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Municipales 2014: une défaite annonciatrice d’autres défaites pour François Hollande

Si les élections municipales sont désormais derrière nous, leurs effets devraient se faire ressentir durablement et il ne suffira pas à François Hollande de remanier son gouvernement, de changer de Premier ministre pour tourner la page…

Sur le terrain institutionnel, les victoires de la droite modérée – la conquête de 155 villes de plus de 9000 habitants – placeront de nouvelles équipes à la tête de ces municipalités mais aussi des intercommunalités alors que les pouvoirs de ces dernières se trouvent largement renforcés par la loi.

Une victoire peut en cacher une autre…

Et, au final, le bilan sera encore pire qu’il n’y paraît pour le pouvoir, les socialistes et la gauche. Dimanche soir, la majorité ne pouvait que se raccrocher aux branches que constituaient les victoires cache-misère à Lyon, Lille et Paris. Trois victoires, trois victoires à la Pyrrhus car si Gérard Collomb, Martine Aubry et Anne Hidalgo occuperont bien les bureaux cossus de ces hôtels de ville, les métropoles qui verront le jour bientôt – le 1er janvier 2015 à Lyon et Lille et le 1er janvier 2016 à Paris – sont promises à la droite.

La victoire du jeune député Gérald Darmanin à Tourcoing – une victoire qui paraissait très peu probable il n’y a encore que quelques semaines, comme l’avait montré un sondage CSA pour JOL Press révélant l’ampleur du retard que comptait alors l’UMP sur le maire sortant PS – et celle d’un autre UMP, Guillaume Delbar, à Roubaix devraient faire basculer à droite la communauté urbaine de Lille avant même qu’elle ne devienne métropole… et Martine Aubry, réfugiée dans son beffroi, verra son pouvoir fortement restreint.

A Paris, la victoire d’Anne Hidalgo cache une toute autre réalité… Avec les victoires UMP en chaine dans des territoires jusque-là fortement ancrés à gauche – comme à Villepinte, Bobigny ou Aulnay-sous-Bois dans le 9-3 – la métropole du Grand Paris bascule à droite. La droite pourrait compter sur 190 élus sur les 337 conseillers métropolitains et Nathalie Kosciusko-Morizet pourrait bien, d’ores et déjà, tenir sa revanche sur Anne Hidalgo et en décrocher la présidence… Voilà un de ces combats « pour Paris, pour la France » qu’évoquait NKM dimanche soir dans son discours.

Le Sénat promis à la droite

Autre effet domino de ces municipales, il y a fort à parier que le Sénat, conquis par la gauche en septembre 2011, repasse à droite lors des élections sénatoriales de septembre prochain. Si compliquera – ou, du moins, ralentira – les navettes législatives, c’est de la force du symbole dont la droite s’efforcera, à n’en pas douter, de tirer profit.

Le FN face à l’épreuve du pouvoir

Mais, le plus préoccupant reste bien la poussée du Front National et l’émergence d’un « frontisme municipal ». 2014 n’est pas 1995 et Marine Le Pen n’est pas Jean-Marie Le Pen. Bien qu’eux-mêmes battus les fidèles lieutenants que sont Florian Philippot et Louis Aliot veilleront, avec leur chef, à ce que les nouveaux maires FN fassent la démonstration de la capacité des cadres de ce mouvement à exercer le pouvoir., le pouvoir local en attendant mieux, ou pire plutôt.

Là où Vitrolles, Toulon, Marignane devaient être des poches de résistance – ou d’occupation –défiant le pouvoir national, Hénin-Beaumont, Fréjus, Béziers, le 7ème secteur de Marseille, Hayange, Villers-Cotterets ou Mantes-la-ville prétendent être des exemples de nouveaux savoir-faire.

D’ores et déjà, il est certain que le FN poursuivra son implantation locale à l’occasion des élections départementales et régionales de 2014. Certes, aujourd’hui, la probabilité de voir ce mouvement remporter des départements ou des régions paraît mince, mais à peine plus mince que les perspectives de victoire dans quinze villes aux municipales.

Le prochain « tsunami »   

Mais, c’est bien le 25 mai qu’est programmé le prochain « tsunami » qui pourrait profondément bouleverser le paysage politique national : qui peut désormais exclure que le Front National ne devienne le premier parti de France lors des prochaines élections européennes.

Dans l’absolu, cela n’aurait aucune incidence sur la conduite des affaires de la France – sauf si s’inscrivant dans un phénomène continental la poussée populiste privait le Parlement européen de majorité stable, capable, notamment, de s’entendre sur le nom du successeur de José Manuel Barroso à la tête de la Commission.  

En réalité, cela pourrait être le signal d’une profonde recomposition du paysage politique.

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