Une exposition présentée dans le cadre du Festival international de bande dessinée d’Angoulême suscite la polémique au Japon. L’exposition « Fleurs qui ne se fanent pas » aborde un sujet sensible: celui des femmes coréennes, appelées « femmes de réconfort » réduites en esclaves sexuelles par l’armée impériale japonaise pendant la Seconde Guerre mondiale.
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Au festival international de la BD d’Angoulême, une exposition sur le système de prostitution forcée mis en place par l’armée nippone en Corée pendant la Seconde guerre mondiale a déclenché la colère des Japonais.
Sujet sensible
L’exposition « Fleurs qui ne se fanent pas », qui s’articule autour de trois grands axes « Passé, Présent, Futur », retrace le contexte historique et le dévelopement de ce système d’esclavage sexuel de masse: « La section « Présent » révèle en quoi consistait ce système et la vie de ses victimes, portant le regard du visiteur sur ce qui s’est réellement passé. Enfin, « Futur » évoque l’espoir d’aborder l’avenir avec une plus grande transparence, par la reconnaissance des faits historiques » explique le site officiel du Festival d’Angoulême.
L’œuvre phare de l’exposition baptisée « Chanson de l’espoir du papillon », se compose de 100 planches réalisées à l’encre de Chine retraçant le destin tragique de jeunes filles enlevées et prostituées de force par l’armée nippone. Dans le cadre de l’exposition, une vingtaine d’auteurs coréens ont livré leurs travaux sur l’histoire des victimes. Le célèbre court métrage Herstory de Kim Jun-ki sur le même thème, a également été diffusé.
L’ambassadeur du Japon en France Yoichi Suzuki a « regretté vivement que cette exposition ait lieu », jugeant qu’il s’agissait « d’un point de vue erroné ».
200 000 victimes, souvent mineures
On estime à 200.000 le nombre de femmes Coréennes, Chinoises et Philippines – souvent adolescentes – victimes de cet esclavage sexuel mis en place par Tokyo en 1937, après le massacre de Nankin. En zone occupée, l’Armée nipponne avait mis en place des maisons closes appelées « centres de délassement » ou « maisons de confort » dans lesquels ils appliquaient un strict règlement ainsi que des terribles conditions de vie aux victimes.
Sujet tabou au Japon
Depuis 1992, des associations de défense et les rescapées manifestent chaque semaine devant l’Ambassade du Japon à Séoul afin d’obtenir des excuses publiques, juger les responsables encore en vie et recevoir des compensations pour les souffrances endurées. Sujet tabou au Japon, Tokyo a officiellement présenté ses excuses en 1993, mais de hauts dirigeants ont depuis nié l’existence de ce système organisé. Sept décennies plus tard, cette tragédie continue d’envenimer les relations entre le Japon et la Corée du Sud.
Le 25 janvier dernier, un rassemblement a été organisé sur la place Trocadéro, à Paris pour exhorter le gouvernement japonais à assumet la responsabilité de ces crimes de guerre.