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La Grèce commence-t-elle à sortir la tête de l’eau?

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JOL Press : La situation économique s’améliore-t-elle en Grèce ?
 

Philippe Waechter : Le PIB de la Grèce a chuté d’environ 25% depuis 2009. Le pays a subi un ajustement extrêmement brutal, qui a eu un effet dévastateur sur le pouvoir d’achat et l’emploi. Aujourd’hui, il semblerait que l’économie grecque ait atteint son plus bas niveau. La Commission européenne prévoit une stabilisation en 2014 et table sur une croissance de 0,6% (ce qui est probablement un peu ambitieux). Il y a donc un léger mieux, mais la situation reste très fragile.

Depuis 2010, les Grecs ont fait des efforts considérables pour essayer de redonner à leur économie un peu de dynamisme. Cela s’est traduit par des hausses d’impôts faramineuses et une baisse drastique des dépenses publiques. Leurs sacrifices commencent vraisemblablement à payer.

JOL Press : La Grèce a-t-elle changé de logiciel économique ?
 

Philippe Waechter : Il est certain que la trajectoire prise par le pays n’était absolument pas soutenable à moyen terme. Le finances publiques semblent désormais un peu plus saines. Athènes a entrepris d’importantes réformes structurelles pour sortir de l’impasse et retrouver une certaine autonomie.

Depuis le début des années 2000, l’économie grecque était en grande partie subventionnée par les autres pays européens. La Grèce a dû réapprendre à générer des emplois et des revenus par elle-même. Pour cela, il a fallu changer certaines habitudes. Par exemple, mettre en place des structures concurrentielles un peu plus robustes.

En 2013, le PIB a encore chuté de 3,9% mais, depuis la fin de l’année, on observe une stabilisation, voire une timide amélioration, notamment dans le secteur manufacturier. Le système bancaire commence lui aussi à redresser la tête, permettant ainsi à l’économie de sortir de la spirale infernale.

JOL Press : Y a-t-il d’autres signes positifs ?
 

Philippe Waechter : L’excédent budgétaire primaire (hors service de la dette) de la Grèce a atteint plus de 1,5 milliard d’euros en 2013. La répartition de cet excédent était d’ailleurs l’un des points litigieux entre Athènes et les trois bailleurs de fonds, alors que le montant de ce surplus reste à confirmer en avril.

Cela étant, sa dette publique est une véritable épée de Damoclès (176% du PIB fin 2013, ndlr). Je ne vois pas comment elle pourrait être stabilisée ou réduite à long terme. Pour l’heure, il n’y a pas de solution claire à ce problème. C’est la raison pour laquelle l’Europe doit continuer d’aider la Grèce, pour permettre à son économie de devenir soutenable.

JOL Press : Les Grecs perçoivent-ils des signes de cette timide amélioration ?
 

Philippe Waechter : Pour le moment, ce léger mieux passe par des exportations un peu plus compétitives et un redémarrage de l’investissement. Il ne se traduit ni par une baisse du chômage (27,5% au quatrième trimestre 2013, ndlr), ni par une hausse du pouvoir d’achat. Depuis le début de la crise, le revenu disponible des ménages a chuté de 30%. Le consommateur ne perçoit pas de changement, et cela prendra encore plusieurs mois avant qu’il voie sa situation s’améliorer.

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Philippe Waechter est directeur des études économiques chez Natixis Asset Management. 

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