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Isabel Allende élue à la présidence du Sénat: «un coup politique»

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JOL Press : La sénatrice socialiste chilienne Isabel Allende a été élue à la tête du Sénat chilien. 40 ans après la mort de son père, est-ce un symbole fort au Chili ?
 

José Maldavsky : Symboliquement, c’est évidemment très fort. C’est la fille du président assassiné. Il ne faut pas oublier que son père a été président du Sénat pendant trois ans. C’est en quelque sorte une « passation du pouvoir » qui se joue dans l’Histoire. Mais la nomination d’Isabel Allende à la présidence du Sénat est surtout un bon « coup politique ».

JOL Press : Peut-on comparer la carrière politique d’Isabel Allende à celle de son père ?
 

José Maldavsky :  La carrière politique d’Isabel Allende n’a rien à voir avec celle de son père. Lui c’est lui, elle c’est elle. Je ne suis pas sûr que les enfants soient les héritiers des idées de leurs parents. En tout cas, ici, nous ne sommes pas dans ce cas de figure.

Salvador Allende a joué un rôle fondamental dans un processus progressiste, parfois révolutionnaire, alors qu’Isabel Allende a été marquée par une carrière politique pré-sociale-démocrate, très éloignée des principes de son père. Il serait, à mon avis, inexact de dire qu’Isabel Allende est l’héritière de son père, mais plutôt une autre option politique : une option sociale-libérale. C’est la politique qu’elle a défendue pendant une vingtaine d’années, au sein de la coalition dont elle fait partie, aujourd’hui, appelée la Nouvelle Majorité.

JOL Press : Isabel Allende a assuré qu’elle guiderait le Sénat à être « à la hauteur des défis » du pays. Quels sont les principaux défis aujourd’hui ? 
 

José Maldavsky : Il faut que des réformes soient mises en place pour changer celles héritées de la dictature d’Augusto Pinochet. Parmi les principaux défis figurent le changement de la constitution héritée de la dictature de Pinochet, mais aussi une réforme du système éducatif. Il faut également arrêter d’appliquer la loi antiterroriste contre la population indienne.

Ce sont les trois éléments fondamentaux que le nouveau gouvernement – qui prendra ses fonctions le 11 mars prochain –  devra mettre en oeuvre pour changer le cours de l’Histoire du Chili. Il faut espérer que les choses aillent plus loin aujourd’hui avec la nouvelle majorité, et qu’ils tiennent leurs promesses et qu’ils écoutent les revendications des jeunes. Mais pour être tout à fait honnête, je suis septique de ce qu’ils sont capables de faire. Pour moi, la sociale-démocratie est décevante partout…

JOL Press : Que représentent le nom et la figure d’Allende aujourd’hui au Chili ?
 

José Maldavsky : La figure d’Allende continue d’être un symbole extrêmement important pour la vraie gauche et pour tous ceux qui ont partagé ces idéaux et son programme lorsqu’il a gouverné. On s’accroche à son symbole… Ces idées revivent d’une certaine façon, mais avec le recul nécessaire: 40 ans se sont écoulés depuis sa mort… On ne pas penser que l’on va appliquer aujourd’hui les idéaux de Salvador Allende tels quels. Les choses évoluent et changent. Mais l’histoire de l’humanité est pleine de symboles et de figures politiques: en France, on continue par exemple de parler de Robespierre ou de Voltaire.

JOL Press : Cette nomination constitue-t-elle même un double symbole puisque ce sont deux femmes nommées aux postes clés du Chili ?
 

José Maldavsky : Je n’ai jamais pensé qu’il fallait favoriser les femmes, juste parce que ce sont des femmes, et ce dans n’importe quelle place de la société. Je pense qu’il faut favoriser les gens par rapport à leurs capacités intellectuelles pour accomplir une tâche. Cela me fait sourire lorsqu’on dit qu’il faut placer 9 femmes, et 9 hommes aux postes de ministres, au risque d’exclure des personnes d’une qualité extraordinaire simplement parce qu’il fallait un équilibre. 

Propos recueillis par Louise Michel D. pour JOL Press

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