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Lingerie Lejaby : les Atelières lancent un cri d’alarme

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« Les Atelières », société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) composée d’anciennes ouvrières du fabricant de lingerie Lejaby, devenu depuis « Maison Lejaby », ont annoncé, ce lundi 3 mars, devoir mettre la clé sous la porte, faute de financement. « C’est avec une grande tristesse que j’ai décidé de mettre fin à l’aventure des Atelières un peu plus d’un an après l’ouverture de l’atelier. C’est un crève-cœur pour celles et ceux qui ont eu l’espoir de relancer un atelier de lingerie corseterie haut de gamme », lançait lundi Muriel Pernin qui dirige la société depuis plus d’un an.

Ce vendredi, elle sera contrainte de demander la liquidation de la société devant le tribunal de commerce de Lyon, en raison, notamment, du « refus des banques » de les soutenir. Explications de la chargée de communication des Atelières, Lisa-Marie Cap.

JOL Press : Pour quelles raisons vous trouvez-vous aujourd’hui au bord de la liquidation ?
 

Lisa-Marie Cap : Nous nous sommes positionnées sur la petite série : on prend les commandes allant d’une pièce à 10 000 pièces. C’est très novateur puisque jusqu’ici les ateliers de lingerie ne prenaient pas de commandes en dessous de 15 000 pièces. Il a donc fallu tout réinventer, innover et trouver de nouveaux processus de production puisque nous nous étions rendu compte que le taylorisme à outrance des ateliers de lingerie, qui pouvait exister auparavant, n’était pas la bonne solution pour la gestion des petites séries.

Pendant un an, nous avons cherché à développer ce modèle de production que l’on retrouve que chez les Atelières et nous avons signé un partenariat avec le laboratoire spécialisé de l’école d’ingénieur de l’INSA de Lyon. Nous avons pu ainsi obtenir l’aide d’un ingénieur qui nous a accompagnées sur l’écriture de ce nouveau process. Ensemble nous avons abouti à un modèle qui nous a semblé bon et qui a dopé notre productivité sur les derniers mois.

Pendant le temps de recherche nous avons empiété sur notre trésorerie, c’est pourquoi en décembre dernier nous avons lancé un plan de recapitalisation entre trois parties : des financements privés que nous sommes allés chercher et que nous avons trouvé, l’Etat et des banques. L’Etat nous était acquis, les entreprises aussi mais les banques ne nous ont pas suivies et par-là ont remis en cause tout le montage financier qui avait été fait.

JOL Press : Pourquoi les banques ne vous ont-elles pas suivies ?
 

Lisa-Marie Cap : Pour les banques, investir dans le secteur textile au XXI e siècle en France, ce n’est pas novateur. Pour elles, la filière textile n’a aucun avenir en France. Pourtant nous avons un carnet de commande bien rempli et nous avions une nouvelle collection en projet mais, comme toutes les jeunes entreprises, il nous faut du temps pour pouvoir arriver à un certain niveau de rentabilité.

JOL Press : Qu’allez-vous donc faire à présent ?

Lisa-Marie Cap : On attend de voir si une solution peut être trouvée avec l’Etat, mais je parle-là de solutions concrètes. On nous a fait pleins de promesses mais rien ne se passe. Ce que nous voulons absolument éviter c’est que le tribunal de commerce de Lyon prononce notre liquidation. Notre dossier de liquidation est déposé vendredi devant le tribunal. Cela ne nous laisse que très peu de temps. Si d’ici là personne ne nous vient en aide, nous irons en liquidation. Muriel Pernin, qui dirige notre société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) depuis plus d’un an, se bat tous les jours et multiplie les rendez-vous mais cela ne peut plus durer, on nous fait miroiter des choses que nous n’obtenons pas.

JOL Press : Qu’attendez-vous concrètement de l’Etat ?
 

Lisa-Marie Cap : Des dispositifs d’innovation ont été mis en place et une banque publique d’investissement a été créée pour venir en aide aux PME, nous attendons donc que ces dispositions prouvent leur efficacité. Nous avons un ministère du Redressement productif, nous espérons qu’il nous vienne en aide. Nous sommes une petite PME qui créé de l’emploi qui est en train de recréer une filière complète et nous ne sommes pas aidés. 32 emplois sont en jeu et nous sommes approchées par un grand nombre de jeunes créateurs qui n’ont pas d’atelier. Si notre entreprise est liquidée, ces créateurs seront obligés de faire fabriquer leurs produits en Asie ou en Tunisie. Pour encourager la production française, le gouvernement doit nous venir en aide.

JOL Press : Comment envisagez-vous votre reconversion si reconversion il doit y avoir ?
 

Lisa-Marie Cap : Le secteur textile est très sinistré, nous verrons donc au cas par cas. Muriel Pernin s’est engagée à aider son personnel à trouver des solutions en cas de liquidation, mais on ne sait pas trop comment tout cela va se mettre en place. Si rien n’est fait dans les jours qui arrivent l’entreprise sera liquidée. Pour nous venir en aide, c’est maintenant ou jamais.

Propos recueillis par Marine Tertrais pour JOL Press

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