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Des légendes aux déçus, la magie des Oscars

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Jennifer Lawrence trébuchant sur les marches, puis recevant la prestigieuse petite sculpture d’or des mains de Jean Dujardin… La dernière image des Oscars nous reste en tête comme l’un de ces instants T où une étoile est née. Filante ou comète, comment peut-on le savoir ? Néanmoins, l’Histoire du cinéma a déjà, à l’aune des Oscars, ses idoles, parfois critiques, parfois populaires, parfois même les deux.

La légende Meryl Streep

Le nom est sur toutes les lèvres : Meryl Streep. En le murmurant, on a l’impression de bondir de chef d’œuvre en tableau, de fresque en biopic, dans l’épopée des Oscars. Comme s’ils n’avaient été créés que pour elle. Nommée pour la 18ème fois cette année, elle a déjà obtenu deux fois l’Oscar de la meilleure actrice, et une autre celui de la meilleure actrice dans un second rôle.

Elle a incarné une Karen Blixen fascinante et fascinée dans « Out of Africa », une immigrante polonaise dans « Le choix de Sophie », une tyrannique autocrate de la mode dans « Le diable s’habille en Prada ». Plus récemment, elle a campé avec un brio magistral Margaret Thatcher dans le portrait « La Dame de fer ». A jamais dans la légende.

Daniel Day-Lewis, quand l’homme devient son propre rôle

Au jeu des plus titrés, Daniel Day-Lewis n’est pas en reste. On dit qu’il entre en schizophrénie totale quand il joue. Viscéralement dévolu à son rôle sur et en dehors du tournage, il va jusqu’à mettre sa propre santé en péril pour demeurer dans les conditions de vie du personnage qu’il incarne. Cette puissance d’expression dramatique lui a valu trois statuettes du meilleur acteur, lors de trois décennies successives !

Auteur de performances éblouissantes dans « My left Foot », « There will be blood » ou « Lincoln », il est très sélectif dans ses rôles (cinq films entre 1998 et 2010). D’un Bill le Boucher inquiétant à un Daniel Plainview charismatique, insociable et égocentrique, ses personnages ont toujours une profondeur de caractère saisissante. Il est l’’incarnation parfaite du métier d’acteur. Il n’est pas malheureusement pas nommé cette année, n’ayant pas tourné de film. Mais la frise des statuettes dorées continuera à s’écrire avec lui.

Les habitués

Nul ne peut oublier l’inquiétant regard de Jack Nicholson dans « Vol au-dessus d’un nid de coucous », comme le sourire carnassier d’Anthony Hopkins dans « Le silence des agneaux ». Le premier, connu pour ses rôles de névrosés psychotiques et terrifiants, a glané trois Oscars, dont deux du meilleur acteur. Paradoxe de son palmarès, son rôle emblématique, d’une violence psychologique inouïe, dans « The Shining », ne fut même pas nommé à Hollywood…

Quant au second, si une seule statuette est venue enrichir sa collection vertigineuse de récompenses, quelle statuette ! Elle récompensa, en 1991, la performance inégalable réalisée par l’acteur britannique en Docteur Hannibal Lecter. Ce raffinement sadique, cette élocution cruellement distinguée, ce regard transperçant et psychanalytique ont marqué à jamais le cinéma d’épouvante, voire l’Histoire des salles obscures.

Les abonnés…absents !

Ils sont parmi les plus couronnés, mais Woody Allen (4 Oscars, dont le dernier en 2012 pour « Minuit à Paris ») et l’icône Katharine Hepburn (4 fois meilleur actrice entre 1933 et 1982 !) ont aussi en commun…de ne s’être jamais présentés à la cérémonie.

Pour le porteur de la paire de lunettes la plus célèbre de New York et d’Hollywood, c’est sa timidité, à la limite de la maniaquerie, qui l’en empêche. Il est nommé, cette année, à l’Oscar du meilleur scénario original pour « Blue Jasmine ». Le réalisateur, auteur d’une véritable « Comédie Humaine » du cinéma, a passé son existence à décarcasser les petits vices de ses semblables, et offert un fauteuil de psychiatre à chacun de ses spectateurs. Doué d’une verve comico-pathétique sans égal, l’amoureux de Manhattan laisse une œuvre à part entière, loin d’être terminée.

Du côté des déçus, comment ne pas évoquer la cascade de désillusions – récentes – de Martin Scorsese et de son acteur fétiche Leonardo di Caprio. Tous deux 5 fois nommés. Toujours placés, jamais gagnants. 2014 semble être l’année ou jamais pour briser ce signe indien. « Le loup de Wall Street » semble taillé pour ce défi.

Des records et des anomalies

Du côté des records, certains chiffres marquent. Au-delà du nombre de récompenses pour un film (codétenu par « Ben-Hur », « Titanic » et « Le Seigneur des Anneaux 3 : Le retour du Roi », 11 Oscars), le chef d’œuvre de Peter Jackson détonne. Il a en effet convertis en 11 prix…ses 11 nominations ! Etourdissant.

Autre record, et non des moindres. Milos Forman, le réalisateur tchécoslovaque est primé en 1976 pour « Vol au-dessus d’un nid de coucous ». Le long métrage rejoint alors « New York Miami », alors seul film à avoir remporté les cinq distinctions majeures des Oscars : Meilleur(e)s film, réalisateur, acteur, actrice et scénario. « Le Silence des agneaux » entrera également dans ce cercle très fermé en 1991. Par ailleurs Milos Forman réalisa également un triplé inédit avec un Oscar, un Golden Globe et un César pour son biopic coloré et magistral de la vie de Mozart, « Amadeus » (1984).

Enfin, le rayon des anecdotes fourmille d’histoires croustillantes et de points d’interrogations. Quand l’humoriste américain Bob Hope a présenté 19 fois la cérémonie, Stanley Kubrick, considéré comme un des plus grands cinéastes de tous les temps, n’y a jamais été primé. Comme Charlie Chaplin, Orson Welles ou Alfred Hitchcock. Ceux-là sont indéniablement de la trempe des génies du Septième art. Mais, à jamais, ils n’auront pas leur statuette…

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