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Le vrai rôle d’Interpol : une gigantesque banque de données

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Une intervention dans la presse du chef d’Interpol est rare. Ainsi, quand Ronald Noble (secrétaire général depuis 2000), balaie d’un revers de main la piste terroriste quant à la disparition du Boeing 777 de la compagnie malaisienne, il est forcément écouté. L’’Américain en a d’ailleurs profité pour lancer un constat d’alerte sur les contrôles d’identité dans les aéroports. Cette sortie médiatique s’inscrit, logiquement, dans les compétences logiques de la « police mondiale »…

Une reconnaissance progressive

Après un premier congrès international de police judiciaire organisé à Monaco en 1914, la Commission internationale de police criminelle (CIPC) naît en 1923, en Autriche. Rapidement spécialisée dans la lutte contre les faux passeports, et les faux-monnayeurs, elle tombe malheureusement sous la coupe des Nazis en 1938. Ils n’ont d’ailleurs cure du désistement conjoncturel de la plupart des pays engagés au sein de la CIPC.

En 1946, la Belgique lui accorde un second souffle. Elle la professionnalise, la rebaptise Interpol. La nouvelle Organisation internationale de police criminelle (OIPC) est même reconnue en tant qu’organisation intergouvernementale par les Nations Unies, en 1961.

Une gigantesque banque de données

Forte aujourd’hui de 190 pays membres, son siège se situe à Lyon. Si la police internationale est quasiment spécialisée dans la lutte contre les faux passeports, elle le doit notamment à sa gigantesque base de données d’identité. Dans l’imaginaire collectif, Interpol est une sorte de milice secrète qui poursuit, aux quatre coins de la planète, les grands criminels. Dans les faits, l’organisation sert à plus à confronter les informations des services de polices de chaque État.

Depuis quelques années, et spécialement après le 11 septembre 2001, Interpol a ajouté une autre corde à son arc : la lutte contre le terrorisme. Facilitateur d’échanges de renseignements entre les pays, elle est « utilisée comme moyen pour s’attaquer aux crimes importants : blanchiment d’argent, financement du terrorisme, trafic d’armes ou d’êtres humains, faux passeports… » », selon Ronald Noble. Plus récemment, le cyberterrorisme est devenu une priorité pour les agents d’Interpol. La « Vieille dame » sait s’adapter à son époque.

Entre fantasmes et réalité

Malgré une efficacité indéniable, les clichés sur Interpol sont légion. Nid de cols blancs pour certains, voie de garage pour policiers sur la touche pour d’autres, l’organisation est pourtant extrêmement active. Elle publie des « notices » de sept types différents (individus recherchés, personnes disparues, membres d’Al-Qaeda…). Plus qu’un rendez-vous de technocrates, elle est un formidable lanceur d’alertes, s’appuyant sur un fichier criminel des plus exhaustifs. En 2008, 178 000 personnes figuraient sur les listings de surveillance de la police internationale.

Au-delà de la surveillance proprement dite, la banque de données est également un redoutable répertoire, actualisé en permanence, des « tendances terroristes » et dernières techniques de contournement des lois et des frontières. Toujours en 2008, une note du bureau colombien d’Interpol informait de la nouvelle astuce utilisée par les narcotrafiquants : l’injection de cocaïne liquide à des chiots, disséqués après leur passage de la frontière !

Des avis unanimement suivis

La disparition de l’avion chargé de relier Kuala Lumpur à Pékin n’est, à ce jour, pas élucidée. Mais, selon l’avis de Ronald Noble, la piste terroriste est écartée. Dédramatisant la présence à bord de deux iraniens voyageant avec un faux passeport, le chef d’Interpol en a néanmoins profité pour lancer un message d’alerte, pris très au sérieux. En cause, la déficience des contrôles d’identité dans les aéroports, et le trafic de passeports volés.

Interpol, c’est aussi ça : rebondir sur un drame pour améliorer la sécurité internationale.

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