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Sotchi, Pyeongchang… Les stations de ski françaises reléguées en ligue 2?

13.02.2014 par La Rédaction

Pyeongchang succèdera à Sotchi en 2018 pour l’accueil des JO d’hiver. Le choix de villes néophytes en matière de sports d’hiver marque-t-il un désamour des stations traditionnelles ? Le parc skiable français doit-il s’inquiéter du nouvel engouement pour des pentes exotiques, à l’autre bout du monde ? Pour Éric Monnin, sociologue du sport et auteur du livre « De Chamonix à Sotchi, un siècle d’olympisme en hiver », ce n’est qu’une question de coût. La mode étant fluctuante et les Français attachés à leurs racines, les stations comme La Clusaz, Val d’Isère ou Chamonix ne sont pas près d’être délaissées…

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JOL Press : Vancouver en 2010, Sotchi en 2014, Pyeongchang (Corée) en 2018… Les JO d’hiver sont-ils devenus l’apanage de pays « émergents » en matière de sports d’hiver ?

Éric Monnin : Je n’en suis pas certain. On est simplement dans une logique de compétition pour ces candidatures. Dans le cas des Jeux Olympiques d’hiver de 2018, trois villes étaient candidates, à savoir Munich, Annecy et Pyeongchang. L’objectif, pour le CIO, est de désigner la ville proposant les meilleures installations dans un rayon le moins étendu possible, afin de limiter les déplacements. La ville choisie est tout simplement le meilleur dossier présenté.

JOL Press : Au-delà des JO, peut-on constater un désamour touristique pour les pays plus « classiques » et traditionnels de sports d’hiver, tels que les pays scandinaves, la Suisse ou la France ?
 

Éric Monnin : On pourrait voir en effet une forme de rejet de ces vieilles stations traditionnelles, comme Chamonix ou Val d’Isère. Mais l’explication est ailleurs. Nous sommes, depuis les années 1980-1990, dans l’ère de la mondialisation économique. Cette mondialisation touche également les secteurs du sport et du loisir.

En outre, le loisir sportif s’inscrit aujourd’hui dans une logique d’aventure. Aller faire du sport consiste à rechercher l’adrénaline, l’aventure, l’exotisme. Le fait de déserter les pentes extraordinaires de Val d’Isère pour aller goûter à l’exotisme de Sotchi ou des montagnes népalaises, participe de cette mondialisation.

Néanmoins, cette recherche de pratiques et de lieux nouveaux n’induit pas forcément une logique de rejet des stations – françaises ou autres – plus traditionnelles.

JOL Press : La raison économique entre aussi sûrement en jeu… Il est sans doute moins coûteux d’aller skier à Sotchi ou dans les pays d’Europe de l’Est que passer une semaine à La Clusaz…
 

Éric Monnin : Vous avez tout à fait raison. Les voyages sont très peu coûteux par rapport à ce qu’on pourrait trouver en France, tout comme les hôtels, les remonte-pentes, les restaurants… Les séjours proposés par les tour-opérateurs défient toute concurrence. Au point qu’il est plus rentable aujourd’hui d’aller à l’étranger pour pratiquer des sports – traditionnels ou innovants – que de le faire en France. Avec l’exotisme et la sensation d’aventure en plus.

JOL Press : N’y a-t-il pas aussi une forme de boboïsation du sport, avec cette recherche impérative d’exotisme, d’innovation et de nouvelles tendances ?
 

Éric Monnin : C’est sûrement le cas chez certaines personnes. Néanmoins la préoccupation majeure n’est pas de dire fièrement « J’ai skié sur les pentes du Népal, sur le Montana ou à Sotchi », mais plutôt « J’ai trouvé une offre extraordinaire qui me permet, pour un prix modique, d’aller skier à Sotchi ».

Cependant, malgré cette mobilité due à la mondialisation, rappelons que 10 à 15% de la population française quitte l’hexagone pour s’expatrier. Les Français ont un double barrage : la peur de partir vers l’inconnu et les incertitudes, mais également la barrière des langues.

JOL Press : Le parc de sports d’hiver français peut-il inverser cette tendance ? Que doit-il faire pour redevenir concurrentiel ?
 

