Site icon La Revue Internationale

Sotchi 2014: victoire sportive et linguistique des pays francophones

a.jpga.jpg

Canadiens, Français et Suisses ont bien figuré au cours des Jeux olympiques de Sotchi. Respectivement 10, 4 et 6 médailles d’or. Un bon cru, tant sur neige que sur glace, pas si loin de la première place du classement, occupée par le pays hôte. Mais outre le sport, une autre compétition s’est déroulée sur les bords de la mer Noire. En coulisse cette fois : le match linguistique, qui a opposé le russe, langue nationale à l’anglais et au français, langues officielles du Comité international olympique (CIO). Ici aussi, les francophones n’ont pas fait que de la figuration.

[image:1,l]

La glace aux Canadiens, la neige aux Français et aux Suisses

La glace a été canadienne à Sotchi. En hockey sur glace, Canadiens et Canadiennes ont tout raflé, s’offrant même des victoires de prestige contre le voisin américain. Les femmes ont arraché l’or en prolongations tandis que les hommes ont eu plus de facilité en finale contre la Suède (3-0) qu’au tour précédent où l’oncle Sam a vendu chèrement sa peau (1-0) au terme d’un match heurté.

En curling, le résultat fut le même, à la différence que l’adversaire était une autre nation anglophone bien connue : le Royaume-Uni. Victoire des femmes 6-4 en demi-finale. Victoire des hommes 9-3 pour l’or. Autrement, les Canadiennes se sont également illustrées en ski acrobatique et bobsleigh, alors que les Québécois Alexandre Bilodeau et Charles Hamelin remportaient le titre, également en ski acrobatique et en short-track respectivement.

Les Français, quant à eux, ont été plus à leur avantage sur la neige de Sotchi. Martin Fourcade n’a pas fait le voyage pour rien en Russie, glanant deux médailles d’or et une médaille d’argent en biathlon. A ses côtés, Martin Vautier l’a emporté en snowboard et Jean-Frédéric Chapuis en ski acrobatique. Pour 48 centièmes, Steve Missilier aurait pu apporter à la France sa première médaille d’or en ski alpin masculin depuis Antoine Dénériaz au JO de Turin en 2006.

Les épreuves de ski dans lesquelles les représentants suisses ont également brillé, y remportant 4 de leurs 6 médailles d’or, les deux autres ayant été décrochées en snowboard.

L’OIF, gardien de l’usage du français à Sotchi

Mais outre ces bons résultats sportifs, représentés notamment par le record de médailles pour la France lors de Jeux olympiques d’hiver, une autre compétition s’est déroulée dans l’antichambre de Sotchi. En effet, l’usage des langues par les organisateurs fait l’objet de grandes attentions de la part de la communauté internationale.

A cet égard, l’anglais et le français sont incontournables, étant les deux langues officielles du Comité international olympique. L’anglais en tant que langue de travail traditionnelle de toute organisation internationale. Le français en raison de l’importance du rôle joué par le pays et le Baron de Coubertin lors de l’émergence des Jeux olympiques modernes à la fin du XIXe siècle. Et à ces deux langues officielles s’ajoute, si différente, celle du pays hôte, en l’occurrence le russe.

A Sotchi, témoigne Audrey Delacroix, Commissaire pour la langue aux JO de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), force est de constater que la place revenant au français a été respectée. « Dans l’ensemble, la situation est encourageante », a indiqué Audrey Delacroix. « Il y a de beaux efforts qui ont été faits. La langue française est relativement bien représentée ».

Les traducteurs et interprètes français, canadiens, suisses et belges ont été sous-employés par les autorités russes 

Parmi les motifs de satisfactions figurent bien sûr les discours prononcés en français lors des cérémonies d’ouverture et de clôture par le président du CIO Thomas Bach. En outre, les annonces officielles, notamment pour les remises des médailles, ont été réalisées en français en premier, avant les traductions en anglais et russe. Et hormis quelques manquements en ce qui concerne les annonces durant les épreuves et la signalétique, le français a eu sa place à Sotchi.

Une conclusion que devrait confirmer l’académicienne spécialiste de l’histoire russe Hélène Carrière d’Encausse, désignée Grand témoin par Abdou Diouf, président de l’OIF. Néanmoins, note l’OIF dans une interview donnée à TFO Canada, il est vrai que la langue russe a occupé une place prépondérante lors des JO de Sotchi. L’événement comporte naturellement des enjeux dépassant largement le cadre sportif et le pays a utilisé cette manifestation pour asseoir « son repositionnement sur la scène internationale ».

De plus, certains dysfonctionnements dans l’organisation des Jeux ont été préjudiciables à la langue française. Les traducteurs et interprètes français, canadiens, suisses et belges ont ainsi été sous-employés par les autorités russes et parfois assignés à des missions éloignées de leurs compétences. Des défaillances auxquelles l’OIF entend remédier dès les JO de Rio prévus pour 2016. Tout comme il a été demandé aux athlètes francophones de s’exprimer dans leur langue maternelle plutôt qu’en anglais (qu’ils ne maitrisent pas nécessairement) afin de concourir à l’effort commun de défense du français lors des Jeux olympiques.

Quitter la version mobile