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Obama au Vatican: le poids de l’électorat catholique aux États-Unis

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JOL Press : Que représentent les catholiques dans la société américaine ?
 

Frédéric Robert : Avec environ 70 millions d’Américains professant cette foi (24% de la population), les Etats-Unis sont le quatrième plus grand pays catholique après le Brésil, le Mexique et les Philippines. De plus, les Etats-Unis ont le nombre le plus élevé de prêtres au monde (46 500) après l’Italie (51 300) ; soit 12,5% des prêtres au niveau mondial, alors que les catholiques américains ne représentent que 6,8% des catholiques sur la planète.

L’Eglise catholique gère directement ou indirectement 5 600 écoles élémentaires, 1 200 écoles secondaires et 244 établissements d’enseignement supérieur, soit 3,5 millions d’élèves et d’étudiants, et plus de 200 000 enseignants. Il s’agit donc d’une communauté à prendre en compte, même si l’Eglise catholique est seule face aux 217 dénominations et aux 35 000 «non denominational» groupes ou Eglises protestantes ou orthodoxes.

JOL Press : Quel est le poids électoral de cette population ?
 

Frédéric Robert : Aux Etats-Unis, environ 25 millions de catholiques sont inscrits sur les listes électorales, soit 24% des électeurs au niveau national. Cet électorat occupe donc une place importante. Il s’agit d’un public à conquérir, ce que les Américains appellent «swing vote» : un vote qui peut basculer d’un côté comme de l’autre.

JOL Press : On ne sait donc pas pour qui votent les catholiques américains ?
 

Frédéric Robert : De manière générale, on pourrait penser que le vote catholique ne se retrouve pas dans le programme du Parti démocrate, dans la mesure où de nombreux démocrates sont favorables à l’avortement et au mariage homosexuel, aux antipodes des principes catholiques. En novembre 2004, 52% de cet électorat a voté pour George W. Bush, pourcentage supérieur d’un point à la moyenne nationale.

En 2008, Barack Obama a été élu avec le soutien d’environ 53% des votes catholiques. Quelques mois avant l’élection présidentielle, le soutien des électeurs catholiques à Obama était compris entre 45% et 53% ; et les catholiques blancs représentaient entre 37% et 45% des personnes susceptibles de voter pour lui (chiffres du Pew Research Center).

En 2005, lors des obsèques de Jean-Paul II, le président George W. Bush, ainsi que les anciens présidents Bush et Clinton, se sont rendus à Rome pour la cérémonie. La présence des démocrates et des républicains n’était pas anodine et pouvait être perçue comme un appel du pied en direction de la communauté catholique américaine.

JOL Press : Que représentent les catholiques dans la vie politique américaine ?
 

Frédéric Robert : Depuis 2009, près de la moitié de l’administration Obama est catholique (8 personnes sur 18). Jusqu’aux élections de mi-mandat, les Etats-Unis comptaient quatre présidents de commission catholiques au Sénat (dont les Affaires étrangères et l’Education) et cinq à la Chambre des représentants (dont la Sécurité sociale et l’Education).

Par ailleurs, le Congrès est contrôlé par deux catholiques : le démocrate Joe Biden, vice-président et premier catholique désigné à ce poste, à la tête du Sénat ; et le républicain John Boehner, «speaker», président de la Chambre des représentants. A noter, que l’ancienne «speaker», la démocrate Nancy Pilosi était aussi catholique.

Sarah Palin, candidate républicaine à la vice-présidence en 2008, est catholique ; elle appartient à la droite religieuse ultra-conservatrice. En outre, Sonia Sotomayor, première juge nommée par Obama à la Cour suprême, est catholique. Au cours de son histoire, la juridiction suprême a connu 11 juges catholiques (sur 108 juges en tout), dont six actuellement en poste.

Par rapport à la population dans son ensemble et au nombre de protestants, les hommes et femmes politiques catholiques sont sous-représentés, mais ils prennent de plus en plus d’importance au fil des années pour des raisons stratégiques évidentes.

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Frédéric Robert est maître de conférences en civilisation américaine à la faculté des langues de l’Université Jean Moulin (Lyon III).

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