Éric Monnin : La Russie, qui organise en ce moment les JO d’hiver les plus chers de l’Histoire, ne compte que 3 millions de skieurs. En France, ils sont à peu près 10 millions. La France a même le plus grand domaine skiable d’Europe. Ce n’est donc pas une question de modernisation ou d’innovation. Ce qui rebute le plus les touristes de skier en France, c’est le coût ! Nous avons beau avoir des installations extraordinaires et de qualité, nous devons entrer complètement dans l’ère de la mondialisation.

Accueillons des événements planétaires, donnons un coup de jeune à nos stations ! Suivons l’exemple d’Albertville (NDLR : en 1992), qui a été totalement repensée…

Par ailleurs, le sport est dans une logique de mode, et même de consommation pure. La vérité d’aujourd’hui n’est pas celle de demain : le ski alpin a attendu les JO de 1948 (NDLR : à Saint-Moritz) pour dépasser, ou surpasser, le ski de fond.

Autre exemple de cette versatilité des goûts sportifs, on observe un désir de retour aux sources, spécialement dans la population française. Les lieux et pratiques qu’on pense très traditionnels, voire dépassés, reviennent progressivement à la mode, comme par exemple le télémark.

Chaque année, un évènement a lieu sur les chaînes de télévision françaises, et bat des records, alors même que tout le monde le connaît. Il s’agit du film « Les Bronzés font du ski ». Ce succès illustre le bon vivre, la convivialité, le plaisir simple de la neige… Ce retour aux sources vient donc minimiser un peu cette nouvelle tendance à l’exotisme, ce succès de la pratique sportive à l’autre bout du monde…

JOL Press : Comment expliquer la cohabitation de ces deux tendances ?
 

Éric Monnin : Comme tous les touristes, nous aimons bien partir à l’étranger. Mais nous aimons bien revenir aussi, à nos sources, à nos racines.

Le mot consommer est donc primordial : on cherche à consommer du sport et des loisirs, mais on n’envisage pas de vivre comme ça. On veut bien s’exiler, exporter nos pratiques sportives, mais revenir à nos propres racines – familiales, géographiques, professionnelles – nous rassure. Parce qu’elles forgent notre identité. C’est ce qui explique cette dualité entre exotisme et retour aux sources.

JOL Press : Les stations françaises ont eu besoin de plusieurs décennies pour se construire, pour acquérir une qualité de services, un niveau d’excellence, une réputation. Des nouvelles stations comme Sotchi veulent-elles atteindre ce standing en trois ans ?
 

Éric Monnin : Ces pays, dans lesquelles les nouvelles stations de ski poussent comme des champignons, veulent se positionner comme des nations puissantes. La puissance passe donc par la capacité à organiser rapidement des événements mondiaux, et ultra médiatisés. Moins on prend de temps à construire, plus on montre qu’on est puissant, en quelque sorte.

Ici, le constat est encore plus flagrant : la Russie est partie de rien, Sotchi n’avait aucune installation ou infrastructure digne de ce nom… Les JO de Sotchi sont le premier événement international de l’après URSS ! Et ils vont en appeler d’autres : le G8 se tiendra à Sotchi en juin prochain ; le premier grand prix de Formule 1 sur le sol russe également, en octobre 2014.

En France, nous ne sommes pas dans cet esprit. Les stations de ski s’inscrivent dans une pratique sportive, d’esthète, et non une pratique jet set. Elles sont faites pour l’amour du ski et de la nature. Elles se sont donc construites tranquillement, gentiment.

D’ailleurs, en 1968, la France avait la même approche que la Russie aujourd’hui : accueillir les JO d’hiver à Grenoble relevait d’une affirmation de la puissance française sur la scène internationale, en pleine Guerre froide. La ville de Grenoble s’est alors développée très rapidement. La grandeur de la France était « en jeu ».

Propos recueillis par Romain de Lacoste pour JOL Press

———————————————

Eric Monnin est maître de conférences à l’Université de Franche-Comté, docteur en sociologie, agrégé d’éducation physique et ancien judoka. Il est l’auteur de De Chamonix à Sotchi, un siècle d’olympisme en hiver, Éditions Désiris, 2013. Il a reçu en 2013 la médaille Pierre de Coubertin des mains de Jacques Rogge, président du Comité International olympique (CIO).

La Rédaction


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