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Nathalie Kosciusko-Morizet: entre ambition et convictions

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Si Nathalie Kosciusko-Morizet est arrivée en tête du premier tour des élections municipales à Paris, devant Anne Hidalgo, ses listes ont été distancées dans deux arrondissements clés pour l’issue du scrutin le 30 mars, les XIIe et XIVe. Rien n’est donc joué à Paris. On la disait battue d’avance, NKM a su, une nouvelle fois, montrer sa détermination et sa combativité. Le « peuple de Paris », « libre et rebelle », a « fait mentir tous les pronostics », s’est-elle félicitée au soir du 1er tour. Et si Paris lui échappait ? Nathalie Kosciusko-Morizet a toujours su rebondir. Des bancs de Polytechnique à la table du Conseil des ministres, de la Chiraquie à la Sarkozie, de la mairie de Longjumeau à l’Hôtel de Ville de Paris, rien ne semble pouvoir l’arrêter.

Jeune génération pleine d’ambition

Les non-alignés, c’est ainsi que se sont fait appeler NKM et Bruno Le Maire pendant les élections à la présidence de l’UMP. Tous deux n’ayant pas réussi à réunir les 7924 parrainages nécessaires à toute candidature, ont décidé de ne pas prendre part dans le conflit qui a opposé pendant de nombreuses semaines Jean-François Copé et François Fillon. Cette position aura certainement été bénéfique pour l’image de NKM et c’est donc très naturellement qu’elle a souhaité se lancer dans la bataille des municipales.

Plusieurs signes avaient déjà annoncé cette décision. La dernière est certainement son abstention à l’Assemblée lors du vote du texte sur le « mariage pour tous ». « Le mariage de personnes de même sexe viendra organiser, dans le droit, un engagement réciproque à fonder une union juridique respectable. Nous pourrions le voter », a-t-elle expliqué dans une tribune parue sur Le Huffington Post. Mais « l’adoption plénière, autorisée par le texte, nous engage sur une voie qui n’est ni nécessaire ni raisonnable. »

Conviction ou stratégie politique ? Quelque semaines plus tôt Roselyne Bachelot avaiot déclaré : « Je ne sais pas ce que va voter Nathalie Kosciusko-Morizet, mais elle ferait bien de matriculer ses abattis si elle veut être candidate » à la mairie de Paris. « Etre gay-friendly, ce n’est pas une condition suffisante, mais c’est une condition nécessaire ! »

Portée par une famille brillante

Mais d’où vien NKM ? Force est de constater que les bonnes fées se sont penchées sur son berceau quand elle était petite. Nathalie Kosciusko-Morizet est née le 12 mai 1974 à Paris, d’un père polytechnicien et d’une mère professeure de physique quantique. Son grand-père, Jacques Kosciusko-Morizet était quant à lui normalien, proche de Léon Blum et ambassadeur de France aux Etats-Unis et son arrière-grand-père, André Morizet a été l’un des membres fondateurs du PCF et de l’Humanité mais aussi sénateur-maire de Boulogne.

Et comme si de telles ascendances n’étaient pas suffisantes, il a fallu que cette enfant douée d’une intelligence remarquée soit aussi la descendante de Tadeusz Kosciusko, un Polonais qui participa à la guerre d’Indépendance américaine aux côtés de Washington, avant de libérer la Pologne de la Russie en 1794. Partagent avec elle ce bel héritage intellectuel, une grande sœur devenue ingénieur agronome, un frère fondateur de PriceMinister et un autre frère chimiste, décédé en 2012.

Parcours d’études sans faute

Portée par cet univers familial très stimulant, Nathalie Kosciusko-Morizet est passée par les meilleures écoles : Dupanloup, prépa à Louis-le-Grand, Polytechnique… Même à l’école, il n’était pas question de ne pas être dans les premières. A l’X elle choisit de prendre biologie en spécialité, ce qui la conduira à choisir les Eaux et Forêts comme école d’application. Pour son service militaire, elle choisira la Marine à Djibouti.

En 1997, elle intègre la direction de la prévision au ministère de l’Économie en tant qu’agent contractuel pour travailler sur les questions environnementales, puis elle part chez Alstom. Elle rédige une note, en mars 2000, intitulée « Pour une nouvelle politique de l’environnement ». C’est ainsi qu’elle se fera repérer par Jacques Chirac qui l’introduit au RPR pour qu’elle s’occupe de ces questions. Sa vie politique peut commencer.

Premiers pas en politique et affirmation d’une ambition

Lors des élections législatives de 2002, dans l’Essonne, elle est la suppléante de Pierre-André Wiltzer. Celui-ci est nommé ministre de la coopération et elle devient députée à l’âge de 28 ans. Son mandat sera marqué par sa défense du projet de Chartre sur l’environnement proposé par Jacques Chirac. Pendant la campagne de 2007, elle soutient Nicolas Sarkozy et sera élue maire de Longjumeau en mars. Aux législatives de la même année, elle obtient 46, 97% des voix au premier tour.

Après son élection, le nouveau président la nomme secrétaire d’Etat à l’Ecologie, au côté de Jean-Louis Borloo. Puis en 2009, elle devient secrétaire d’État chargée de la Prospective et du développement de l’économie numérique. En 2010, elle choisit d’être tête de liste UMP dans l’Essonne pour les élections régionales, en Île-de-France. Elle y est élue. Mais, huit mois plus tard, elle démissionne pour devenir ministre de l’Ecologie, du développement durable, des transports et du logement.

Une porte-parole de Nicolas Sarkozy engagée

En février 2012, Nicolas Sarkozy choisit Nathalie Kosciusko-Morizet pour être sa porte-parole pour la campagne présidentielle. Et ce choix n’arrive pas par hasard : NKM est reconnue de tous ses collaborateurs pour être une travailleuse, certes un peu autoritaire et pédante, mais elle connait par cœur ses dossiers et semble appréciée du grand public. Elle est alors le membre du gouvernement le plus suivi sur Twitter.

On lui reconnaît aussi son style et ses prises de positions. Quand en 2011, après le premier tour des cantonales, le FN enregistre de très bons score, NKM s’oppose à la politique de Jean-François Copé qui refusait la création d’un front républicain, en publiant Le Front antinational et en exhortant les électeurs UMP à voter PS. L’échec de Nicolas Sarkozy ne l’a pas affaiblie, bien au contraire, sa rage de vaincre est encore plus forte.

Penserait-elle à la présidence de la République ? « Je le souhaite pour la France. Elle en a la capacité intellectuelle mais surtout, elle a des valeurs », estime Marie-Claire Daveu, ancienne camarade des Eaux et Forêts, amie et directrice de cabinet de NKM, dans Challenges. Si la Mairie de Paris lui échappe, tout indique qu’elle saura rebondir…

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