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Municipales: et si les électeurs se comportaient en consommateurs avertis ?

C’est une longue tradition que celle qui veut que les Français s’offrent quelques libertés avec leurs devoirs de citoyen et décident de temps à autre – souvent – de se « tromper » d’élection, de ne pas répondre à la question qui leur est posée et d’utiliser leurs bulletins de vote pour exprimer un mécontentement, voire une colère.

Les exemples ne manquent pas, ne serait-ce que sous la Vème République.

Que l’on se souvienne de 1969 et ce référendum sur la régionalisation transformé en plébiscite pour ou contre le maintien du général de Gaulle au pouvoir… Ou encore des référendums sur les traités européens de Maastricht en 1992 et Lisbonne en 2005 lors desquels des pouvoirs à bout de souffle, en fin de course, firent grimper le camp des anti-européens – au point de les rendre majoritaires au deuxième essai.

La promesse d’une Bérézina

A moins d’un mois des élections municipales des 23 et 30 mars, on peut aisément imaginer que les électeurs français se préparent à user de cette opportunité – la première depuis l’élection de François Hollande le 6 mai 2012 – pour traduire dans les faits le mécontentement qu’ils ressentent à l’égard de la politique du gouvernement et, plus généralement, le comportement du Chef de l’État.

Concrètement, les candidats PS seraient laminés, l’UMP remporterait une victoire nette et le FN ferait son entrée en masse dans les conseils municipaux, étape de plus vers son implantation durable sur l’ensemble du territoire.

Ce scénario est sans doute le plus probable, le plus logique, mais ce n’est pas exactement ainsi qu’il devrait, dans les faits, se dérouler.

Une nouvelle maturité démocratique

Et si les électeurs français ne se trompaient pas d’élections ? Et si, plutôt que de céder libre cours à leur seule colère, il se posait la question de savoir qui, de tous les candidats se disputant leurs suffrages, est le mieux à même – ou la mieux à même – de remplir le poste en jeu, celui de maire ?

C’est bien cette tendance qui semble se dessiner à l’analyse de nombreuses études d’opinion – jusqu’au sondage Institut CSA pour JOL Press que nous publions vendredi 28 février.

Si, à Saint-Quentin, la lecture des chiffres de l’enquête pourrait laisser penser que l’on assiste – tout simplement – à un rejet de la gauche, et plus précisément du PS, ce n’est sans doute pas la seule explication d’une possible victoire au 1er tour de Xavier Bertrand.  Les Saint-Quentinois prennent en compte les hommes, les bilans et les programmes…

Ailleurs, cette même tendance expliquera aussi que des candidats socialistes parviennent à conserver leurs mairies, malgré un contexte national si profondément défavorable. Et que les candidats du FN voient leurs progressions contenues…

Cette tendance n’est pas entièrement nouvelle. Pourtant, il y a fort à parier que l’intensité et la durée des crises que nous traversons – financière, économique, sociale, morale et politique – associées aux mutations technologiques auxquelles nous sommes confrontés, force l’électeur à une plus grande maturité, à une plus grande exigence, à une plus grande vérité.  

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