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Élections de mi-mandat: le vote des femmes, crucial pour Barack Obama

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Pour séduire l’électorat féminin, Barack Obama joue souvent la « carte » famille. Photo : Le président américain, son épouse Michelle et leurs deux filles, le 4 novembre 2008 à Chicago, victorieux de l’élection présidentielle. Everett Collection / Shutterstock

 

JOL Press : A huit mois des « midterms », Barack Obama courtise l’électorat féminin par un certain nombre de mesures. Pourquoi ?
 

François Durpaire : Ses succès électoraux, le Président les doit en grande partie à son électorat féminin ; il construit ses victoires en en tenant grand compte.

Pour être élu en 2008, il a dû voler l’électorat féminin à ses adversaires politiques – y compris pendant les primaires à Hillary Clinton elle-même ! De même, pour être réélu en 2012, il a réussi à capter l’électorat féminin avec un différentiel extrèmement important avec son adversaire républicain, Mitt Romney.

Barack Obama a besoin de cet électorat féminin à la fois en pourcentage mais aussi en mobilisation. Lorsque les femmes ne se déplacent pas, cela donne, comme aux élections de mi-mandat en 2010, une victoire électorale pour les républicains soutenus par le Tea Party.

JOL Press : Comment cela se fait-il que, traditionnelement, les femmes votent en majorité pour les démocrates ?

 

François Durpaire : Pour le comprendre, il faut d’abord se rappeler que la mobilisation électorale féminine est plus importante que la mobilisation masculine : c’est: le « gender gap » ( l’écart électoral de genre), qu’on retrouve dans d’autres grandes démocraties, comme la France, mais qui est plus important dans le cas des Etats-Unis. Et ce, parce qu’il y a une forte proximité entre le combat féministe américain et l’engagement électoral.

L’électorat féminin a donc été conquis par les libéraux – au sens américain du terme : les progressistes, les démocrates. Une majorité de femmes aux Etats-Unis continuent donc à voter en faveur de cette tendance.

JOL Press : Barack Obama – qui aime à rappeler qu’il a été élevé par sa mère, et n’hésite pas à mettre en avant son épouse et ses deux filles – peut-il séduire l’électorat féminin au-delà de son appartenance démocrate ? 

 

François Durpaire : L’utilisation de la vie privée dans la sphère publique est quelque chose de traditionnel aux Etats-Unis, mais, avec Barack Obama, c’est l’utilisation de la famille – on n’a pas vu une famille jeune à la Maison Blanche depuis Kennedy – dans les campagnes électorales.

Souvenez-vous : on a appris la réelection d’Obama par un tweet et une photo de Barack et Michelle enlacés… Leurs filles Malia et Sasha sont aussi souvent mises en avant. Parfois même mises en avant pour… ne pas être mises en avant ! Michelle Obama rappelle en effet souvent qu’elle veut éduquer ses filles de la manière la plus normale possible.

Cela fait partie de la communication du Président, une manière de gagner l’électorat féminin. Un exemple : Michelle Obama, il y a quelques mois, a fait une « gaffe ». Elle a dit : « En tant que mère célibataire… » (single mother). Elle est extrèmement maline : il est bien connu qu’il existe un important électorat de mères célibataires – la moitié des familles noires ont pour chef de famille des mères célibataires. Sa « gaffe » lui a donc permis de dire « Je suis comme vous, je vous comprends.» Quand elle est arrivée à la Maison Blanche, elle s’est fait appelée Mum Chief (maman en chef).

L’élément familial est donc très important. L’administration Obama se veut être une administration « women friendly ». 

JOL Press : Est-ce « payant » pour les femmes de voter Obama ?

 

François Durpaire : Depuis le début de son premier mandat sont passées des lois d’égalité salariale entre hommes et femmes, qui renforcent les lois condamnant la discrimination sexiste. On met ainsi en avant, à la Maison Blanche, que le fait de voter Obama, c’est voter pour un certain nombre de dispositifs législatifs qui favorisent les femmes. Et empêcher le parti républicain, sous la coupe idéologioque du Tea Party, de remettre en cause des acquis.

Contrairement à la France où, lorsqu’une loi passe, celle-ci clôt en général le débat, aux Etats-Unis, les acquis ne sont jamais définitifs : la Cour Suprême peut être saisie, les Etats peuvent avoir des législations qui différent…

La question de l’avortement, par exemple, est toujours débattue entre les « pro-choice » et les « pro-life ». On parle parfois de guerre culturelle. Les sujets de société ne sont jamais clos une fois pour toute. Les remboursements de frais liés à l’avortement est un droit qui n’est ainsi pas acquis définitivement aux Etats-Unis. Et cela, l’administration Obama peut en jouer à quelques mois d’une élection.

 

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