Site icon La Revue Internationale

Tunisie: 100 dessinateurs mobilisés pour la libération de Jabeur Mejri

caricaturiste.jpgcaricaturiste.jpg

[image:1,l]

Ils sont français, tunisiens, iraniens ou encore israéliens : une centaine de dessinateurs de presse et caricaturistes issus de dix pays différents se mobilisent pour réclamer la libération du cyber activiste tunisien Jabeur Mejri, à travers l’opération « 100 dessins pour Jabeur », lancé par  le Comité de soutien, le 3 février dernier.

« Cette opération, comme les précédentes – et sans doute les suivantes, si Jabeur Mejri n’est pas libéré -, a pour but de démontrer que la mobilisation est devenue internationale et qu’elle dépasse de loin le seul cadre des militants des droits de l’Homme » explique le comité de soutien. « Toutes les personnes soucieuses de leur liberté d’expression et de conscience sont mobilisées pour la libération de Jabeur car elles ont compris que tant que Jabeur restait incarcéré, c’était un morceau de leur propre liberté qui était emprisonnée avec lui » ajoute-t-il.

Jabeur Mejri, un « prisonnier d’opinion »

Parmi eux, Plantu, Z, Willis from Tunis, Kianoush, livrent leurs dessins en guise de soutien à Jabeur Mejri, 29 ans, condamné à 7 ans et demi de prison 1 200 dinars (550 euros) d’amende, en mars 2012, pour avoir clamé son athéisme et publié sur sa page Facebook des caricatures sur le prophète Mahomet, jugées insultantes envers l’islam. Ce « prisonnier d’opinion » comme l’a qualifié Amnesty International, a été condamné pour « atteinte à des valeurs sacrées par des actions ou des mots » et « atteinte aux bonnes mœurs ». Egalement condamné à 7 ans et demi de prison par contumace, son ami activiste Ghazi Beji a quant à lui réussi à se réfugier en France.

[image:2,l]

« Gracier Jabeur serait un acte fort »

Alors que la nouvelle constitution tunisienne, adoptée le 26 janvier 2014, assure la « liberté de conscience » et la « liberté d’expression », le collectif – composé d’avocats, de militants et de journalistes – pointent du doigt la « contradiction flagrante » qui réside entre la détention de Jabeur Mejri et le texte de la nouvelle constitution.

« Gracier Jabeur serait un acte fort, d’autant que la Tunisie va célébrer cette Constitution le 7 février, en présence de nombreux représentants étrangers. Sa libération serait le signe d’une cohérence entre les actes et les paroles des dirigeants » explique encore à JOL Press le comité de soutien. « Dans le cas contraire, Jabeur restera le symbole d’une liberté de conscience et d’une liberté d’expression violées par ceux qui doivent la garantir » a-t-il poursuivi.

[image:3,f]

Les promesses de Moncef Marzouki

Le président tunisien, Moncef Marzouki, a évoqué la possibilité d’une grâce présidentielle pour le cyberactiviste lors d’une visite aux Etats-Unis fin septembre 2013, précisant toutefois qu’il fallait « attendre le bon moment politique » pour le libérer. « C’est triste de condamner un jeune à sept ans de prison pour un dessin.  Mais nous avons également une société très conservatrice et j’attends le bon moment, politiquement parlant, pour le relâcher. Le faire tout de suite pourrait être dangereux pour lui… J’ai juste décidé d’attendre quelques mois, avant… hop!  Il sera relâché, n’ayez pas peur » avait-il promis, comme le rapportait le Huffington Post.

Or, dans un climat d’instabilité politique et de tensions sociales, cette accalmie politique peut prendre du temps: le comité de soutien l’a bien compris.

« En l’espace de quelques mois, le Président Marzouki a plusieurs fois évoqué la possibilité d’une libération… Mais nous ne savons pas quand sera le bon moment pour libérer un prisonnier d’opinion. Le passé militant du Président Marzouki rend totalement incompréhensible et choquant ces paroles. Il a également affirmé que le maintien de Jabeur en prison était pour sa propre sécurité, comme si l’Etat n’était pas en mesure d’assurer, une de ses principales fonctions, la sécurité de ses citoyens » explique encore un membre du comité de soutien du cyber activiste.

[image:4,f]

« Visite mystère »

Il y a deux semaines, une délégation de la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH), accompagnée d’avocats et de membres du comité de soutien ont rendu visite à Jabeur mejri en prison. La veille, un représentant du Comité des droits de l’Homme lui aurait rendu visite et fait signer des documents en vue de l’obtention d’un visa pour un pays européen, révèle selon comité de soutien qui affirme ignorer les éventuelles suites que pourrait prendre cette « visite mystère ». Mais pour l’heure, Jabeur Mejri est toujours sous les barreaux.

Quitter la version mobile