Site icon La Revue Internationale

Entre révolte et manipulation: le Venezuela se lâche sur Twitter

[image:1,l]

Le Venezuela commémorait jeudi 27 février les vingt-cinq ans du Caracazo, le mouvement de révolte survenu en 1989 contre l’augmentation des prix des transports à Caracas, la capitale vénézuélienne, et qui avait provoqué la mort de milliers de personnes.

Un triste anniversaire qui tombe cette année en plein cœur de la révolte qui secoue depuis trois semaines le Venezuela, après la fronde anti-gouvernementale lancée par les étudiants contre la gestion du pays par le président Nicolas Maduro, et contre l’augmentation de l’insécurité, des pénuries et de la corruption. Une fronde qui a déjà entraîné la mort dune quinzaine de personnes et fait près de 150 blessés suite à la répression policière.

Des lettres manuscrites sur Twitter

Alors que le Venezuela célèbrera mercredi prochain le premier anniversaire de la mort de son ancien et mythique président Hugo Chavez, la mobilisation continue. Si elle s’est légèrement essoufflée dans les rues en cette période de Carnaval, où l’heure est aussi censée être à la fête, la lutte se poursuit sur les réseaux sociaux, et notamment sur Twitter où le leader d’une partie de l’opposition, Leopoldo Lopez, arrêté le 18 février dernier, continue de tweeter depuis sa prison.

Le représentant de la droite vénézuélienne s’est notamment servi du site de micro-blogging pour tweeter des lettres manuscrites photographiées et envoyées directement à son réseau qui compte aujourd’hui près de 2,5 millions d’abonnés. Une manière, peut-être, de rendre encore plus authentiques ses messages, et de dire plus de choses qu’en 140 caractères.

« Nous ne devons pas quitter les rues »

À 42 ans, ce père de famille diplômé d’Harvard et fervent opposant au gauchiste Maduro est rompu aux techniques de communication 2.0 – c’est notamment derrière le hashtag #lasalida (« la sortie ») que Leopoldo Lopez rassemble ses troupes. Le 25 février dernier, il lançait ainsi un appel à « son pays » : « nous ne devons pas quitter les rues, continuons à protester de manière pacifique et non-violente, c’est le peuple qui décide et qui commande », indiquait-il sur Twitter.

Leopoldo Lopez n’est toutefois par le seul à faire un grand usage du réseau social pour étendre son influence. Le président vénézuélien lui-même utilise Twitter – même s’il retweete plus qu’il ne tweete. « Ces derniers jours, le compte du président a effectué en moyenne cinquante retweets quotidiens », note le site LeWebPol. « Une manière de mettre en avant les Vénézuéliens qui le soutiennent notamment avec le hashtag #MaduroHombreDePaz (Maduro homme de paix) ».

Des images manipulées

Mais parmi les millions de messages et images postés chaque jour sur les réseaux sociaux par les manifestants ou leurs détracteurs, on retrouve, comme à chaque révolte, des publications truquées. Photos de manifestants brésiliens, chiliens ou même égyptiens : les images qui ont marqué les révoltes précédentes sont parfois reprises et détournées par certains internautes vénézuéliens qui montrent ainsi une représentation faussée de la réalité.

Certains sites comme le média alternatif Le Grand Soir se sont attelés à la publication de ces images truquées aux côtés des vraies images, légendées. On découvre ainsi qu’une image aérienne d’un pèlerinage religieux devient une manifestation massive de l’opposition vénézuélienne, qu’un étudiant chilien réprimé par la police lors des manifestations étudiantes au Chili ou qu’une manifestante égyptienne réprimée par la police deviennent tout à coup vénézuéliens. Même les morts du conflit syrien sont transposés au Venezuela, dans la ville de Maracay.

[image:2,l]

Quitter la version mobile