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16 ministres candidats aux municipales: qu’ont-ils à perdre?

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Ils sont nombreux, cette année, les ministres qui ont choisi d’être présents sur des listes électorales à l’occasion de ces municipales des 23 et 30 mars prochains : 16 membres du gouvernement ont, en effet, choisi de se soumettre au vote des électeurs. La charte de déontologie signée par tous les membres du gouvernement au mois de mai 2012 leur imposant de « renoncer aux mandats exécutifs locaux », le cumul ne leur sera pas autorisé, en cas de victoire. Cependant, en cas de défaite, ils ne seront pas dans l’obligation de quitter leur fonction ministérielle.

Une place au gouvernement compromise ?

Parmi les membres du gouvernement, deux sont têtes de liste : le ministre des Transports, Frédéric Cuvillier, à Boulogne-sur-mer (Pas-de-Calais) et la ministre déléguée aux Personnes handicapées, Marie-Arlette Carlotti, dans le troisième secteur de Marseille (regroupant les 4e et 5e arrondissements). Cette dernière avait été battue lors de la primaire PS pour la mairie, face à Patrick Mennucci, actuel candidat socialiste à la mairie de Marseille, et Samia Ghali, sénatrice-maire PS et candidate à sa propre succession dans les 15e et 16e arrondissements de Marseille.

Si ces deux candidats devront choisir entre leur nouveau siège et leur poste de ministre, en cas de victoire, les ministres écologistes Pascal Canfin (Développement) et Cécile Duflot (Logement) n’auront pas à se poser cette question, étant derniers de listes à Paris, respectivement dans le XIIe et le XIe arrondissements de Paris. Une présence qu’ils envisagent avant tout comme une marque de soutien. En 2008, les ministres avaient été aussi nombreux à se présenter aux municipales et tous, à l’exception de Christian Estrosi qui avait choisi de démissionner pour se consacrer à Nice, avaient choisi de rester au gouvernement.

L’importance d’un ancrage local en cas de remaniement…

D’autres ministres ont choisi d’apparaître sur des listes pour conserver un ancrage local, notamment en cas de remaniement. Si un ancien ministre peut récupérer son siège un mois après son départ du gouvernement, dans le cas d’un ancien ministre qui souhaiterait récupérer son poste de maire qu’il avait quitté pour devenir ministre, une élection au sein du conseil municipal est nécessaire. Pour cela l’ancien ministre doit avoir été élu lors des municipales.

C’est pour cette raison que le ministre de l’Intérieur Manuel Valls figure en troisième position à Evry (Essonne), ville qu’il a dirigée de 2001 à 2012, que le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, sera au 11e rang sur la liste au Grand-Quevilly (Seine-Maritime), dont il a été maire de 1995 à 2000 et que le ministre de l’Economie, Pierre Moscovici, sera en 3e position à Valentigney (Doubs). Le ministre du Travail, Michel Sapin, occupera la 3e place à Argenton-sur-Creuse, (Indre), la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, la deuxième place à Metz et Michèle Delaunay (Personnes âgées), la deuxième place à Bordeaux. Guillaume Garot (Agroalimentaire) se présente à  Laval, dont il a été le maire de 2008 à 2012 et Valérie Fourneyron (Sports), à Rouen dont elle a été maire sur la même période.

Viennent enfin Benoît Hamon (Economie sociale), candidat à Trappes (Yvelines), Yamina Benguigui (Francophonie), candidate dans le Xe arrondissement de Paris, le ministre de la Ville, François Lamy candidat à  Palaiseau (Essonne), le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, candidat au Mans et le ministre des Outre-mer, Victorin Lurel, candidat à Vieux-Habitants (Guadeloupe).

Les ministres qui n’ont pas respecté le non cumul

Tous les Premiers ministres n’ont pas, à l’instar de Jean-Marc Ayrault ou Lionel Jospin, fait du non-cumul de la fonction ministériel et d’un mandat exécutif local une condition sine qua non pour entrer au gouvernement.  Pierre Mauroy, par exemple, a été maire de Lille et Premier ministre de1981 à 1984, Jacques Chirac a cumulé les postes de Premier ministre et de maire de Paris de 1986 à 1988. Alain Juppé est devenu maire de Bordeaux un mois seulement après avoir été nommé ministre en 1995, et n’a pas renoncé à sa municipalité pour autant. François Baroin, maire de Troyes depuis 1995, n’a pas non plus renoncé à son mandat lors de sa nomination à l’Outre-mer en 2005.

Il faut souligner cependant que s’il ne peut pas être maire ou président de communauté d’agglomération et ministre, un membre du gouvernement peut tout à fait cumuler sa fonction avec un poste de conseillers municipal ou de conseiller communautaire. Laurent Fabius est actuellement conseiller municipal au développement durable au Grand-Quevilly et Pierre Moscovici est conseiller municipal à Valentigney, depuis 1995. Sont-ils pour autant très présents aux conseils municipaux ? Rien n’est moins sûr…

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