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Boeing 777 MH370: «Une disparition mystérieuse qui fascine»

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JOL Press : Plus de dix jours après la disparition du vol Malaysia Airlines MH370, l’avion reste introuvable. Pourquoi les recherches n’aboutissent-elles pas ?
 

Jean-Pierre Otelli : Les zones géographiques sont hostiles. Lors de la catastrophe avec le crash de l’airbus d’Air France qui assurait la liaison Rio-Paris en 2009, la zone de recherche était de l’ordre de 150 kilomètres autour d’un point d’incertitude, à partir du moment où l’avion a perdu le contact avec le contrôle aérien. Dans le cas du vol Malaysia Airlines, nous sommes dans un ordre de grandeur de 4000 km de rayon.

JOL Press : Des objets ont été détectés au sud de l’Australie: pourrait-il s’agir de débris de l’avion disparu MH370 ?
 

Jean-Pierre Otelli : Peut-être que les objets trouvés par les autorités australiennes sont les débris de l’avion MH370, mais même si c’est le cas, cela ne signifie pas qu’on aura retrouvé l’avion…Dans le cas du Rio-Paris, on a retrouvé les premiers débris – un morceau de queue qui flottait ainsi que quelques sièges – au bout de huit jours. Mais il a fallu encore deux ans pour retrouver les boîtes noires. Il faut aller les chercher au fond de l’eau, avoir le système nécessaire pour les récupérer, entendre le signal radio qu’elles émettent : c’est un travail absolument considérable.

JOL Press : Au bout de combien de temps les boîtes noires ne transmettent plus de signal radio ?
 

Jean-Pierre Otelli : Les boîtes noires émettent un signal pendant 30 jours. Mais le signal radio qu’émettent les boîtes noires est très faible dans l’eau, on a du mal à l’entendre. Si l’eau n’est pas rentrée à l’intérieure de la boîte noire –  elles sont extrêmement solides et conçues pour résister à des pressions très fortes  – les données pourront être exploitables. Mais si elles ont été abimées par le choc, il se peut qu’elles soient inutilisables.

JOL Press: Beaucoup d’hypothèses circulent en ce moment au sujet de la disparition du Boeing 777 MH370. Quelle est selon vous, la piste la plus plausible ?
 

Jean-Pierre Otelli : La piste qui circule le plus actuellement et qui me semble la plus plausible concerne l’implication de l’équipage dans le détournement de l’avion MH370. Il paraît en effet très difficile pour quelqu’un qui ne connaît rien à l’aviation de procéder à la désactivation des systèmes de contact et des autres mesures qui ont été prises par la suite. L’avion qui était en contact avec le contrôle malaysien aurait dû changer de contrôle lorsqu’il est passé dans l’espace aérien vietnamien. Or,  c’est juste à ce moment que des évènements surprenants se sont déroulés. D’abord, le transpondeur – l’appareil qui donne les indications au radar – a été désactivé. Plus surprenant encore, les Aircraft Communication Addressing and Reporting System (ACARS) ont été coupés. Il s’agit pourtant d’une procédure très plus complexe qui demande vraiment une certaine connaissance dans l’aviation. Enfin, le contact n’a pas été rétabli avec les Vietnamiens et l’avion a changé de cap. Lorsqu’on met tous ces éléments bout à bout, on se rend compte que c’est très difficile, soit pour un passager, ou pour quelqu’un qui n’est pas pilote d’avoir effectué toutes ces tâches. Ce qui m’amène à penser que le pilote ou le co-pilote est impliqué dans ce qui est arrivé à l’avion.

JOL Press : Les théories du complot et des thèses surnaturelles sont de plus en plus nombreuses sur le web. Pourquoi cette catastrophe aérienne fascine-t-elle autant les gens ?
 

Jean-Pierre Otelli : Si disparition du Boeing 777 MH370 fascine autant le public, c’est justement à cause du mystère qui entoure cette disparition. On ne s’est pas ce qu’il s’est passé… Les théories du complot se multiplient sur Internet depuis une dizaine de jours : on trouve des tas de théories toutes plus extraordinaires les unes que les autres,  comme l’inévitable passage dans la 3e dimension, où la thèse selon laquelle des extraterrestres ont détourné l’avion. Nous sommes un peu dans le phénomène du Triangle des Bermudes : si les avions disparus il y a 60 ans dans le triangle des Bermudes avaient été retrouvés, il n’y aurait jamais eu cette légende extraordinaire, cette dimension magique de la troisième dimension dans le Triangle des Bermudes.

JOL Press : Dans l’histoire des catastrophes aériennes, y-a-t-il des cas de figures semblables à la disparition du vol Malaysia Airlines ?  
 

Jean-Pierre Otelli : Il y a déjà des avions qui ont totalement disparu. La seule différence, c’est que cela s’est passé y a 30 ans… les moyens de communications et de localisation – par satellite, GPS – n’étaient pas les mêmes que ceux d’aujourd’hui, qui permettent maintenant de suivre le trafic en temps réel. Aujourd’hui, lorsque des gens voyagent dans un avion de ligne, il est possible de  connaître en temps réel la position de l’avion. C’est surtout pour cette raison que ce crash a quelque chose de mystérieux. Pour pouvoir le faire disparaître comme il a disparu, cela ne peut être que quelqu’un qui a des connaissances pour le faire. Cela serait vraiment un très grand hasard, que l’avion ait zigzagué entre les zones radar, que les ACARS aient été désactivés et que les communications radios aient été coupées. Si on découvre la motivation de la personne qui a fait ça, on découvrira alors où se trouve l’avion et l’on pourra comprendre ce qui s’est vraiment passé.

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