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«Barakat !», le mouvement citoyen anti-Bouteflika en Algérie

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JOL Press : Qu’a provoqué l’annonce d’un quatrième mandat d’ Abdelaziz Bouteflika dans la société algérienne ?

 

Mehdi Bsikri : Je ne veux prétendre être le porte parole du peuple Algérien, mais ce qui est certain, de mes déplacements à l’intérieur des wilayas, c’est que la population crie son ras le bol. Elle ne veut pas d’une candidature qui traduit la reconduction d’un système qui brime les libertés et qui viole les droits des citoyens. Le peuple algérien dans sa majorité, du moins ce que je récolte comme témoignages et comme appréciation relative à la magistrature de Bouteflika, ne veut plus être considéré comme un sujet. Les Algériens veulent prendre la parole pour dire « stop » à la mauvaise gestion de leur pays, pour dire « non » à la corruption, pour dire « ça suffit » le détournement de deniers publics. Le peuple algérien aspire à vivre dans la dignité et dans la prospérité. Il veut le renforcement légal des institutions et de l’administration, seule option pour la pérennité de l’Etat. Le régime en place a vidé les institutions pour continuer à diriger le pays, au détriment du bien être des Algériens.

JOL Press : Comment se traduit la mobilisation contre ce 4e mandat ?
 

Mehdi Bsikri : La mobilisation contre le 4ème mandat s’accentue. Elle prend plusieurs formes. Les étudiants, les médecins, les chômeurs, les jeunes, les fonctionnaires, etc, chacun milite à sa façon, mais tout le monde converge vers le refus, pour dire « non au 4eme mandat », symbole de la pérennité du système.

JOL Press : Quelles sont les revendications du mouvement « Barakat » ?
 

Mehdi Bsikri :  Le mouvement Barakat est un cadre uniquement et purement citoyen. Il est pacifique et patriotique. Nous refusons toute forme de violences. Barakat milite pour un changement radical positif. Il émane de citoyens Algériens qui ne s’attachent pas, une fois dans le mouvement, à des casquettes partisanes. Le mouvement Barakat a tracé les grandes lignes, pour éviter, ou du moins essayer, les dénigrements colportés par les propagandistes bouteflikiens et leurs relais. Un exemple: si des groupes sortent dans la rue pour scander des slogans favorables à Bouteflika, ils ne seront pas inquiétés par les policiers. Dans le cas contraire, les opposants seront interpellés et ne pourront pas se rassembler.

Nous disons « non au système, non à la police politique, non au 4ème mandat ». De ce fait, personne ne pourra nous accuser de quoi que ce soit. Autre détail : nous sommes indépendants. Nous ne sommes liés à aucun parti politique et nous ne soutenons aucun autre candidat à la présidentielle. Ces précisions s’imposent d’elles même, mais nous avons jugés utile de les mettre en relief. Dernier point, nous insistons pour que nos revendications demeurent encadrées dans un cadre algéro-algérien et nous refusons tout financement, qu’il soit local ou extérieur.

JOL Press: Que signifie « Barakat » ?
 

Mehdi Bsikri : L signification du mot « Barakat », en arabe algérien veut dire « ça suffit ». Le slogan a une référence historique typiquement algérienne. Le peuple algérien, une fois l’indépendance acquise, criait « 7 ans Barakat », suite aux tragiques évènements de l’été 1962, quand deux clans de l’armée, ceux de l’intérieur opposés à ceux des frontières, sont entrés en confrontation

 

JOL Press : Qui compose et quelles sont les actions menées ?
 

Mehdi Bsikri :  Le mouvement Barakat est composé de simples citoyens algériens, issus de différents profils, de différentes régions du pays, amoureux de leur pays et conscients des futurs enjeux. Ils sont avocats, médecins, journalistes, architectes, artistes, acteurs, chômeurs, femmes et hommes. Nous ne faisons aucune distinction, ni entre les professions, ni entre les sexes. Nous sommes tous égaux, tous citoyens.  Barakat milite pour la consécration d’un Etat républicain, démocratique et souverain. Le mouvement Barakat veut l’émergence d’une économie nationale solide et efficace, capable de répondre à toutes les demandes des citoyens. Ils interpellent sur les dérives du système. Ils disent qu’il est temps de sauver l’Algérie, car continuer à gouverner le pays d’une pareille manière, ne peut conduire qu’au précipice.

Pour le moment, le mouvement Barakat a organisé deux sit-in en face de la faculté centrale d’Alger, située en plein centre de la capitale. C’était le 1er mars et le 6 mars derniers. « Barakat » prépare également en ce moment un texte qui explique précisément les raisons de notre opposition au système, et de ce qu’il propose comme mécanismes alternatifs pour que l’Algérie puisse sortir de la crise politique

JOL Press : Y-a-t-il un certain fatalisme en politique aujourd’hui en Algérie?
 

Mehdi Bsikri :    Je ne pense pas. Les Algériens sont très politisés. Ils gardent espoir pour un changement radical dans la sérénité et la quiétude, et savent impertinemment que la propagande du régime est mensongère.

JOL Press : Quelles sont les priorités aujourd’hui en Algérie ?
 

Mehdi Bsikri : Il existe tant de priorités en Algérie. Tous les analystes indépendants ont exposés les secteurs à réformer et les chantiers à entreprendre en urgence: la justice, l’administration, l’éducation, la santé, l’agriculture, les nouvelles technologies, le logement, les infrastructures culturelles et sportives, les routes, l’accordement au réseau de distribution de gaz, de l’eau et de l’électivité, la préservation de la nature, sont là des points que je présente à tire d’exemple. Il est plus que certain que le système ne doit plus continuer à gérer le pays. Les compétences algériennes, patriotes et intègres existent. Elles ont des propositions modernistes et progressistes. Il reste juste à ouvrir la porte de l’avenir pour une Algérien meilleure.

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