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Libye: l’Etat reconnaît les femmes violées comme «victimes de guerre»

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Un décret reconnaissant le statut de victimes de guerre aux femmes violées pendant les huit mois de la révolution libyenne a été adopté le 19 février par le gouvernement. 

Des mesures de réparation

En reconnaissant la gravité de ces violences, l’Etat s’engage ainsi à accorder plusieurs mesures de réparation aux femmes violées pendant la révolution : notamment une pension mensuelle, des soins médicaux, une priorité pour accéder aux emplois publics, l’obtention de prêts immobiliers, ainsi qu’une assistance dans les poursuites judiciaires contre leurs agresseurs. Le décret prévoit également des mesures pour protéger les enfants nés de viols et faciliter leur adoption.

« Des réparations cruciales »

Le texte qui a été élaboré dès le mois de juin dernier par Salah Al-Marghani, le ministre de la Justice libyen, attendait toujours d’être voté. « L’adoption de cette loi serait une avancée considérable vers la reconnaissance des victimes de viols en tant que victimes de guerre, sur un pied d’égalité avec les victimes de torture et d’autres crimes de guerre. La reconnaissance, la justice et la réparation fournies par cette loi sont cruciales pour les victimes et pour la reconstruction de la Libye », expliquait le 28 novembre dernier Karim Lahidji, Président de la FIDH, à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes.

Détermination

Les Libyennes ont été nombreuses a manifester cette année sur la place des Martyrs à Tripoli ou devant le Congrès général national pour exhorter les autorités libyennes à reconnaitre les milliers de viols commis pendant le soulèvement qui a mené à la chute du dictateur Mouammar Kadhafi, en 2011.

D’après la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH), des milliers de femmes ont subi des violences sexuelles pendant le conflit par des combattants armés. Impossible toutefois d’avancer un chiffre précis, étant donné qu’aucune enquête n’a été menée pour déterminer le nombre exact de victimes qui refusent de s’exprimer par peur de représailles de leur famille et d’être exclues de leur communauté. Le décret adopté prévoit par ailleurs de recenser les victimes avec la mise en place d’une commission spéciale dans plusieurs villes.

Pour l’exemple

Souhayr Belhassen, présidente d’honneur de le Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH), espère que d’autres pays s’inspirent de ce texte : « Cette loi était attendue par des milliers de femmes en Libye. Nous espérons maintenant qu’elle inspirera d’autres pays dans le monde », a-t-elle déclaré, précisant qu’il s’agissait d’une « première mondiale »

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