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Pape Diouf à Marseille: une candidature à prendre au sérieux

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Courtisé par le PS et EELV, l’ancien président de l’OM a finalement choisi de se lancer dans la campagne des municipales à Marseille à la tête d’une liste « d’ouverture et de rassemblement ». « Oui, je suis candidat à la mairie de Marseille », a déclaré Pape Diouf à La Provence, lundi 3 février. « Non pas sur les bases d’une ambition personnelle. Mais simplement sur une démarche citoyenne. Il me semble aujourd’hui que Marseille a besoin d’une nouvelle donne, d’une rupture. Que cette ville que j’aime a besoin d’être recousue sur le plan social, sur tous les plans… »

Son ambition ? « Permettre à cette ville que j’aime, à ses habitants que j’aime, de retrouver la place qui est la sienne et qu’elle n’aurait jamais dû quitter ».

Pouvait-on s’attendre à une telle candidature ? Eléments de réponse avec Jérôme Jessel, journaliste sportif, auteur de nombreux ouvrages sur le football.

JOL Press : Que représente Pape Diouf dans le monde du football et à Marseille ?

Jérôme Jessel : Pape Diouf est un exemple pour beaucoup de gens qui veulent réussir dans le football. Il a été un agent incontournable pendant plusieurs années. C’est un exemple aussi pour beaucoup de Marseillais. Homme de couleur, « self-made-man », Pape Diouf est très populaire à Marseille. En tant que président de l’OM, il a eu un rôle très politique. Par ailleurs, je pense qu’il a une belle cote de sympathie, ce qui fait de lui un candidat intéressant qui peut jouer les trouble-fêtes.

Pape Diouf s’est fait tout seul, il a commencé comme simple journaliste à La Marseillaise et à la Gazette de Montpellier, puis a réussi à gravir les échelons jusqu’à devenir un homme influent et respecté. C’est un exemple pour un grand nombre de jeunes qui aimeraient connaître le même parcours que lui. Aujourd’hui c’est un homme riche qui cherche le pouvoir et qui a de grandes chances d’aller encore plus loin.

JOL Press : Cela vous étonne-t-il qu’il souhaite entrer en politique ?

Jérôme Jessel : Non, absolument pas. Il avait déjà quelques proximités politiques avec le Parti socialiste, en 2012, il avait choisi de soutenir François Hollande, on a murmuré son nom pour le ministère des Sports mais je pense que son passé d’agent, un peu sulfureux, l’en a empêché. Il a quoiqu’il en soit des velléités politiques depuis pas mal de temps. Pape Diouf a voulu une liste d’ouverture pour se placer comme une personnalité incontournable sur l’échiquier politique marseillais. Je pense qu’il peut atteindre les 10% allègrement.

Il a beaucoup d’angles d’attaque. Il pourrait mettre en avant les valeurs de travail, de persévérance et d’intégration. Pape Diouf dénote dans le paysage politique. Son parcours lui donne une véritable indépendance. Jean-Claude Gaudin (UMP) et Patrick Mennucci (PS) sont presque trop connus à Marseille.

JOL Press : Peut-on faire des rapprochements entre pape Diouf et Bernard Tapie ?

Jérôme Jessel : Si les deux hommes se respectent, ils ne partagent pas particulièrement de fascination mutuelle. Pape Diouf est moins impulsif, plus réfléchi que Bernard Tapie, il a cependant moins de charisme et certainement moins d’audace. En revanche il est tout à fait possible que Bernard tapie soutienne Pape Diouf à Marseille.

JOL Press : Venir de l’OM, est-ce un atout pour la mairie de Marseille ?

Jérôme Jessel : Quand il était président de l’OM, Bernard Tapie racontait que lorsqu’il allait à l’étranger on disait qu’il était le maire de l’OM…Tout est là… Le patron de l’OM est le patron de Marseille. Pape Diouf n’est pas sûr de remporter Marseille mais il a moyen de créer la confusion. C’est déjà énorme.

Propos recueillis par Marine Tertrais pour JOL Press

Jérôme Jessel, 38 ans, grand reporter à VSD durant dix ans, est aujourd’hui journaliste indépendant et scénariste. Il a déjà publié avec succès Sexus Footballisticus, Sexe Football Club, La Face cachée du foot business

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