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Loi famille : le Parti socialiste se défend de tout malaise à gauche

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Jeudi 6 février, Jean-Christophe Cambadélis, député PS de Paris, signait une tribune intitulée « Quel bordel ! » dans laquelle il exprimait son incompréhension face à la politique du gouvernement. « En France on défile contre une loi pour ce qu’elle n’est pas. Et le gouvernement la retire non pour ce qu’elle contient mais pour les amendements qu’elle pourrait induire… » Et d’ajouter : « Mieux ! La droite qui n’a pas participé à la manifestation de dimanche, voire a estimé qu’elle n’était pas utile alors que le texte mariage pour tous avait été voté (Christian Jacob)… L’UMP s’applaudit d’avoir gagné. »

Mais ce malaise est-il partagé par d’autres parlementaires ? Le gouvernement a-t-il réussi à se faire comprendre de sa majorité ? Eléments de réponse avec David Assouline, porte-parole du Parti socialiste. Entretien.

JOL Press : Comment expliquer la décision du gouvernement de reporter la loi famille ?

David Assouline : Il ne s’agissait pas de ne plus aborder les questions de cette loi « famille » qui peuvent revenir notamment à travers des propositions de loi d’initiatives parlementaires, je pense en particulier au statut des beaux-parents, mais de mettre fin aux amalgames provoqués par les manifestants qui parlaient de théorie du genre qui n’existait pas, de la GPA qui n’a jamais été une proposition des socialistes et de la PMA qui n’était pas prévue dans le texte de loi famille puisque le Président, sur cette question, préfère attendre les recommandations du Comité consultatif national d’éthique.

On voyait bien que le débat public portait sur des questions qui n’avaient pas de liens directs avec la proposition de loi de Dominique Bertinotti. Le gouvernement a donc voulu affirmer que cette loi n’était pas une priorité de son agenda parlementaire des mois qui viennent puisque l’emploi et le pacte de responsabilité sont au cœur de son engagement immédiat. 

JOL Press : Trois jours après l’annonce du report de la loi Famille au-delà de 2014, le Premier ministre assurait ce jeudi que son gouvernement était disposé à « examiner sans tarder » certains aspects du projet. On ne comprend plus trop…

David Assouline : Le gouvernement a jugé qu’une loi globale à son initiative sur la famille dès le mois d’avril offrirait un terrain à ceux à droite qui, depuis quelques semaines, ont semé la confusion dans le débat public. Par ailleurs, la discussion autour de ce projet de loi aurait pu faire émerger des amendements sur des questions qui n’ont pas encore  été réglées, comme la PMA, et le gouvernement ne voulait pas que cette question soit traitée dans ce cadre. Le Parti socialiste considère, en revanche, que toutes les questions, qui étaient envisagées par Dominique Bertinotti, sur la protection des familles, sur la garde des enfants, sur le statut des beaux-parents ou sur l’adoption simple, trouvent des réponses, dans les mois qui viennent.

JOL Press : Mais comment remettre ces questions dans le débat public sans passer par une loi famille ?

David Assouline : On peut, à travers des propositions de loi, d’initiatives parlementaires donc, à l’Assemblée, comme au Sénat, faire en sorte que ces questions soient abordées et trouvent des solutions grâce à des délibérations parlementaires. Que ces questions soient abordées dans le cadre d’une loi globale du gouvernement ou dans le cadre de diverses propositions de loi n’a pas, en soit, tant d’importance que cela. Il faut bien comprendre que nous avons besoin d’un débat serein et clair tant la droite cherchait à semer la confusion.

JOL Press : Nous savions que le Comité national d’éthique ne rendrait pas de décision avant 2015, pourquoi avoir attendu le lendemain de la Manif pour tous pour annoncer le report du projet de loi ?

David Assouline : Je crois qu’il faut prendre un peu de recul et comprendre qu’il était important que les sujets concrets qui concernent les familles et les enfants ne soient pas troublés par de faux débats. Il n’est pas question d’enterrement de la loi famille du gouvernement mais d’un besoin de clarifier et de lever toutes les suspicions, toutes les rumeurs sur des questions qui n’étaient pas contenues dans la loi de Dominique Bertinotti. C’est désormais sur cette base que nous allons travailler.

JOL Press : Quand, jeudi matin, dans une tribune, le député PS, Jean-Christophe Cambadélis, exprime son incompréhension vis-à-vis des choix du gouvernement, que lui répondez-vous ?

David Assouline : Quand le gouvernement réagit à une actualité et prend une décision, certains parlementaires peuvent ne pas comprendre immédiatement et certains même ne peuvent pas s’empêcher de manifester publiquement leur mécontentement. Je suis, pour ma part, porte-parole du Parti socialiste, et à ce titre je me soumets à un exercice de responsabilité et d’expression d’une parole collective auquel je ne dérogerai pas. Faut-il exposer ses états d’âme ? Je peux en avoir aussi, mais je crois que les Français souhaitent que ceux qui sont en charge de diriger le pays soient dans une stabilité, dans une cohérence et partagent une parole collective. 

Propos recueillis par Marine Tertrais pour JOL Press

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