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Municipales à Toulouse: une droite conquérante, un FN hors-jeu

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Selon un sondage Ipsos Public Affairs Steria pour La Dépêche du Midi, France 3 Midi-Pyrénées et France Bleu Toulouse, publié fin février sur les intentions de participation et de vote à Toulouse, au soir du 2e tour, le maire PS sortant Pierre Cohen l’emporterait avec 51% des voix contre l’UMP Jean-Luc Moudenc qui totaliserait 49% des voix. Mais à quelques jours des élections, les cartes semblent être rebattues. Rien ne semble joué dans la Ville rose…

JOL Press : Quelles sont les enjeux de cette campagne à Toulouse ?

Vincent Dusseaux : Les enjeux vont certainement tourner autour du bilan du maire, Pierre Cohen, de l’emploi ou encore des transports. On peut aussi penser qu’après l’affaire Merah, la question de la sécurité préoccupe particulièrement les Toulousains. Or selon notre enquête, 61% des Toulousains interrogés semblent plutôt satisfaits ou très satisfaits par le travail de Pierre Cohen. C’est certes une majorité mais c’est un peu inférieur à ce qu’on observe d’une façon générale sur ce type de commune, puisque, sur nos standards actuels, on est plutôt autour de 70% de satisfaits. Le bilan est globalement positif mais n’emporte pas l’enthousiasme de l’ensemble des habitants.

On sait que sur l’ensemble des Français, les préoccupations sont très clairement focalisées sur les questions économiques à l’instar de l’emploi, le pouvoir d’achat ou encore les impôts. Toulouse ne semble pas faire exception.

JOL Press : Quelles sont les probabilités que Toulouse rebascule à droite ?

Vincent Dusseaux : Notre sondage a été réalisé il y a déjà un mois et les choses évoluent très vite, en particulier en période de campagne. Fin février, pour nous, rien n’était encore joué à Toulouse. Le rapport droite-gauche, au 1er tour, était assez équilibré et favorable à la gauche. Le second tour donnait 51% à Pierre Cohen (PS-PCF-PRG-EELV) et 49% à Jean-Luc Moudenc (UMP-UDI-Modem). Mais ce léger avantage au maire sortant est complètement dans les marges d’erreur et en réalité la situation est très ouverte à Toulouse. En 2008, l’élection s’est jouée à 1200 voix d’écart, aujourd’hui c’est un peu le « match retour » et le contexte politique national va certainement jouer de manière assez forte.

Dans le sondage, on voit un électorat de droite beaucoup plus mobilisé et déterminé que l’électorat de gauche et on peut entrevoir que va se jouer à Toulouse la fameuse abstention des déçus de la majorité actuelle dont on parle actuellement. 87% des Toulousains qui envisagent de voter pour Jean-Luc Moudenc sont sûrs de leur choix, en revanche 66% des sympathisants de gauche se déclarent certains de voter pour Pierre Cohen. Les sympathisants de droite ont l’air en ordre de bataille et c’est peut-être ce qui pourrait rendre un basculement envisageable.  

JOL Press : La liste FN conduite par Serge Laroze ne remporte que 6% des voix. Comment expliquer soit si peu populaire à Toulouse ?

Vincent Dusseaux : Le FN n’a jamais réalisé de très bons scores à Toulouse. Marine Le Pen a fait 10%, à Toulouse, à l’élection présidentielle de 2012, c’est très en dessous de son score national. Jean-Marie Le Pen avait obtenu 6,80% des voix en 2007. Par ailleurs, le FN n’était pas présent aux élections municipales de 2008 et en 2001, il y avait deux listes à la droite de la droite : Jean-Pascal Serbera (MNR) avait obtenu 2,65% et Serge Laroze (Front National) 4,03%. Le constat est donc sans appel : le FN ne parvient pas à séduire les électeurs de Toulouse.

Les attentats de  Mohamed Merah qui ont traumatisé la population auraient pu alimenter la peur des Toulousains et Marine Le Pen a bien tenté de récupérer l’affaire mais force est de constater que ce discours n’a pas trouvé d’écho au sein de l’électorat.

JOL Press : Quelle est l’importance des enjeux nationaux dans cette campagne ?

Vincent Dusseaux : Oui et c’est probablement ce qui explique la différence de détermination entre les sympathisants de droite et ceux de gauche : selon notre sondage, 71% des proches de l’UMP manifestent leur intention d’aller voter contre 63% des sympathisants socialistes. A Toulouse, comme dans un certain nombre de grandes villes françaises, le climat national va très certainement peser sur l’élection. C’est pour cette raison que l’élection reste très ouverte. Ce phénomène s’observe dans un certain nombre de villes mais Toulouse est un peu un cas d’école

A la différence de 2008, par ailleurs, la gauche part, cette année, en ordre dispersé : se présente à gauche la liste Lutte-Ouvrière, conduite par Sandra Torremocha, La liste conduite par Ahmed Chouki, soutenue par le NPA, la liste Parti de Gauche, conduite par Jean-Christophe Sellin, la liste Divers Gauche, conduite par Jean-Pierre Plancade, la liste d’Europe-Ecologie-Les Verts, conduite par Antoine Maurice et la liste PS-PCF-PRG conduite par Pierre Cohen.

Propos recueillis par Marine Tertrais pour JOL Press 

Echantillon représentatif de 602 personnes âgées de 18 ans et plus, inscrites sur les listes électorales à Toulouse, constitué selon la méthode des quotas. Échantillon interrogé par téléphone. Méthode des quotas : sexe, âge, profession de la personne interrogée et canton. Les intentions de vote ont été calculées sur la base des personnes certaines d’aller voter, du 21 au 22 février 2014.

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