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Russie: portrait des espionnes qui ont bouleversé le XXe siècle

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La star du cinéma muet Olga Tchekova, la danseuse étoile Maia Plissetskaia, ou encore l’espionne illégale du Kremlin Anna Chapman…: ces femmes de l’ombre ont eu une sorte de génie de la vie. Jetées dans la mêlée des évènements, elles furent soumises à des tragédies sans nom et à des pressions terribles, émanant de la machine à broyer les hommes mise en marche par le Kremlin hier comme aujourd’hui. Ces femmes n’étaient dépourvues ni d’intelligence, ni de lucidité, ni de conviction, ni de passion amoureuse.

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Extraits du « Le Roman des espionnes » de Vladimir Fédorovski ( Editions du Rocher)

Olga Tchekhova : l’espionne qui voulait tuer Hitler

Derrière un matérialisme de façade constamment réaffirmé, la dictature stalinienne fut, au fond, intimement liée à la pratique religieuse. Même si Staline quitta sans aucun diplôme le séminaire dans lequel il avait séjourné quatre ans, les études qu’il y fit marquèrent durablement sa mentalité : percevant le monde en noir et blanc, le « guide suprême » réduisait toute la complexité de l’univers à des formules simplifiées, souvent énoncées en termes absolus, déclamatoires ou litaniques. en allant plus loin, on pourrait également dire que l’importance qu’il accordait aux symboles, son désir de visualiser l’avenir et d’introduire ces images dans des millions de cerveaux grâce à la propagande s’apparentaient parfois à des pratiques de magie.

Par cette manipulation des masses, Staline agissait comme Hitler qui, lui aussi, savait galvaniser le peuple et se faire aduler. Le Führer se prenait, il est vrai, pour un médium, ce que Staline n’ignorait pas, grâce au travail d’un de ses précieux agents, Olga Tchekhova.

La première fois que j’entendis prononcer ce nom dans les années 1970, ce fut lorsque, diplomate à paris, je vins voir Evreïnova, veuve du célèbre homme de théâtre, qui connaissait bien Tchekhova. Elle évoqua ce soir-là les activités de la belle Olga qui informait Staline des aspects les plus secrets de la personnalité d’Hitler. Comme je m’en étonnais, Evreïnova me répondit :

« Rien n’était plus simple, vous savez. Olga Tchekhova était une grande amie d’eva Braun et se passionnait pour les expériences occultes du IIIe reich ! »

J’ai noté à l’époque ces propos dans mon journal.

Grâce à Olga, Staline savait donc qu’Hitler recourait à « la visualisation de l’avenir et [à] la magie noire ». par le moyen de pratiques ésotériques qu’il maîtrisait, l’image désirée pouvait devenir réalité. Toute la méthode de propagande de Staline fut également orientée vers l’« introduction de cette image dans des millions de cerveaux »…

Alors que j’étais demeuré quelque peu sceptique devant ces allégations, j’eus bien plus tard confirmation du rôle d’Olga par le livre de Sergo Beria, fils de Lavrenti Beria qui commandait alors les services secrets soviétiques.

Selon lui, c’était bien Olga Tchekhova qui informait son père des habitudes d’Hitler. Constructeur de fusées, Sergo était à l’époque un agent de renseignements « techniques », et il était formel : Olga était en étroite relation avec Beria depuis de nombreuses années.

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Ancien diplomate russe et auteur de plusieurs ouvrages historiques, dont « Le Roman des espionnes », Vladimir Fédorovski est aujourd’hui l’écrivain d’origine russe le plus édité en France. Il a été choisi par le service des sports de France Télévisions pour commenter la cérémonie d’ouverture des JO de Sotchi, le vendredi 7 février entre 17h et 20h sur France 2.

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