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«L’excision n’est plus un sujet tabou»

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JOL Press : Quel état des lieux peut-on faire de l’excision dans le monde aujourd’hui ? Dans quels pays la situation est-elle la plus préoccupante?  
 

Koudédia Keita : L’excision reste une pratique répandue. Selon le rapport de  l’UNICEF de 2013 sur les mutilations génitales, environ 125 millions de femmes seraient excisées, et environ 30 millions filles de moins de 15 ans pourraient l’être dans les 30 prochaines années. 

La situation reste préoccupante dans plusieurs pays : toujours selon le rapport de l’UNICEF, on constate que la pratique de l’excision est élevée dans les pays de la corne de l’Afrique et de l’Afrique de l’Ouest.

JOL Press : Peut-on dire que cette pratique est en recul ?
 

Koudédia Keita : Aujourd’hui, on accepte de parler de l’excision donc ce n’est plus un sujet tabou. C’est un thème qui suscite des débats au niveau national, aussi bien les pouvoirs publics que les associations communautaires et des associations locales. On peut citer le travail qui a été fait par les PMI françaises, les corps enseignants, les fédérations comme le GAMS, les juristes et aujourd’hui l’association Marche En Corps contribue pour sensibiliser et libérer la parole.

C’est une pratique qui n’a plus d’avenir ; d’ailleurs les filles sont ensuite suivies et même réparées. J’espère que la pratique de l’excision ne sera bientôt plus qu’un mauvais souvenir des sociétés africaines ou autres ; les exciseuses ne veulent pas être dépeintes sous les traits de « barbares » selon l’expression « excision pratique barbare »

JOL Press : Assiste-t-on  à des excisions clandestines en France ?   
 

Koudédia Keita : Jusqu’en 1993, la France sanctionnait en appliquant des peines légères mais symboliques. Depuis l’excision est réprimée on encourt des peines de 10 à 15 de prisons voire 20 ans.

JOL Press: Quel est l’objectif de l’association Marche en corps ? Comment l’association se mobilise-t-elle pour sensibiliser l’opinion et lutter contre ces pratiques ?
 

Koudédia Keita : L’association Marche En Corps – qui puise ses origines dans le jumelage de Nara (Mali) Quimperlé (Bretagne) – se bat pour la promotion des droits humains. Concernant la mutilation génitale féminine/excision, l’association organise, dans le respect des enfants, des femmes et des hommes, des événements pour l’abolition de l’excision,  et notamment des marches, en Europe et en Afrique.

La marche est un symbole fort: elle frappe l’esprit, elle mobilise, elle est visible et favorise les rencontres, elle libère la parole, elle interpelle. D’ailleurs une Marche a été organisée entre Quimperlé (Bretagne) et Angers au printemps 2013, ainsi qu’une Marche en Ile de France en automne 2013, et une Marche au Mali, qui est encore en projet. L’association coproduit également des films documentaires et des DVD (52 min, 26 min), et propose des recueils de témoignages et organise des débats.

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