1er février dernier – pour manifester contre le projet de loi très restrictif.

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« Un parcours du combattant »

Au mois de décembre dernier, le ministre de la justice Alberto Ruiz-Gallardón a annoncé la révision de la loi sur l’avortement de 2010, votée sous le gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero. Cette loi, toujours en vigueur aujourd’hui, autorise l’IVG jusqu’à 14 semaines et 22 semaines en cas de risques de santé – physique ou psychologique – pour la mère ou d’anomalies du fœtus.

Mais le nouveau texte controversé, adopté le 20 décembre dernier, limite le droit à l’IVG à quelques cas précis : si la grossesse est facteur « d’un grave danger pour la vie ou la santé physique ou psychologique de la femme », ou en en cas de viol ayant au préalable fait l’objet d’une plainte. Les jeunes filles mineures ne pourront plus se faire avorter sans l’autorisation de leurs parents.

« La loi transforme l’accès à l’avortement en un parcours du combattant pour les femmes, avec intervention de plusieurs instances sanitaires et juridiques. Plusieurs associations de professionnels de la santé ont prévenu le gouvernement qu’avec ce parcours, l’accès à l’avortement devient presque impossible » expliquait récemment à JOL Press Mercedes Yusta, Historienne et professeure en Histoire contemporaine de l’Espagne à l’université de Paris 8.

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