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Pourquoi une entreprise comme Facebook ne peut pas naître en France

Mardi 4 février, Facebook célèbre sa dixième année d’existence. Dix ans, pas plus. Les dirigeants fondateurs de Facebook fêtent cet anniversaire en grande pompe. Dix ans pendant lesquels Facebook a créé, avec Google et Amazon, les bases d’une nouvelle économie mondiale.

Ces trois entreprises ont tout inventé. L’évolution dépasse tout ce qu’on a appris dans les écoles de management ou d’économie. Facebook est passé par toutes les étapes du développement d’une entreprise, mais a fait en dix ans le chemin que l’automobile a parcouru en plus d’un siècle. C’est dire l’accélération vertigineuse. Sinon, les étapes sont les mêmes, soit la création, l’innovation et l’expansion mondiale.

Au départ, un processus d’offre d’un entrepreneur de génie dont l’intuition va créer un marché mondial et des revenus qui permettent de se diversifier pour aller plus vite et plus loin. Facebook touche aujourd’hui plus d’un milliard de personnes, ses clients. Facebook est devenu incontournable, indispensable. Comme l’automobile. Marck Zuckerberg va fêter ses 30 ans cette année.

Dans ce monde éclaté, chacun a besoin de se retrouver dans une communauté d’amis

Quand il a démarré, il était encore potache à Harvard et son projet était de créer un logiciel qui permette d’échanger via internet des photos de copains, des souvenirs, etc. Son projet, c’était aussi de draguer les filles… Son coup de génie est peut-être d’avoir piraté la base de données de son université. Ce qui lui a permis d’étendre sa toile très rapidement.

Mais quand on raconte une légende on en oublie les points les plus sombres. Passons. Cela n’enlève rien à la pertinence de l’intuition de départ. A savoir que dans ce monde éclaté, chacun a besoin de se retrouver dans une communauté d’amis. De chercher son identité. Le concept de réseau social allait donner naissance à une formidable entreprise commerciale. Une formidable vitrines pour tous ceux qui ont quelque chose à dire ou à vendre. La blague de potaches vaut aujourd’hui 150 milliards de dollars.

Dix années pendant lesquelles les records se sont multipliés et les chiffres se sont superposés. Avec des bugs parfois. Évidemment. Le plus gros, le plus dangereux s’est produit au moment de l’introduction en bourse. En mai 2012, la plus grosse introduction a failli tourner à la catastrophe. Trop ambitieux, trop arrogants. Mal conseillés, enivrés par le succès, les dirigeants de Facebook se sont fait rappeler à l’ordre par les investisseurs. L’entreprise a mis un an à s’en remettre et à retrouver une ligne de croissance cohérente.

Premier point, la monétisation du succès. Faire comprendre au marché de la publicité que Facebook pouvait offrir des cibles d’amis homogènes autour d’un centre d’intérêt, une passion, une activité.

Deuxième point, s’adapter à l’évolution technologique et particulièrement à la mobilité. Le succès du smartphone a obligé les dirigeants à changer complètement et leur approche et leur technologie.

Troisième point, s’attaquer aux marchés émergents.

Tout se passe comme si l’Europe avait perdu la recette de l’économie d’offre

Quatrième point, diversifier le produit en gamme. Brancher autour du réseau, d’autres réseaux plus spécialisés, et plus créateurs de richesse. L’évolution de Facebook n’est donc pas différente de ce qui s’est passé dans l’automobile. Au départ, une offre de produits et de services qui ne correspond à aucune demande préexistante mais simplement à l’intuition et aux talents de quelques ingénieurs.

Que les Ayatollahs de la demande, tous les amis de Jean-Luc Mélenchon et les autres qui viennent donner des leçons en permanence, ne nous racontent pas qu’il existait une demande de clients assoiffés de Facebook ! Idem dans l’automobile au 19ème siècle. Des ingénieurs se sont amusés à bricoler des petites engins qui roulent, puis les ont vendu aux voisins, puis au pays tout autour, puis en Europe, et dans le monde entier.

Dans la technologie de la communication comme dans l’industrie automobile, on s’est adapté aux évolutions technologiques, les moteurs ont changé, l’état des routes aussi. Puis enfin, on offre une gamme élargie de produits et de services. Ce qui est différent, bien sûr, c’est la vitesse d’évolution. Ce qui est différent, c’est que les trois entreprises qui domine cette industrie aujourd hui ont quasiment le même âge. Facebook, Google et Amazon ont toutes dix ans. Ce qui est différent, c’est que leur dimension a été, dès le départ, mondialisée.

En comparaison, l’automobile a mis plus d’un siècle pour commencer à conquérir les émergents. Enfin, ce qui est très diffèrent, c’est que les grands groupes automobiles sont nés en Europe, en Grande Bretagne, en France et en Allemagne. Les trois grandes entreprises qui règnent sur l’industrie de la communication sont toutes nées aux États-Unis.

Tout se passe comme si l’Europe, la vieille Europe obsédée par une demande interne de sécurité et de confort, avait perdu la recette de cette économie d’offre que le président de la république voudrait essayer de réécrire contre l’avis de ses amis. Ce qui est bien son problème.

 

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